La machine à démonter le temps
Le 2 décembre 2023
Proto-blockbuster anticapitaliste par excellence, Terminator 2 n’a - deux décennies plus tard - toujours pas à rougir face à la concurrence. Petite révolution du cinéma contemporain de science-fiction, le film culte de Cameron semble encore avoir de beaux jours devant lui…
- Réalisateur : James Cameron
- Acteurs : Arnold Schwarzenegger, Edward Furlong , Xander Berkeley, Robert Patrick, Joe Morton, Linda Hamilton, DeVaughn Nixon, Earl Boen, Terrence Evans
- Genre : Science-fiction, Action, Thriller
- Nationalité : Américain, Français
- Distributeur : Gaumont Columbia Tristar Films
- Durée : 2h17mn
- Date télé : 18 septembre 2024 23:06
- Chaîne : C8
- Reprise: 14 septembre 2017
- Box-office : 6 118 250 entrées France / 1.210.175 entrées P.P.
- Titre original : Terminator 2: Judgment Day
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 16 octobre 1991
Résumé : En 2029, après leur échec pour éliminer Sarah Connor, les robots de Skynet programment un nouveau Terminator, le T-1000, pour retourner dans le passé et éliminer son fils John Connor, futur leader de la résistance humaine. Ce dernier programme un autre cyborg, le T-800, et l’envoie également en 1995, pour le protéger. Une seule question déterminera le sort de l’humanité : laquelle des deux machines trouvera John la première ?
Critique : Sans doute Terminator 2 apparaît-il aujourd’hui plus que jamais comme l’une des pierres angulaires du cinéma moderne de science fiction, et de façon plus générale de la culture populaire. Même plus de deux décennies après sa sortie, celui-ci réunit toujours avec autant de brio les archétypes du film intelligent à gros bras (102 millions de dollars tout de même à l’époque). Il serait fastidieux et désormais superflu d’expliquer le pourquoi d’un tel culte. Il ne fait évidemment aucun doute que sa dimension générationnelle, quelque part entre la désuétude des années 1980 et la superbe ringardise de la décennie 1990, y est pour quelque chose. Les Gun’s n Roses à fond les manettes, les insultes à gogo comme acte de sédition… il y avait définitivement quelque chose de cool pour l’adolescent en quête de rébellion d’alors. Un horizon des possibles en marge du monde réel, aussi limité soit-il.
- © Carolco Pictures / StudioCanal
De même, Schwarzy alors au faîte de sa gloire, effectuait ici un retour plus qu’attendu. Mais c’est surtout la dimension technologique – véritable marotte chez James Cameron – qui retint le souffle de nombreux spectateurs. À l’époque, les effets spéciaux représentaient depuis longtemps l’une des spécialités du cinéaste, auteur quelques années plus tôt d’Aliens, le retour et surtout Abyss. Mais le début des années 1990 signait l’avènement au cinéma de nouveaux effets numériques. Dans le sillage du clip Black or White de John Landis, Cameron utilisa le morphing informatique pour les besoins de son T-1000 – évolution en acier liquide de l’antique T-800. Une petite révolution qui à la fois imposait de nouveaux standards, tout en rendant possible de splendides effets gore et même quelques belles idées de mise en scène. En cela, aussi faut-il rappeler que les évolutions technologiques n’ont jamais fait qu’accompagner et porter avec maestria les films du cinéaste, plutôt que de s’y substituer. Est-il besoin, pour le reste, d’affirmer que la mise en scène de la technologie chez Cameron n’a toujours servi qu’à dénoncer le leurre des progrès techniques ?
- © Carolco Pictures / StudioCanal
Mettons de côté tout le génie de Cameron s’agissant de la représentation de cet univers, qu’il s’agisse aussi bien des humains et de leur morne existence (où le T-800 vaut mieux dans le fond qu’un père !), et l’envers des robots et leur monde post-atomique sophistiqué. Passons outre la fascination qu’exerce Terminator 2 – avec Retour vers le futur notamment – en matière de voyages temporels pour se concentrer sur le vecteur principal choisi délibérément par James Cameron. À l’instar d’un George Miller, dont l’influence est ici indéniable, l’essence de l’œuvre réside avant tout dans la course-poursuite. D’un bout à l’autre du film, plusieurs grosses séquences très Mad Max se font l’apanage de la destruction. Pour la petite anecdote, l’impressionnante scène du poids lourd fut d’ailleurs longtemps considérée comme la plus coûteuse de l’histoire du cinéma, avant d’être détrônée par celle de… Terminator 3. Mais là réside certainement tout le paradoxe du cinéma de James Cameron, cristallisé dans Terminator 2 – une extravagance somme toute très contemporaine. Comment celui à l’origine des films les plus chers de l’histoire du cinéma, cinéaste de tous les records, peut-il à la fois réunir de tels budgets et générer des bénéfices aussi colossaux tout en taillant en pièces avec un tel discernement le capitalisme à travers ses œuvres ? Car si une telle rhétorique pourra dorénavant sembler surannée, après la déferlante Matrix, Snowpiercer, le Transperceneige ou encore la quadrilogie Hunger Games, l’un des premiers à s’en être servi avec rigueur se nommait bel et bien James Cameron. Sans rentrer dans les détails, que nous disent des films comme Terminator, Abyss, Titanic, Avatar – voire même Piranha 2 – sinon que l’ambition démesurée de l’être humain, trop occupé à vouloir devenir l’égal de Dieu, ne nous mène qu’à notre perte ? Inutile de refaire les films : Terminator la joue à la George Orwell et pointe une collusion entre gouvernement et nucléaire, Abyss et Avatar sont des fables écolos. Tandis que Titanic - l’eau chez Cameron, autre grande obsession - affirme que la seule vraie beauté n’est pas cette grosse coque de métal révélatrice de problèmes freudiens, mais bien les regards sur le monde des Picasso, Degas et autres Monet, qui eux célèbrent l’univers au lieu de le surpasser vainement. Que l’on se souvienne à quel point le réalisateur insiste sur ces tableaux au fil des plans.
- © Carolco Pictures / StudioCanal
C’est la raison pour laquelle Terminator 2, avec le recul, résonne dorénavant avec autant d’intensité. Parce que la filmographie de Cameron file une métaphore à la cohérence absolue. Et ce d’autant qu’aucun épisode n’est jamais parvenu par la suite à en effleurer la virtuosité. Certes, réaliser des films mettant en scène des valeurs de gauche avec des budgets titanesques est entre-temps devenu monnaie courante, même à Hollywood. À noter que la scène la plus explosive de Terminator 2 se déroule à Los Angeles - ce qui ne tient pas du hasard. Mais ce film incontournable peut à ce titre être considéré comme l’une des grandes matrices du blockbuster anticapitaliste. Reste maintenant à savoir si James Cameron n’a pas cherché hypocritement depuis le début à instrumentaliser cette idéologie populaire à des fins commerciales. Mais ceci est une autre histoire…
- © Carolco Pictures / Columbia TriStar
- © Carolco Pictures / StudioCanal
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birulune 17 janvier 2018
Terminator 2 : le Jugement Dernier - la critique du film
En effet, un petit délinquant, des tuteurs démissionnaires et la maman chez les foldingues, on a le must en matière de famille dysfonctionnelle. Même la famille hispanique ( siempre como colebra) se fout pas mal de la loi, amusée d’accueillir chaudement la femme la plus recherchée d’Amérique.
Le tueur monomaniaque, le T-1000,et le tueur protecteur, le T-800, forment une dualité quasi parfaite:les auteurs de Le Cinéma des Années Reagan ( oeuvre dirigé par Delcombe-Malplomb) en livrent une analyse intéressante:la figure christique de John Connor est au centre d’une guerre entre le bien et le mal totalitaire et mondiale.
On touche au divin.
Les intentions le sont moins.
A retenir:la scène d’holocauste particulièrement pénible issue d’un cauchemar de Sarah Connor. La 3ème guerre y est prégnante, elle prend les gens au dépourvu, elle est quasi inévitable et elle ne laisse rien derrière elle sinon de la poussière et un squelette scotché a une barrière grillagée. En bon Cassandre, Sarah ne peut prévenir les futures victimes et brûle avec eux.
No fate.
Suit la partie la plus intelligente du film où les traqués deviennent acteurs de leur destin et décident d’agir en conséquence.
Le plus improbable reste que le cyborg aide les humains en éliminant le facteur premier de l’équation:il est la guerre, en tant que machine de guerre absolue, alors de le voir se livrer corps et âme ( enfin circuits lol) a cette quête nous surprend a plus d’un titre:il s’humanise au contact des humains qu’il est censé, a la base, tuer et éradiquer.
C’est le mercenaire total. Américanisable a souhait ( suffit de le reprogrammer et le tour est joué)
Ce film est le film d’une époque car cette époque est belle et bien morte.
Il n’a pas convaincu les rebelles syriens en tout cas, ce film, car la morale du film est interchangeable:on essaie de combattre un démon technologique et omniscient qui rappelle a bien des égards l’Amérique elle même.
Le pire reste cette scène d’atomisation d’un parc d’enfants qui est, malencontreusement, un formidable écho à Hiroshima et Nagasaki.
Les kassoc’ ont sauvé le monde et personne ne met en doute la pureté de leur croisade.
L’ennemi protéiforme ( le T-1000) ressemble beaucoup à nos barbus actuels, obsédés par" une mission" eux aussi et ils utilisent la technologie contre nous, mais ils veulent défourailler avant tout ; les terroristes du 11 septembre avaient eux aussi le dessus grâce à de simples armes blanches ( les bras du T-1000, changeables en énormes sabres).
L’ennemi parfait et le héros parfait.
Ce film en dit trop ou pas assez sur la nature humaine et les démons qui l’agite.
FrancoisP 26 décembre 2022
Terminator 2 : le Jugement Dernier - la critique du film
Un film qui m’avait mis une claque à l’époque !
Un bon rythme avec des scènes d’action, des courses poursuites, des armes, des explosions, des cauchemars de fin du monde... On est à fond dans le film d’action des années 90.
Les effets spéciaux qui commencent à dater font toujours leur effet 30 années plus tard.
Pour l’anecdote, je l’ai souvent regardé dans mon adolescence en Laser Disc qui offrait un son 5,1 permettant une belle immersion.