Up, up and away !
Le 5 juin 2024
Alors que les adaptations de comics continuent de se multiplier sur nos écrans, l’avènement du super-héros original en 1978 reste un modèle du genre qui n’a rien perdu de sa naïve majesté.
- Réalisateur : Richard Donner
- Acteurs : Marlon Brando, Christopher Reeve, Terence Stamp, Glenn Ford, Trevor Howard, Maria Schell, Ned Beatty, Gene Hackman, Margot Kidder, Susannah York, Valerie Perrine, Larry Hagman, Harry Andrews, Jackie Cooper, Phyllis Thaxter
- Genre : Science-fiction, Aventures, Action, Romance, Film de super-héros, Film culte
- Nationalité : Américain, Britannique
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 2h25mn
- Date télé : 1er novembre 2024 20:50
- Chaîne : TCM Cinéma
- Date de sortie : 31 janvier 1979
- Voir le dossier : Dossier Superman, DC Comics au cinéma
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Résumé : Juste avant l’explosion de la planète Krypton, Jor-El décide de sauver son fils en l’envoyant sur Terre. Le nourrisson est recueilli par le couple Kent qui décide de l’élever comme leur propre fils. L’enfant se met à développer des pouvoirs hors du commun. Une fois adulte, Clark Kent, reporter au Daily Planet, souhaite mener une vie normale. Il ne renie pas pour autant ses capacités à sauver le monde et devient alors Superman : super-héros volant au secours de la veuve et de l’orphelin, attisant la jalousie de Lex Luthor et l’intérêt de sa collègue Lois Lane.
Critique : Fin des années 1970. Une décennie cynique et désenchantée chez les Américains, qui verra l’apothéose de la corruption politique via l’affaire du Watergate, le contrecoup de la guerre du Vietnam et l’avènement définitif de la contre-culture. Une période trouble qui accouchera douloureusement de nombreux classiques coté septième art, majoritairement sombres et violents. Mais alors que la décennie touche à sa fin, George Lucas et Steven Spielberg s’apprêtent à célébrer le retour de l’optimisme américain. À la même époque, les ambitieux et fortunés Alexander et Ilya Salkynd voient le vent tourner et décident qu’il est enfin temps de rendre justice sur grand écran à l’icône numéro un des États-Unis : Superman. Et pas question d’adapter le symbole américain dans un feuilleton bas de gamme. Car si un personnage de bande dessinée nécessite un budget de blockbuster, c’est bien lui. Et les Salkynd vont déployer des ressources considérables... Du casting, qui embauche un pourcentage non négligeable de toutes les stars de l’époque, au scénario écrit par Mario Puzzo (Le Parrain), jusqu’à la bande originale triomphante de John Williams, leur portefeuille ne sera pas épargné. Le film devient rapidement tellement ambitieux qu’il est divisé en deux parties. À la réalisation : Richard Donner, qui vient de signer le très réussi La Malédiction et sera en conflit constant avec ses producteurs. Si Donner signera plus tard quelques très bons films, Superman restera toujours son œuvre maîtresse. Car s’il n’est pas dénué de défauts, cet amas de talent chaotique qui s’est réuni pour sa création a accouché d’un long-métrage lyrique et adroitement naïf, à l’image du personnage-titre.
Cette réussite tient en grande partie au couple principal : Margot Kidder et le grandiose Christopher Reeve (doublé en français à l’époque par Pierre Arditi) impressionnent et habitent tellement leurs personnages qu’il sera bien difficile de leur faire suite. La palette d’émotion étalée par Reeve reste rarissime pour un personnage de ce type. Voletant de la comédie via son portrait de Clark Kent, à l’héroïsme bon enfant lorsque Superman sauve un chat coincé dans un arbre, jusqu’à la fureur d’un demi-dieu lors de la mort de Lois Lane, il passe d’un visage à l’autre avec une aisance drolatique. Et si Marlon Brando a l’air presque endormi durant ses scènes, Gene Hackman se donne à fond et s’amuse clairement dans le rôle du brillant et lunatique Lex Luthor. Vilain cabot tellement charmant qu’on aurait presque envie que son ridicule plan d’arnaque immobilière à grande échelle porte ses fruits.
Richard Donner étale ici tous ses talents de narration, cadres soignés et plans montés à la serpe. L’enchaînement constant de scènes intimes entrecoupées de vastes panoramas qui respirent l’idéal américain fait ressortir les racines humaines du personnage ainsi que son côté plus grand que nature. Ce changement de ton permanent est d’ailleurs pour beaucoup dans la réussite du film. La temporalité narrative du récit est toujours volontairement imprécise. Le champ lexical des dialogues sort clairement des années 70 alors que les vêtements et l’architecture évoquent les années 40. Le film alterne également les sensibilités de divertissement, les scènes catastrophe très à la mode à l’époque (La Tour infernale et ses multiples imitations), la screwball comedy à la Howard Hawks (La dame du Vendredi), ainsi que des séquences sur Krypton qui évoquent involontairement les pages de Métal Hurlant. Le cocktail est réussi et plein de charme, rehaussé qui plus est par la musique monumentale de John Williams, signant plusieurs thèmes qui seront à jamais indissociables du héros costumé.
Ainsi, si les effets spéciaux n’ont pas aussi bien vieilli que ceux de Star Wars, le charme opère toujours. Les différents niveaux de lecture de nombreuses scènes permettent de s’amuser au fil des visionnages des blagues salaces disséminées partout dans le script et qui échapperont aux jeunes bambins. Malgré une fin étrange et injustifiée (Superman qui rembobine la Terre, rien que ça !) qui est l’une des rares faiblesses du scénario, le potentiel d’émerveillement du film est toujours intact. Car si les incrustations de Superman dans le ciel étoilé accusent de leur âge, l’humour de Margot Kidder et le sourire assuré de Christopher Reeve sont éternels.
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