Si je reste - la critique du film + le test blu-ray

R.J. Cutler présente son premier long-métrage de fiction en adaptant le best-seller de Gayle Forman, célébré dans le monde entier par des millions de bibliophiles.

L’argument : En un seul moment, tout peut changer. Mia, 17 ans, n’a aucun souvenir de l’accident : elle arrive uniquement à se rappeler avoir roulé le long de la route enneigée de l’Oregon avec sa famille. Puis, en un clin d’œil, elle se retrouve observant son propre corps dévasté... L’adolescente sera tiraillée entre l’envie de rejoindre ses parents dans l’au-delà et celle de se réveiller et de retrouver son petit ami et ses proches...

Notre avis : Ce serait mentir de dire que ce long-métrage n’est pas très attendu. Ne sont-ils pas des millions de fans dans le monde entier à attendre depuis 2009 l’adaptation du best-seller éponyme de Gayle Forman ? Mais comme pour toute translation sur grand écran d’un livre, se pose la question de savoir pourquoi cette histoire a retenu l’attention d’un cinéaste comme R.J Cutler, plutôt habitué des documentaires. La réponse réside avant tout dans le fait que les adolescents, et par-là il faut compter sur les 10-18 ans, sont un public jeune qui intéresse forcément des producteurs. Ce qui leur plaît de lire est donc aussitôt acheté (parfois avant même la parution) par une industrie friande de succès programmés. Au détriment d’un véritable intérêt cinématographique... {{© Doane Gregory Caption}}Tous les ingrédients sont ici réunis : une histoire d’amour qui paraît, si ce n’est impossible, compliquée ; de la musique (surtout du rock, avec un groupe de lycéens mené par le chanteur à midinettes type) et un drame censé séparer deux personnages forcément très attachants que, manque de chance, tout oppose.
C’est malheureusement là que le bât blesse : alors que le synopsis promet une réflexion sur la vie, la mort et sur la nécessité de profiter de chaque instant, en offrant le choix à un personnage qui observe tout sans être vu (procédé déjà utilisé dans Lovely Bones), c’est surtout l’histoire d’amour qui est contée. {{© Doane Gregory Caption}}Le personnage central de Mia manque cruellement d’introspection et de réflexion sur ce qui lui arrive, et ne prend forme finalement que dans ses souvenirs d’une vie plus heureuse, entre son petit ami et sa joyeuse famille. Le passage de l’adolescence à l’âge adulte, avec les choix difficiles que cela suppose, est une nouvelle fois mis en scène au cœur d’un film qui ne fait que reprendre des thématiques déjà abordées mille fois au cinéma. Reste, fort heureusement, les passages qui évoquent le drame qui frappe une famille heureuse et sans histoire. Ils apportent l’émotion nécessaire au long-métrage, avec une musique qui ne fait que renforcer la cruauté de ce qu’ils subissent. {{© Doane Gregory Caption}}Les acteurs sont finalement le seul intérêt et la seule surprise du film, qui regorge de jeunes talents qui devraient très prochainement faire parler d’eux. Chloë Grace Moretz incarne avec justesse une jeune musicienne promise à un brillant avenir en tant que violoncelliste. Elle prouve, du haut de ses 17 ans, qu’elle peut tenir un film à bout de bras grâce à un charisme indéniable. Pour lui donner la réplique, Jamie Blackley interprète un jeune rockeur mature et déjà écorché par la vie, qui lutte entre sentiments et raison. Très à l’aise lorsqu’il doit chanter et s’exprimer grâce à sa guitare, l’acteur manque encore de confiance dans son jeu et a besoin d’être mieux dirigé. {{© Doane Gregory Caption}}La meilleure amie de Mia est, elle, incarnée par Liana Liberato, aperçue en 2010 dans le poignant Trust et qui habite l’écran de sa seule présence. Loin donc d’un intérêt véritable pour son scénario, ce film se laisse regarder tant les acteurs livrent une interprétation sincère et lutte pour donner une consistance à une histoire qui en manque véritablement. {{© Doane Gregory Caption}}Trop lisse, trop neutre, y compris à travers la présence fantasmatique d’une jeune fille perdue qui ne réalise pas le drame qui se joue (à moins qu’une crise de larmes n’ai été jugée trop violente pour cette histoire sans grande épaisseur), le film n’échappe pas aux codes gentillets du mélodrame pour jeune public. Au cœur d’un long-métrage dont l’intrigue ne tient, comme la vie de Mia, qu’à un fil, le scénario des plus classiques finit par lasser rapidement. En attendant le prochain livre pour jeunes adultes adapté au cinéma, qui sera espérons-le plus palpitant.

Le Blu-ray

Passé inaperçu en salle avec 93.000 entrées France, Si je reste avait été distribué par Warner sur nos écrans. C’est Twentieth Century Fox en revanche, qui édite le film en DVD.

Les suppléments :

Après pareil mélo, il faut vraiment être maso pour prolonger le calvaire en bonus, et pourtant l’éditeur n’oublie pas les fans... Scènes supplémentaires, making-of et clips viennent compléter le programme sans convaincre. Evidemment, on n’a pas tenu à suivre le commentaire audio du réalisateur !

L’image :

Très belle image, profitant d’un master choyé pour caresser les peaux, affiner la photographie. Rien à redire.

Le son :

Le public français, composé d’adolescentes, se contentera sûrement d’une version française, ici en DTS 5.1 mi-débit. La présence des voix se fait trop ressentir à notre goût. La VO, en HD, est plus équilibrée. Malgré l’aspect intimiste du drame romantique, les arrières sont exploités à bon escient, avec différents petits sons parsemés pour nourrir l’ambiance, et une bande-originale qui se veut active, le film parle essentiellement de musique.