Le 4 juin 2013
Si nous savions qu’il pouvait sauver des vies et des entrecôtes, Ariel Vromen nous apprend que le respect de la chaîne du froid peut également être fatal aux thrillers d’entrée de gamme.
- Réalisateur : Ariel Vromen
- Acteurs : Ray Liotta, Winona Ryder, Michael Shannon, David Schwimmer
- Genre : Thriller
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h45min
- Titre original : The Iceman
- Date de sortie : 5 juin 2013
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Si nous savions qu’il pouvait sauver des vies et des entrecôtes, Ariel Vromen nous apprend que le respect de la chaîne du froid peut également être fatal aux thrillers d’entrée de gamme.
L’argument : Tiré de faits réels, voici l’histoire de Richard Kuklinski, surnommé « The Iceman », un tueur à gages qui fut condamné pour une centaine de meurtres commandités par différentes organisations criminelles new-yorkaises. Menant une double vie pendant plus de vingt ans, ce pur modèle du rêve américain vivait auprès de sa superbe femme, Deborah Pellicotti, et de leurs enfants, tout en étant secrètement un redoutable tueur professionnel.
Lorsqu’il fut finalement arrêté par les fédéraux en 1986, ni sa femme, ni ses filles, ni ses proches ne s’étaient douté un seul instant qu’il était un assassin. Pourquoi l’est-il devenu, et comment a-t-il réussi à continuer pendant si longtemps ?
Notre avis : Parce qu’il pouvait tout a fait, en l’espace de quelques heures, loger deux balles dans la tête d’un client matinal et 150 grammes de benco dans le bol de ses enfants sans être agacé par sa conscience, Richard Kuklinski a triomphé des paradoxes jusqu’en 1986, et su accéder, par le biais d’un livre, d’un couple de documentaires HBO et désormais d’un long-métrage, à une notoriété après laquelle des milliers d’honnêtes socialites courent encore, au péril de nos plus beaux parquets.
Déjà bien couverte hors-fiction donc, et même solidement narrée par ses soins dans The Iceman Tapes : Conversations With A Killer, la vie du Mister Freeze des assassinats rémunérés méritait donc tout sauf un biopic criminel classique, au risque de rester systématiquement un ton en-dessous de la sidération suscitée par le véritable animal, ou de trahir ses envies de racolage facile à grands coups de tampons « histoire vraie » et de castings magnétiques. Soit une série de pièges dans lesquels Vromen et ses producteurs tombent sciemment, sans aucune espèce de scrupule, enchaînant les différents épisodes biographiques avec une linéarité quasi-ferroviaire, multipliant les proverbiales séquences sous-scorsesiennes (scènes de recrutement et d’apprentissage du job, dilemmes mafieux, conflits entre la logique de la pègre et la structure familiale), échouant à pénétrer la psyché polaire de Kuklinski ou suggérer ses failles autrement que par une série de débordements ménagers, et jouant même la carte du name-dropping décoratif, en faisant apparaître le nom de James Franco sur l’affiche d’un objet à qui le hipster de charme ne rend pourtant qu’une visite de politesse.
Contaminé par son sujet, et donc froid comme la mort que Richard sème aux vents les plus rentables, incapable de questionner par le scénario sa propre fascination pour le monstre, ou même de produire la moindre idée de mise en scène susceptible de sonder l’iceberg, The Iceman se jette dans les bras monumentaux de Michael Shannon pour sauver l’honneur. Toujours aussi puissant en trois inflexions de sourcil, le monolithe préféré de Jeff Nichols joue ici les arômes de synthèse - ceux-là mêmes qui font passer le goût des cachets les plus innommables – et parvient même à nous détacher le regard de la fascinante moustache arborée par David Schwimmer, dernier recours pileux employé en vain par l’ex-prof de Friends pour nous rappeler qu’il n’est plus Ross Geller. Saluons le geste comique et la démarche, étrangement contraire à celle de Ray Liotta, qui cherche lui à nous montrer qu’il jouera pour l’éternité le rôle de Ray Liotta. Et puis, finalement, cette petite comédie intertextuelle et involontaire qui louvoie gaiement entre deux meurtres jamais sordides demeure peut-être la meilleure arme d’un film tristement fonctionnel, certainement pas assez malhonnête ou malveillant pour nous éviter une temporaire mais néanmoins agaçante cryonie du bulbe.
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