Le bel âge ingrat
Le 10 août 2012
La preuve que le cinéma indie aura toujours des choses à dire, même sur des sujets traités un million de fois. Une réussite discrète. A découvrir.
- Réalisateur : Azazel Jacobs
- Acteurs : John C. Reilly, Jacob Wysocki, Bridger Zadina
- Genre : Drame, Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h 45mn
- Titre original : Terri
- Date de sortie : 8 août 2012
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La preuve que le cinéma indie aura toujours des choses à dire, même sur des sujets traités un million de fois. Une réussite discrète. A découvrir.
L’argument : Terri vit dans une petite ville des États-Unis où il est difficile d’être différent. Abandonné par ses parents, il est confié à son oncle James, un homme souffrant qui a bien plus besoin de l’aide du garçon que Terri de la sienne. Sensible, maladroit et en surpoids, Terri a pour particularité de se rendre en cours en pyjama. Prenant conscience de façon douloureuse que sa situation l’exclut irrémédiablement du cercle fermé de la vie du lycée, il se résigne à son statut d’étranger. Aussi est-il surpris lorsque le proviseur adjoint aux méthodes peu conventionnelles, M. Fitzgerald, s’intéresse à son cas. Grâce à lui, Terri va tisser une relation inattendue et imparfaite avec deux autres élèves marginaux exclus de l’impitoyable système scolaire : Chad, un solitaire à fleur de peau révolté et angoissé et, Heather, une fille sexuellement précoce, prise au piège de sa propre beauté.
Notre avis : Le cinéma d’Azazel Jacobs a le vent en poupe à Deauville ! Après Momma’s Man en 2008, c’est le tour de Terri d’y être présenté en compétition officielle lors du Festival du Cinéma Américain. Et s’il est une chose propre aux réalisateurs outre-Atlantique, c’est leur prédilection pour le genre du teen-movie. Drôles parfois (Cry baby, Lolita malgré moi), vulgaires souvent (American Pie, Scary movie), les films pour adolescents et sur ceux-ci mettent en général l’accent sur la vie quotidienne, dans ses aspects les plus triviaux. Et de temps à autre, le cinéma indépendant offre à son public l’occasion de découvrir cette même existence sous une lumière nouvelle.
Sur le papier, Terri à tout du long-métrage convenu et sans envergure. Une jeune fille blonde un peu trop jolie, un jeune garçon à l’équilibre psychologique instable, un proviseur obligeant… Mais à l’écran, la magie opère. Dire que Terri est un film empli de clichés reviendrait à dire que l’existence même en est pleine. C’est un fait, cela ne rend pas ces situations moins authentiques ou légitimes. D’autant plus lorsqu’elles concernent la souffrance d’autrui.
Comment ne pas être ému par la tristesse de Terri, adolescent obèse, méprisé et diminué par l’ensemble de ses camarades ? Mais si le mal-être de ce jeune homme est des plus pénibles, c’est parce qu’il apparaît résigné. A lui-même, à la bêtise des autres, à cette vie sans bonheur et pleine d’entraves absurdes. Le personnage de M. Fitzgerald, incarné par John C. Reilly, est d’une justesse sans pareille. Ce dernier accorde l’importance qu’il peut aux problèmes de ses étudiants, sans pour autant s’investir outre-mesure. Parce qu’il ne le peut pas, parce qu’il ne veut pas peut-être. Parce que la vie est ainsi faite. Et Terri d’accorder une reconnaissance infinie à cet adulte, tout simplement parce que l’affection lui est une notion presque inconnue. C’est par ailleurs le plus déséquilibré de tous les adolescents du lycée qui se révèle être le plus gentil avec Terri. Comment pourrait-ce être plus évocateur ?
Douce critique d’une Amérique hypocrite et puritaine, où la découverte de la sexualité est une abomination (surtout pour les jeunes filles, il va de soi), où la différence est une tare et où les venimeuses railleries prévalent sur l’honnêteté des sentiments, Terri attendri. Le mal-être adolescent est un thème qui n’a rien de nouveau. Traité maintes et maintes fois, il continuera cependant de l’être. Jusqu’à ce que cela change ou tout du moins jusqu’à ce qu’il soit compris. Par les adolescents, comme par les adultes.
Et en sortant de la séance, on ne peut que garder le souvenir de cet adolescent obèse, au sourire las et douloureux, qui affronte les vicissitudes de l’existence les bras ballants.
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