Poker gagnant
Le 27 avril 2013
Un film bouleversant sur la paternité, la reconnaissance et, en définitive, sur l’amour entre les êtres.
- Réalisateur : Arnaud Desplechin
- Acteurs : Emmanuelle Devos, Jean-Paul Roussillon, Catherine Deneuve, Mathieu Amalric, Hippolyte Girardot, Nathalie Boutefeu, Noémie Lvovsky, Maurice Garrel, Catherine Rouvel, Olivier Rabourdin, Andrée Tainsy
- Genre : Drame, Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Bac Films
- Editeur vidéo : BAC Vidéo
- Durée : 2h30mn
- Date télé : 26 novembre 2022 20:49
- Chaîne : Ciné+ Frisson
- Date de sortie : 22 décembre 2004
- Festival : Festival de Venise 2004
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Nora (Emmanuelle Devos) s’apprête à épouser l’homme qu’elle aime sans passion, Ismaël (Mathieu Amalric) se retrouve dans un hôpital psychiatrique à la suite d’une étrange HDT (hospitalisation sur demande d’un tiers). Ces deux personnages, qui ont eu par le passé une liaison amoureuse, se retrouvent confrontés à des événements, tragiques pour Nora, dont le père meurt d’un cancer et qui doit tout à coup affronter les souvenirs encore brûlants de sa jeunesse comiques pour Ismaël, qui au gré d’aventures rocambolesques dans l’asile, semble aller de mieux en mieux. Les deux histoires se rejoignent lorsque Nora se rend à l’hôpital psychiatrique pour demander à Ismaël d’adopter Elias, le fils qu’elle a eu de sa toute première histoire d’amour.
Critique : Il était une fois deux rois, Ismaël et Elias, et une reine, Nora. Cela sonne comme le début d’un conte, mâtiné de références bibliques ; et cela sonne aussi le glas de l’époque de Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle), avec son scénario émaillé des affres des doctorants, de petites infidélités entre amis et de disputes conjugales. Pas de regrets à avoir : l’écriture de Desplechin, plus mature, n’en est que plus belle ; et les deux acteurs, Emmanuelle Devos et Mathieu Amalric, qui s’étaient déjà croisés dans Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle), trouvent ici deux grands rôles à la mesure de leur talent. Le ton, certes, se veut plus grave ; la tension dramatique est au rendez-vous, surtout au début du film, quand Nora, lumineuse et épanouie, se laisse peu à peu enfermer, face à son père agonisant, dans la douleur et la solitude. Sérieux, les thèmes abordés le sont tout autant : la relation ambivalente entre Nora et son père, faite d’adoration et de haine, la reconnaissance du petit Elias par Ismaël, que Nora souhaite tant, et l’amour, l’ancien amour presque imperceptible que l’on devine entre Nora et Ismäel.
Mais Desplechin traite aussi avec brio les facettes comiques de Rois et reine. Et c’est Mathieu Amalric qui s’y colle, avec des scènes burlesques d’anthologie : vol de médicaments dans la pharmacie de l’hôpital pour un avocat friand d’opiacés et autres substances morphiniques (Hippolyte Girardot), discussion sur l’âme féminine avec une séduisante psychiatre (Catherine Deneuve), et chasse aux pièces de monnaie pour appeler une psychanalyste chez qui Ismäel se rend sans faute, trois fois par semaine, depuis huit ans...
Deux personnages complexes, deux récits parallèles, deux vies qui se croisent et se recroisent, nous transportant du rire aux larmes, du loufoque au tragique. Nora, c’est peut-être notre jolie voisine, et Ismaël, l’homme un peu bizarre que l’on croise souvent dans la rue, ou bien, nous, tout simplement ? Merci, Monsieur Desplechin, d’avoir si bien montré que, un jour ou l’autre, chacun devient roi ou reine de sa propre histoire.
Le DVD
Le(s) supplément(s) à ne pas rater : La douce conversation entre Emmanuelle Devos et Arnaud Desplechin qui dissertent sur la nature de leur relation au fil de leur collaboration cinématographique ; complicité devrait-on plutôt dire tant leurs échanges sont simples et emplis d’une divine finesse. Il en ressort une analyse objective, sans langue de bois, sur les rapports qui unissent un réalisateur et son actrice.
De leur côté, Mathieu Amalric et Hippolyte Girardot évoquent leur travail sous la direction de Desplechin avec naturel et intelligence. Enfin, à ne pas rater aussi, la séance de répétition entre Desplechin et Devos pour une scène qui ne sera finalement jamais tournée. Envoûtant d’assister à ce ping-pong verbal où leurs identités respectives s’évanouissent progressivement au profit des personnages.
Image & son : Rien à souligner au niveau des spécificités techniques. Bénéficiant d’un solide master, l’image assez précise se décline selon différents codes couleur en fonction de l’état d’esprit d’Ismaël et de Nora. Les dominantes sont parfais chaudes et douces pour elle (bonheur avant mariage), criardes et agressives pour lui (hôpital psychiatrique). Exemple : à contrejour, la lueur matinale bleutée et glaciale dans laquelle baigne Emmanuelle Devos lors d’une scène extrêmement dure.
Le son quant lui profite d’un très bon mixage : parfois chuchotés, les dialogues ressortent avec encore plus de force et de conviction.
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.