Sabotage : Schwarzenegger, encore un retour raté - la critique

Que vaut la collaboration entre le réalisateur du très réussi End of Watch et l’icone indécrottable du cinéma d’action ?

L’argument : Pour cette force d’élite de la DEA, il s’agit officiellement de prendre d’assaut le repaire d’un important cartel mais en réalité, l’opération se révèle être un véritable braquage. Après s’être emparés de 10 millions de dollars en liquide, les agents complices pensent leur secret bien gardé… jusqu’à ce que quelqu’un se mette à les assassiner les uns après les autres, froidement, méthodiquement. Alors que les meurtres se multiplient, chaque membre de l’équipe devient un suspect. Chacun sait tuer, et chacun a un excellent mobile...

Notre avis : Que dire du retour aux sources de l’action de notre bon vieux Schwarzy ? Le Dernier Rempart fut assez sympathique mais un véritable flop au box-office, quant à son association avec Stallone sur Evasion, un rêve pour tous les fans d’actioner des eighties, la douche froide a eu un peu de mal à passer. Alors à l’annonce de ce Sabotage réalisé par David Ayer, l’on voyait déjà du coin de l’œil un film avec les atouts nécessaires pour renouer de la plus belle des manières avec le genre qui avait permis de starifier le "chêne autrichien". Le scénariste de Training Day connaît bien son sujet puisqu’il a l’habitude de mettre en scène la vie de flics en mauvaise posture dans les quartiers les plus durs de Los Angeles (End of Watch, Bad Times, Au bout de la nuit).

Ici c’est toute une équipe d’agents de la DEA dirigée par John "Breacher" Wharton (Arnold Schwarzenegger) qui se trouve mise en danger lors d’une opération où plusieurs millions de dollars appartenant à un cartel de la drogue sont dérobés. Les autorités demandent à la bande à Breacher de rendre des comptes, les billets restent introuvables. Faute de preuves, l’équipe est remise dans le circuit mais bientôt les membres commencent à se faire décimer un à un. On peut voir en Sabotage une adaptation très libre des Dix petits nègres d’Agatha Christie avec lequel il partage quelques éléments de l’intrigue. La première chose que l’on peut reprocher au film d’Ayer, c’est la difficulté pour ce dernier de faire exister ses personnages. Schwarzy et ses potes se contentent de se balancer des punchlines infructueuses qui virent inévitablement à un pastiche de cour de récré badass (beaucoup de muscles mais l’impression que ça manque parfois un peu de jugeote). La présence de Terrence Howard et Sam Worthington (méconnaissable avec son melon rasé et sa barbichette) passerait presque inaperçue et hormis Olivia Williams qui incarne la détective chargée de l’enquête sur les assassinats, les seconds rôles sont bien palots.

Le spectateur aura certainement beaucoup de mal à se prendre au jeu. Vu le peu d’efforts mis en oeuvre pour essayer de brouiller les pistes, il comprendra très vite dans quel camp chercher le coupable. Le script coécrit par Skip Woods (Die Hard : Belle journée pour mourir...) et David Ayer s’avère donc terriblement obsolète et plutôt indigne du furieux western contemporain vendu par sa bande-annonce. Les échanges de coups de feu sont plutôt timides et peinent à rehausser le spectacle malgré une présence toujours charismatique de tonton Arnold. Seul l’assaut chez "Tripod", sous forme de flashbacks finement intégrés au montage et une course poursuite en voiture qui respire la poudre sortent un peu du lot. Autant dire qu’on attendait vraiment quelque chose de plus consistant de la part du duo Ayer/Schwarzenegger. Le cinéaste nous avait habitué à tellement mieux par le passé. Son Sabotage se voulait âpre mais au final, a plutôt l’allure d’un vieux flingue qui aurait tendance à s’enrailler trop facilement.