Le 23 septembre 2015
Un film singulier au montage original qui développe un bilan de vie fascinant.


- Réalisateur : Zoltan Huszarik
- Acteurs : Zoltan Latinovits, Eva Leelossy, Margit Dajka
- Genre : Drame
- Nationalité : Hongrois
- Editeur vidéo : Malavida

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– Sortie DVD : le 25 septembre 2015
– Année de production : 1970
Un film singulier au montage original qui développe un bilan de vie fascinant.
L’argument : A l’heure de sa mort, Sindbad, Don Juan hongrois et héros proustien, pour qui l’amour des femmes et la fidélité à la grande tradition de bonne chère hongroise sont plus importants que la vie même, se balade dans ses souvenirs, rendant visite à toutes les femmes courtisées au cours de sa vie.
Notre avis : En s’attachant à un vieux séducteur qui fait une sorte de bilan en revoyant les femmes de sa vie, Zoltan construit une rêverie nostalgique complexe, faite de bribes savamment agencées. Le montage, qui rappelle parfois celui de Je t’aime, je t’aime de Resnais, juxtapose diverses époques et lieux, et tente de retranscrire un paysage mental fait de souvenirs et de choses vues. Cela donne un film étrange, quasiment expérimental, au rythme lent et chaotique. Il faut s’abandonner à ces images dont certaines sont mystérieuses, accepter de ne pas tout comprendre : la fascination face à des plans magnifiques et des travellings très fluides joue alors à plein, et la subtile mélancolie qui imprègne Sindbad touche le spectateur au plus profond.
Car ce qui se dégage de ce parcours sensible porté par des dialogues littéraires, c’est une vision pessimiste de la vie : dans l’une des très belles séquences, le personnage tient à la main un crâne, à la manière des vanités picturales ; Sindbad contemple un monde où la religion n’est qu’un décorum (voir les nombreuses occurrences de représentations du Christ), et s’il meurt dans une église, c’est en regardant une organiste. Le désir, qui a guidé toute sa vie, ne cesse de se heurter à un grand vide métaphysique, à des rêveries de vie alternative et à des constats cruels énoncés aux femmes ou à des amis.
Sindbad apparaît guidé par son plaisir hédoniste, cynique et opportuniste, mais aussi capable de délicatesse, encadré par des « fées » qui dansent pour lui. Son portrait subtil est passionnant, mais c’est également par des séquences hallucinantes que le film fascine, comme celle où de vieilles femmes psalmodient autour du héros, et par de somptueux très gros plans qui surgissent en montage rapide, constituant une fresque complexe et contemplative où l’on s’égare avec délice.
Les suppléments :
Le livret de 12 pages, extrait de Une esthétique de la contestation, de René Prédal, parle davantage du « nouveau » cinéma hongrois en général que du film, mais il est passionnant.
L’image
La copie présentée respecte les couleurs chatoyantes, mais de menus parasites et un manque de définition témoignent de l’âge du film.
Le son :
Tout en étant parfaitement audible, la piste présentée, sous-titrée, reste datée et un peu étriquée.