Le 15 avril 2022
Le dernier film de Pasolini, qui est aussi le plus terrible. Cette implacable évocation de la violence humaine provoqua un immense scandale à sa sortie.
- Réalisateur : Pier Paolo Pasolini
- Acteurs : Paolo Bonacelli, Giorgo Cataldi, Umberto P. Quintavalle, Hélène Surgère, Sonia Saviange
- Genre : Drame, Érotique, LGBTQIA+, Drame historique
- Distributeur : Solaris Distribution
- Editeur vidéo : Carlotta Films
- Durée : 1h57mn
- Reprise: 1er juin 2022
- Titre original : Salò o le 120 giornate di Sodoma
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 19 mai 1976
- Festival : Festival de Venise 2015, Festival de La Rochelle 2022
– Sortie en version restaurée : 1er juin 2022
Résumé : En 1943, dans la république fasciste fantoche de Salò, quatre riches notables enlèvent neuf jeunes garçons et neuf jeunes filles de la région pour les emprisonner dans un somptueux palais. Dans ce décor luxueux, les adolescents seront soumis aux plaisirs de leurs geôliers, à leur jouissance sadique de pouvoir exercer une domination totale sur ces jeunes corps, de décider de leurs souffrances, de leur survie ou de leur mort…
Critique : Lorsque Pasolini découvre la grande scène d’orgie nazie, et le massacre qui s’en suit, dans Les Damnés (1968) de son compatriote Luchino Visconti, il n’a qu’une idée en tête : réaliser un film dépeignant, du début à la fin, une orgie sadique et fasciste. Ce film sera Salò ou les 120 jours de Sodome.
Librement inspiré du divin marquis de Sade, Salò décrit en huis clos, dans un château, l’esclavage sexuel de neuf jeunes femmes et neuf jeunes hommes par quatre dirigeants fascistes en pleine République de Salo (proclamée par le Duce en 1943). Le film se (dé)compose en trois tableaux : "Le cercle des passions", "Le cercle de la merde" et "Le cercle du sang". Chaque partie surrenchérissant dans l’horreur.
- © 1975 Produzioni Europee Associati (PEA) © 2022 Solaris Distribution. Tous droits réservés.
"Cette dénonciation du fascisme donne un film dégradant, insupportable et dont chaque spectateur se sentira sali, quel que soit le talent évident du cinéaste." [1] La critique internationale en veut beaucoup au film et, bien souvent, à Pasolini lui-même. Personne ne sait comment prendre Salò. Par quel côté l’envisager en effet ?
Pour Roland Barthes et quelques autres, Sade ne devrait même pas être adapté au cinéma car selon lui : "Le fantasme s’écrit, il ne peut se décrire." [2] Les plus grands s’y perdent. Peut-on, doit-on filmer, la scatologie, la torture ? Voir en plan serré une jeune femme forcée à manger des excréments, comporte-t-il un quelconque intérêt ? Où est l’éthique ? Le cinéma, et plus généralement l’art, doit-il s’imposer des limites à ne jamais franchir ?
La limite du cinéma ne résiderait-elle pas dans le corps et la cervelle des spectateurs ? La salle obscure comme terreau, l’écran comme soleil, l’âme comme océan, pourrait-on écrire. Salò de Pasolini est peut-être un "cri moral qui frôle le délire" [3], il reste en tout cas un film qui ne peut laisser indifférent. Cette indifférence à la base même du totalitarisme. Indifférence, mode des abstentionnistes, monde de terreurs jamais avouées, trop rarement labourées.
Comment écouter et regarder jusqu’au bout Salò sans avoir le cœur au bord des lèvres ? Sans être transpercé par ce film en flèche ? Au fond, c’est bien d’amour dont nous parle l’ange Pasolini, appelant toutes nos fibres émotionnelles, convoquant à nouveau notre cœur souvent trop occulté, réveillant notre conscience endormie, déliant nos langues par amour de la parole libérée et du cri de révolte, vital. Pasolini avait, lui, un cœur bien accroché à ses nerfs et à ses veines : un cœur de poète, ouvert, entier, intègre, foncièrement courageux, avec plus de sang bouillonnant que les autres mortels peut-être. Une chose est sûre : Pasolini avait du cran. Et vous ?
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Norman06 16 juillet 2009
Salò ou les 120 journées de Sodome - la critique du film
Un film éprouvant certes mais une vision glaçante et terrible du totalitarisme, qui constitue avec Théorème le sommet de l’art de Pasolini. Indispensable !
Jérémy Gallet 24 septembre 2016
Salò ou les 120 journées de Sodome - la critique du film
Un des films les plus controversés de l’histoire du cinéma. Mais aussi un des plus marquants. Né la même année que l’avènement du fascisme, Pasolini clôt son parcours artistique par une évocation sans concession de la nature humaine, lorsqu’elle se livre en toute impunité à ses pires excès.