Syndrome post-11 septembre
Le 15 juin 2018
Filmage léché mais regard critique : Syriana emporte le morceau sans coup férir.


- Réalisateur : Stephen Gaghan
- Acteurs : William Hurt, Matt Damon, George Clooney, Jeffrey Wright
- Genre : Thriller, Espionnage
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Editeur vidéo : Warner Home Video
- Durée : 2h08mn
- Box-office : 619 403 entrées France / 241 290 Paris Périphérie
- Date de sortie : 22 février 2006
Résumé : Le torchon brûle entre les Etats-Unis et le Moyen-Orient. Connex Oil, une compagnie pétrolière américaine, perd un marché juteux dans l’émirat du Prince Nasir (Alexander Siddig). La CIA ne voit pas d’un bon œil les ambitions de ce dernier, mettant à mal l’assise des Etats-Unis dans cette région stratégique : Bob Barnes (George Clooney) est envoyé en mission secrète pour lui régler son compte. Toute cela sent le roussi...
Critique : Steven Soderbergh fait des émules ! En passant derrière la caméra, Stephen Gaghan, auteur du script de Traffic, fait mentir l’adage selon lequel les bons scénaristes sont de piètres réalisateurs. Avec son casting de choc (George Clooney, Matt Damon, William Hurt... allez, n’en jetez plus !) et une intrigue post-11 septembre à filer des aigreurs à Bush, Syriana emporte la mise sans crouler sous son ample armature.
Car le réalisateur voit large : il brasse une histoire fragmentée entre les Etats-Unis, la Suisse (oups ! ça fleure tout de suite la magouille...) et le Moyen-Orient sans se prendre les pieds dans sa narration. De Washington à Beyrouth, de Genève aux Emirats, on suit une poignée de personnages dont la participation réduite - tous tiennent un second rôle -, ne vire jamais à la caricature. Syriana, au fil d’un développement chaloupé, parfois lancinant, prend même des accents politiques surprenants pour un film de ce calibre, Gaghan jetant un regard sans complaisance sur l’influence des USA au Moyen-Orient. Le film inverse ainsi la tendance qui veut, depuis les événements du World Trade Center, que l’Occident soit la victime et l’Orient le bourreau. Là-bas, les Américains écrasent les velléités progressistes en vendant des armes ou en assassinant un leader trop charismatique. En somme, pas de quoi pavoiser à l’ONU un jour de réunion plénière...
Les militants du film d’auteur, les intégristes de la mise en scène crieront certainement au sacrilège devant Syriana : comment un sujet si sérieux - c’est de la géopolitique tout de même ! -, peut donner lieu à un filmage léché, à une lévitation d’images bleutées ? La réponse est dans le titre : en féminisant son film, Gaghan rappelle aux fâcheux que l’Orient à beau pétarader aux sons des explosions, il n’en reste pas moins entêtant. Quant à Clooney, après un Good night, and good luck très à gauche, il aggrave son cas aux USA. En attendant les Oscars, les paris sont ouverts...
Le DVD
Le(s) supplément(s) à ne pas rater : Peu de bonus malgré la présence d’un deuxième disque - le cachet "Edition collector double DVD" est ici un peu usurpé. Les entretiens avec les acteurs (George Clooney et Matt Damon) sont inintéressants étant donné l’ambition et l’importance du sujet traité. En revanche, le making of d’un peu moins de trente minutes, assez efficace car bien monté, est plus démonstratif. Le réalisateur revient plus en détails sur son aventure, ses recherches, ses choix, ses problèmes... Il est complété par le sujet Make change, make a difference dans lequel de nombreux intervenants tentent de décrypter les arcanes de cet univers opaque. Les scènes coupées sont dispensables.
Image & son : Rien à signaler sur cette édition collector, l’image est parfaite en tous points : couleur, précision et fluidité sont au rendez-vous. Très beau Dolby Digital 5.1 qui enfle en fonction de l’action.
Gil 14 mars 2006
Syriana - la critique du film
Siriana ou comment passionner les étudiants en commerce et politique internationale !! Car, certes le sujet est passionnant, risqué, culotté, maîtrisé, tout ce qu’on veut mais surtout pas très accessible, ça blablate bcp et très vite, et si vs avez le malheur de prendre 30 sec pr nettoyer vos lunettes, vs risquez d’avoir loupé 3 nouveaux noms de personnages et 11 termes politicommerciaux qui ne sont pas ds le Larousse ! J’exagère car le scénario est vraiment très fort et les choses s’éclaircissent (à force d’abnégation !) pdt le film et puis Clooney y est époustouflant, qques vieux noms se refont une santé et l’acteur qui joue Saïd m’a perso épaté.
Bref, prenez de la docu avant d’y aller, ça vous semblera d’un coup plus simple !