Le 3 novembre 2022
La Lubitsch touch dans toute sa splendeur. Ce chef-d’œuvre de la comédie hollywoodienne frappe par ses dialogues pétillants et l’élégance d’une mise en scène magistrale.
- Réalisateur : Ernst Lubitsch
- Acteurs : Gary Cooper, Fredric March, Miriam Hopkins, Edward Everett Horton, Jane Darwell, Franklin Pangborn, Wyndham Standing, Isabel Jewell
- Genre : Comédie, Romance, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Splendor Films
- Editeur vidéo : BAC Vidéo
- Durée : 1h31mn
- Reprise: 21 décembre 2022
- Titre original : Design for Living
- Date de sortie : 23 février 1934
Splendor Films propose une reprise en salle, le 21 décembre 2022, de trois classiques d’Ernst Lubitsch présentés en version restaurée, à savoir Haute pègre, Sérénade à trois et La huitième femme de Barbe-Bleue.
Résumé : Deux artistes américains partageant un appartement à Paris tombent tous les deux amoureux de la belle et spirituelle Gilda Farrell qui ne peut se décider entre les deux prétendants. Ils décident alors d’emménager tous les trois.
Critique : Produit par Paramount, Sérénade à trois est le deuxième chef-d’œuvre du cinéma parlant d’Ernst Lubitsch, après Haute pègre, sorti un an plus tôt. Le film est adapté d’une pièce de Noel Coward qui venait de triompher à Broadway. Comme le voulait la division des tâches inhérente au cinéma hollywoodien de l’époque, Lubitsch a signé la mise en scène et non pas le scénario et les dialogues adaptés, confiés à Ben Hecht, auteur, notamment des scripts du Scarface de Howard Hawks et de La chevauchée fantastique de John Ford. Mais on peut supposer que l’entente entre les deux hommes a été parfaite, tant la subtilité du récit de Design for Living (titre original) est en osmose avec l’élégance du style de Lubitsch. Il est à noter que le métrage a été tourné un an avant l’application du code Hays, ensemble de principes moraux édictés sous la pression des ligues de vertu, et à l’origine de la censure (et de l’autocensure) pendant plusieurs décennies. La mention au « ménage à trois » suggéré par le titre rejoint donc la liberté de propos et de ton des premières années du cinéma parlant, au même titre que d’autres productions comme les comédies montées autour de la plantureuse et spirituelle Mae West (Je ne suis pas un ange, Lady Lou).
- © Splendor Films
On pouvait pourtant tout craindre de cette adaptation d’un succès des planches, filon dont était friand le cinéma après la mort du muet : « théâtre en conserve », surjeu des acteurs, mise en scène statique. En France, des auteurs comme Pagnol ou Guitry ont assumé le dispositif de théâtre filmé tout en lui donnant une réelle valeur cinématographique ; à Hollywood, un Lubitsch a pu penser immédiatement à un dispositif de septième art, en faisant oublier l’origine scénique du récit. Pourtant, les scènes d’intérieur constituent la quasi-totalité de la narration, de la rencontre entre les trois protagonistes dans un train Paris-Marseille, au plan fixe final dans un taxi, en passant par une chambre de bonne à Montmartre, un théâtre londonien ou une villa cossue à New York. Mais on ne pense aucunement à un artifice de théâtre. C’est ce qui fait déjà la force du cinéma de Lubitsch. Sa fameuse « touch », ensuite, apparaît dans plusieurs séquences elliptiques ou tout en finesse, quand Thomas ou Georg se cachent derrière un paravent et feignent une apparition miraculeuse, ou lorsque Georg découvre la trahison de Thomas en découvrant qu’il est en smoking dans l’appartement de la jeune femme, au petit matin.
- © Splendor Films
Scénario et réalisation sont ainsi en cohérence dans la délicatesse et la suggestion. Et si Gilda ne peut choisir entre ses deux prétendants, leur proposant une complicité à trois mais « sans sexe », le spectateur n’est pas dupe, tant un baiser échangé ou le hors champ mobilisé sont évocateurs. Film culotté pour son époque, bien avant Jules et Jim, Sérénade à trois, sous ses apparences de fantaisie boulevardière, est aussi une réflexion surprenante sur le désir féminin et un hymne aux joies de l’artiste bohème, les réussites soudaines (et invraisemblables) du peintre obscur et du dramaturge raté étant même présentées comme un malentendu provisoire dans leur existence ! Il n’est pas superflu d’ajouter que l’interprétation est remarquable. Miriam Hopkins est divine, et s’inscrit dans la mythologie des grandes interprètes lubitschiennes, au même titre que Claudette Colbert dans La huitième femme de Barbe-Bleue ou Carole Lombard dans To Be or Not to Be. Ses deux partenaires sont au diapason, avec une prime au charisme pour Gary Cooper et une supériorité dramatique pour Fredric March. Et dans le rôle du soupirant bourgeois malheureux, le désopilant Edward Everett Horton est irrésistible.
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Norman06 26 décembre 2010
Sérénade à trois - Ernst Lubitsch - critique
La Lubitsch’ touch dans toute sa splendeur et sa finesse. Audacieux pour l’époque, bien que le pudibond Code Hays n’était pas encore appliqué, le scénario de Ben Hecht est un véritable enchantement. Gary Cooper se révélait bon acteur de comédie et il faut redécouvrir le talent de la pétulante Miriam Hopkins.