Tu seras un homme, mon fils
Le 25 décembre 2014
Une description sobre et nuancée des méandres de la paternité dans le Japon contemporain.
- Réalisateur : Hirokazu Kore-eda
- Acteurs : Jun Fubuki, Machiko Ono, Jun Kunimura, Lily Franky, Masaharu Fukuyama, Yōko Maki, Kirin Kiki
- Genre : Drame, Comédie dramatique, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Le Pacte
- Durée : 2h00mn
- Date télé : 3 novembre 2021 20:40
- Chaîne : OCS City
- Titre original : Soshite Chichi ni Naru
- Date de sortie : 25 décembre 2013
- Plus d'informations : http://www.arrasfilmfestival.com/
- Festival : Festival de Cannes 2013, Festival d’Arras
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Résumé : Ryoata, un architecte obsédé par son évolution professionnelle, forme avec sa jeune épouse et leur fils de six ans une famille typique des classes sociales nippones "privilégiées". Tous ses repères volent en éclats lorsque la maternité de l’hôpital où est né leur enfant leur apprend que deux nourrissons ont été échangés à la naissance : le garçon qu’il a élevé n’est pas le sien et leur fils biologique a grandi dans un milieu beaucoup plus modeste…
Critique : Vainqueur du Prix du Jury Festival de Cannes 2014, Tel père, tel fils s’est immédiatement vu acheter ses droits d’adaptation par le Président du Jury, un certain Monsieur Spielberg. Bien que rassurés de voir ces droits tomber dans les mains d’un auteur respectueux, on peut légitimement se questionner quant à la pertinence d’une ambition de remake aussi rapide. Car au-delà des questions poignantes sur la paternité, le film de Hirokazu Kore-eda se positionne comme un instantané du Japon moderne et plus précisément, sa soif de réussite personnelle obsessive conduisant à l’abstraction des individus. Naviguant d’une problématique à une autre avec une intelligibilité fascinante, et néanmoins cohérente, le film semble évoluer paisiblement vers un hellénisme magnifié par une mise en scène sobre, au-delà de tous les habituels clichés.
- © Le Pacte
Tel père, tel fils s’inscrit autant dans la continuité du cinéma d’auteur japonais, et plus largement asiatique, que dans une vision attentive et inhabituelle pour le moins "réaliste". Les affres de ses héros ordinaires, il faut voir avec quelle nuance délicate Kore-eda les dépeint : les personnages sont souvent irritables et attendrissants dans une même scène, rappelant tout simplement le pittoresque de notre condition. Le récit balisé du long métrage, dans les mains de n’importe quel faiseur, n’aurait donné lieu qu’à un téléfilm basique à peine agréable ; mais dans les mains du Japonais, l’œuvre se transforme en noble et vibrant film d’auteur.
- © Le Pacte
Hirokazu Kore-eda, déjà aux commandes de l’une des dernières belles balades nostalgiques sur la destinée, I Wish, peaufine ici son univers sur l’enfance, visiblement pour le plus grand plaisir de Steven Spielberg à qui le thème parle forcement. Car même si les enfants ne sont pas les protagonistes du métrage, ce rôle étant tenu par le père de famille qui s’oublie dans sa monomanie professionnelle, c’est souvent par leur regard virginal que s’effectue la mise en lumière sur la stupidité d’un monde outrageusement matérialiste.
- © Le Pacte
En cela, la scène de l’appareil photo est mimétique des errances du monde moderne et c’est réellement par le talent de mise en scène qu’elle est pleine de sens. Elle met en exergue le refus du plaisir enfantin par l’utilitaire, mais pose ensuite les bases d’une obsession presque méta-filmique de ces dernières années : la glorification des êtres via l’instantané photographique. De cette pose familiale dont le réalisateur tire l’affiche de son film, il résume son envie d’évoquer l’enfance, la paternité, notre époque ou encore le déterminisme social, sans que jamais le spectateur n’ait l’impression qu’on lui témoigne autre chose qu’une peinture de destins. La réalisation, nuancée jusqu’à son dernier plan, n’est rien d’autre qu’une ampliation des vies humaines. Et au réalisateur de passer durant les deux heures de projection du drame à l’émotion, ou encore aux sourires le temps d’un champ-contrechamp : grand film !
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