Split - M. Night Shyamalan - critique

Critique : Depuis des années, Shyamalan décevait ceux qui voyaient en lui l’avenir du thriller. Mais après The Visit, Split confirme une embellie artistique certaine, où l’inspiration du scénario croise la qualité de la mise en scène. S’inspirant du cas Billy Milligan, jugé non responsable de ses crimes, en raison d’un trouble dissociatif de l’identité, le réalisateur met en scène un héros aux visages multiples qui se rend coupable d’un triple enlèvement. Dès la séquence d’ouverture - un modèle de tension pure - avec une découpe des plans particulièrement inspirée, on comprend que le réalisateur a retrouvé la forme. Et le fond, puisque les analyses du docteur Fletcher ouvrent des abîmes sur le mystère du cerveau humain. Jouant avec les nerfs de son spectateur, ce long métrage glauque, qui par son ambiance rappelle le flippant Don’t Breathe, ne quitte quasiment jamais les sous-sols labyrinthiques où sont retenues les trois jeunes filles livrées à un personnage totalement dissocié, tantôt Dennis, le glacial séquestreur, tantôt Hedwig, un enfant de neuf ans, tantôt l’élégante Patricia... ou "la Bête", dernier avatar terrifiant, qui sème la mort sur son passage.
La performance hallucinante de James McAvoy offre une expérience véritablement immersive : en un changement d’expression, en une inflexion de voix, il parvient à endosser des personnalités totalement antagonistes, mais toutes reliées par leur folie. Seule Casey, la marginale, comprend rapidement la multiplicité des identités qui cohabitent dans un seul corps et tente de déjouer les desseins de chacune d’entre elles, avant d’affronter, dans un final haletant, l’ultime version - monstrueuse - de cet homme multi-fragmenté. Ce prolongement non avoué d’Incassable, où Bruce Willis effectue un mémorable caméo, engendrera une suite tout aussi réussie : Glass, sorti en 2019.