Le 19 avril 2016
- Dessinateur : Syoichi TANAZONO
- Genre : Autobiographie
- Editeur : AKATA
- Famille : Manga
- Date de sortie : 1er mars 2016
Récit d’une enfance loin de l’école, un manga touchant sur la phobie scolaire
Résumé :
Longtemps déscolarisé, l’auteur Syoichi Tanazono a voulu livrer un témoignage sur ces années de primaire et secondaire où les camarades et professeurs se sont succédés, sans jamais s’imposer. Entre les cours à domicile et les tentatives psychologiques, le jeune Masatomo s’est surtout livré à son unique passion : les mangas.
© Akata
Notre avis :
Écrire une œuvre semi-autobiographique est toujours difficile : Syoichi Tanazono a choisi de s’incarner en Masamoto Tanahashi, un jeune garçon qui va se réveiller chaque matin avec des cauchemars pleins la tête, un homme en noir hantant ses nuits et l’empêchant d’aller à l’école. Sans savoir exactement pourquoi, l’écolier va développer une phobie de l’école, les fréquents retours qu’il tente n’empêchant pas de nombreuses angoisses de se révéler. Comme d’autres élèves déscolarisés, Masamoto va essayer, réessayer puis se résoudre à étudier en cours particuliers, ou à fréquenter des écoles spéciales. Il est intéressant de constater qu’à part des séjours à l’hôpital où il doit seulement construire une ville avec des jouets, Masamoto ne voit pas de psychologue ou de médecin, ou en tout cas ces entrevues ne sont pas détaillées dans ce récit. Ainsi, l’homme sombre de ses cauchemars restera obscur jusqu’au bout, et le jeune garçon lui-même est très réaliste sur son cas, qu’il ne parvient pas à expliquer. Certains camarades de classe l’aideront, mais des histoires parallèles tout aussi touchantes viendront agrémenter le récit des jeunes années.
© Akata
Si certaines ellipses viennent contrarier la curiosité du lecteur, l’auteur a en revanche bien réussi les caractères des personnages secondaires. Étrangement, ce sont ceux des différents professeurs, aussi bien les institutrices scolaires que les professeurs particuliers, qui sont les plus décrits. Les parents, l’éventuelle famille du héros passe au second plan, la mère est effacée, comme des bribes de souvenirs, le père quasiment absent, mais les professeurs ont des descriptions précises, intéressantes par leur diversité. Il faut croire que Tanahashi (ou Tanazono, c’est selon), a été fortement marqué par les différentes figures éducatrices, rendant un jugement assez objectif sur ces derniers. Au milieu de ces personnages, le manga rend un véritable hommage à son genre, à travers les constantes références à Dragon Ball Z. Véritables bouffées d’oxygène du jeune héros, le dessin et la lecture des mangas sont les deux activités qui le passionnent le plus, et qui vont lui procurer une fin heureuse. Une belle récompense, car les 275 premières pages sont empreintes d’une tristesse permanente, d’un regard sur une faiblesse passée qu’on ne parvient pas à expliquer, et qui a semblé gâcher une jeunesse, une enfance.
Sans aller à l’école je suis devenu mangaka n’est pas un livre qui dit de partir de l’école pour réaliser son rêve, bien au contraire. Il veut montrer que ceux qui sont déscolarisés le sont souvent contre leur volonté, enfermés chez eux alors qu’ils préféreraient être dans la cours de récréation avec leurs amis. C’est un récit émouvant, qui montre toute l’importance du manga pour l’auteur, qui a pu se réfugier dans cette passion pour continuer à avancer malgré le fait qu’il n’ait pu aller à l’école. S’il a tenu à raconter son histoire, c’est justement parce que cet isolement lui a donné un but, et qu’il veut encourager chacun à ne pas désespérer, quelle que soit sa situation.
288 pages - 9,95 €
Galerie photos
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