Complot de famille
Le 26 février 2014
Première grande réussite de Brian De Palma, Sœurs de sang révèle sa sensibilité gothique et ses recherches expressionnistes, avec une référence explicite à Hitchcock.
- Réalisateur : Brian De Palma
- Acteurs : William Finley, Charles Durning, Margot Kidder, Jennifer Salt, Lisle Wilson
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Épouvante-horreur
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Wild Side Video
- Durée : 1h33mn
- Date télé : 13 juillet 2024 20:50
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Titre original : Sisters
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 2 février 1977
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– Année de production : 1972
Résumé : Danièle Breton, un mannequin québécois, rencontre Phillip Woodelors à un jeu télévisé. Elle le séduit, le ramène chez elle puis passe la nuit avec lui. Le lendemain, l’amant entend une dispute entre Danièle et sa sœur jumelle Dominique. Danièle lui révèle alors que cette dernière est possessive et agressive et n’a plus toute sa tête. De sa fenêtre, la journaliste Grace Collier, voisine de Danièle, voit une scène effrayante...
Critique : Sorti aux États-Unis en 1973, Sœurs de sang dut attendre quatre ans avant de trouver un distributeur en France, où il reçut un accueil mitigé. On reprocha au cinéaste de plagier Hitchcock, alors qu’il s’agissait en fait d’une référence explicite à partir de laquelle De Palma brosse ses propres obsessions et son style singulier. De Hitchcock, le cinéaste retient les thèmes et l’élaboration de certains plans manifestement travaillés en storyboard. Dès le générique, l’hommage est assumé avec les stridences de la belle partition musicale de Bernard Herrmann, compositeur attitré de l’auteur de Psychose. C’est surtout à ce film que l’on pense dès la première séquence, les gestes de Lisle Wilson faisant écho à ceux de John Gavin dans le film culte de 1960. Le meurtre soudain d’un des protagonistes après une demi-heure de film ou la trame du double déployée à partir de l’existence des sœurs jumelles que la caméra ne filme jamais dans le même plan sont d’autres emprunts à Psychose. Fenêtre sur cour est également évoqué de par la journaliste qui mène l’enquête et l’on songera inévitablement à Vertigo avec le double rôle de Margot Kidder et la scène du cauchemar de Jennifer Salt dans laquelle l’expressionnisme de De Palma atteint son sommet.
Pourtant, ces références grosses comme des montagnes n’écrasent pas cette œuvre qui s’inscrit aussi dans tout un courant gore et gothique des années 70, qui a vu la réussite de films aussi divers que Le monstre est vivant ou Les frissons de l’angoisse, et dont un des premiers jalons avait été Rosemary’s Baby. De Palma partage d’ailleurs avec Argento ou Polanski le même goût pour certaines mises en abyme, comme l’attestent ici les séquences du jeu télévisé ou du reportage médical. Dans ce film, le réalisateur montre déjà une constante de son œuvre, à savoir son intérêt pour des personnages en marge, écartelés entre le sacrifice et la vengeance, stigmatisés par leur entourage et dont les névroses cachent les pires secrets. Outre la qualité de son intrigue tant limpide que subtile et son élégance formelle, Sœurs de sang déploie une maîtrise technique indiscutable, dont l’usage du split screen (« écran divisé ») que le cinéaste utilisera aussi dans des films à venir, jusqu’a Passion. Signalons aussi la composition fascinante de méchant interprété par William Finley, ici lointain cousin américain du Pierre Brasseur des Yeux sans visage, et à qui De Palma confiera un an plus tard le rôle principal de Phantom of the Paradise.
– Sortie États-Unis : 27 mars 1973
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