Sexe intentions
Le 5 mars 2013
Avec ce premier long-métrage, Ben Lewin met en image avec grâce et subtilité l’envolée amoureuse d’un poète paralysé. Un coup d’essai original et touchant enrayé par l’académisme de la forme.
- Réalisateur : Ben Lewin
- Acteurs : Helen Hunt, William H. Macy, John Hawkes, Adam Arkin, Rhea Perlman
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h35mn
- Date de sortie : 6 mars 2013
- Plus d'informations : http://www.foxsearchlight.com/these...
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Avec ce premier long-métrage, Ben Lewin met en image avec grâce et subtilité l’envolée amoureuse d’un poète paralysé. Un coup d’essai original et touchant enrayé par l’académisme de la forme.
L’argument : Mark fait paraître une petite annonce : "Homme, 38 ans, cherche femme pour relation amoureuse, et plus si affinités. En revanche paralysé… Amatrices de promenade sur la plage s’abstenir...". L’histoire vraie et bouleversante d’un homme que la vie a privé de tout, et de sa rencontre avec une thérapeute qui va lui permettre d’aimer, "comme tout le monde".
Notre avis : Associer sexe et handicap est, dans notre société, plus qu’antinomique, un profond tabou. Avec The Sessions, Ben Lewin ose et prend le pari de mener le récit à l’horizontal, via le regard de Mark, quadra paraplégique. Loin d’ankyloser le récit, cette immersion aux côtés d’un héros inerte permet une re-focalisation : ici, la parole remplace le geste. Et alors que le cinéaste aurait pu sombrer dans le misérabilisme, il réussit à briser la noirceur du sujet et traite la paralysie avec sobriété et humour.
Tiré de la véritable histoire de Mark O’Brien et de son article ’’On seeing a sex surogate’’, The Sessions est un mélange de poésie, de tristesse et d’acidité. Lancé à quatres roues sur les traces de l’amour, Mark, éternel rêveur, s’échoue imanquablement face à la réalité. D’un lyrisme fin et subtil, The Sessions n’en oublie pas moins le réalisme et s’attelle à rettranscrire les difficultés d’un quotidien handicapé. Emprisonné dans son corps, Mark ne peut rien contre l’amour qui s’enfuie à toutes jambes. Seul lui reste les mots, griffonnés à coup de crayon pris entre deux lèvres. Par trois fois Mark succombe et par trois fois il est aimé ’’comme tout le monde’’. Jusqu’au retour sur terre.
Estampillé film indie américain, The Sessions a l’ingrédient en plus, celui qui singularise et enchante : la retenue. Alors que la tendance verse dans l’émotion outrancière, Ben Lewin cadre frontalement les corps, sans ombres, sans angles morts et sans fausse pudeur. A l’image, les nudités s’affrontent brusquement et les personnalités se rencontrent doucement. Un décalage de rythme émouvant, pour les amants comme pour le spectateur.
D’abord clinique, les faces à faces de Mark (John Hawkes) et de sa thérapeute sexuelle, Cherryl (Helen Hunt), s’approfondissent et se privatisent de semaine en semaine. Au contact de Cherryl, Mark s’épanouit et prend confiance, délaissant sa bouteille d’oxygène et inspirant la vie à grandes bouffées. Touchée par Mark, Cherryl laisse progressivement tomber sa blouse et s’investit dans cette histoire atypique et risquée. Un peu trop... Porté une poésie plastique, une originalité de ton et une justesse de jeu The Sessions perce à jour les tabous de nos sociétés. Un propos osé et corrosif qui aurait gagné à plus trancher dans le vif, quitte à choquer pour augmenter sa force de frappe. Heureusement pour le cinéaste, le casting rehausse la prudence du point de vue. D’une naïveté et d’une drôlerie sans pareille, John Hawkes, précédemment remarqué pour ses prestations dans Winter’s Bones et Martha Marcy Gray brille de délicatesse. A la différence d’Helen Hunt dont la dynamique de jeu et l’expression faciale frisent l’encéphalogramme plat.
Mais la surprise du chef dans The Sessions, c’est la performance de William H Macy, excellant dans son rôle de prêtre-ami ; il allie conseils sexuels et sagesse religieuse, frustration intérieure et bénédiction épicurienne ! Un mélange détonnant qui allège et dédramatise la vision du handicap. Avec The Sessions, Ben Lewin use de la comédie pour démonter l’arrière-plan d’une société américaine sexuellement inadaptée. Une tentative plutôt réussie qui pâtit toutefois d’une construction dramatique assez plate, d’une impertinence peu poussée et d’une mise en scène sans réelle surprise à la lourdeur scolaire. Au final, The Sessions tisse son humanisme en toute simplicité et parvient à nous émouvoir.
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