Rio, année zéro
Le 24 janvier 2010
D’inspiration néo-réaliste, Rio ligne 174 donne à montrer la réalité des favelas brésiliennes. Malgré un récit quelque peu distendu, l’inspiration des acteurs donne à cette œuvre une jolie force émotionnelle sans jamais sombrer dans la sensiblerie facile.
- Réalisateur : Bruno Barreto
- Acteurs : Chris Vianna, Marcello Melo Jr., Michel Gomes, Gabriela Luiz, Anna Cotrim
- Genre : Drame
- Nationalité : Brésilien
- Editeur vidéo : TF1 Vidéo
- Date de sortie : 22 juillet 2009
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– Durée : 1h48mn
– Titre original : Ultima Parada - 174
D’inspiration néo-réaliste, Rio ligne 174 donne à montrer la réalité des favelas brésiliennes. Malgré un récit quelque peu distendu, l’inspiration des acteurs donne à cette œuvre une jolie force émotionnelle sans jamais sombrer dans la sensiblerie facile.
L’argument : 1983 : Marisa voit son fils Ale se faire enlever par le trafiquant de drogue local. 1993 : Sandro, qui vit dans la rue depuis que sa mère a été assassinée, se lie d’amitié avec Ale.
Juin 2000 : tout le Brésil assiste en direct à la télévision à la prise d’otage des passagers du bus 174 par un jeune délinquant et à l’intervention sanglante de la police. S’inspirant de faits réels, Rio ligne 174 mène une réflexion sur une société malade de sa violence.
Notre avis : Le premier quart d’heure de Rio Ligne 174 constitue une véritable mise en situation. Introduit par des cartons révélant leur nom et lieu d’origine, deux hommes, chacun prénommé Alé, sont immédiatement présentés comme les protagonistes principaux de ce récit tragique. Nous sommes mis en présence de deux destinées et c’est là tout le paradoxe : il n’y a aucun avenir possible pour ces jeunes individus. Le cinéaste fait de ces cas particuliers les vecteurs d’un discours frontal sur la réalité des favelas brésiliennes.
- © Océan Films
Les enfants sont livrés à eux-mêmes et découvrent les rouages de la vie dans la rue. Malgré la violence journalière, la rue devient la seule famille sur laquelle les orphelins peuvent compter. Bruno Barretto démarre son long métrage sur cette constatation en nous montrant la dérive d’un jeune garçon après la mort de sa mère. Si pendant quelques temps il trouve son bonheur à travers cette nouvelle indépendance, cette liberté se révèle rapidement être viciée par l’organisation souterraine urbaine où règne la loi du plus fort. Le cinéaste montre l’horreur que représente le quotidien de ces enfants sans défense, qui n’ont jamais eu l’opportunité de vivre dans un autre milieu que celui anonyme et agressif de la rue.
La démarche de Barretto dépasse la simple retranscription fictionnelle d’une réalité qu’il connait bien pour l’avoir lui-même vécu, il nous propose une vision documentée de cette vie. La caméra portée à l’épaule se déplace frénétiquement entre les adolescents qui courent et s’enfuient, effrayés par la police ou les gangs, dans les dédales d’une ville qui les ignore. Tourné en plein cœur de Rio, il devient difficile de distinguer ce qui relève de la fiction et ce qui dépend du réel - d’autant que des images d’archives de journaux télévisés s’insèrent dans la narration. C’est justement parce que le cinéaste ancre son long métrage dans une rigueur documentaire que l’on peut regretter certaines longueurs narratives qui ne font que ralentir la compréhension d’un récit déjà complexe.
- © Océan Films
Par la précision et l’attention portée aux conditions de vie et aux habitudes des enfants des favelas, on retrouve dans Rio ligne 174, l’esprit de Sciuscià de Vittorio de Sica rendant compte, par le biais de la fiction, du réel tangible des enfants orphelins au cœur du Rome d’après-guerre. Néanmoins, malgré des acteurs convaincants qui incarnent avec sensibilité leurs rôles, le choix de réaliser un documentaire sur cette population aurait permis une observation plus approfondie des évènements. On est cependant touché par la verve et la délicatesse qu’emploie Bruno Barretto à exprimer la détresse des enfants des favelas, ce qui fait de Rio Ligne 174 un récit incontestablement poignant.
- © Océan Films
Le DVD :
Une édition DVD qui offre un vrai regard sur le travail du cinéaste et de son équipe.
Les suppléments :
Le making-of de 17 minutes n’apporte pas de réel éclairage sur le film. Il nous est donné à voir une succession de tournage de scènes, sans aucun commentaire technique, scénaristique ou artistique. Pas inintéressant dans la mesure où l’on découvre l’envers du décor, dans les rues de Rio de Janeiro, ce bonus demeure cependant superficiel.
L’interview du cinéaste, découpée par thématiques, offre par contre une vision plus construite et argumentée de Rio Ligne 174 et met en avant le travail de toute l’équipe. Bruno Barretto développe ses idées et justifie ses choix de tournage. La rencontre avec Miche Gomes, l’acteur principal permet également de comprendre dans quel état d’esprit le jeune homme a tourné ce film et comment l’histoire qui est racontée a influencé la vie des jeunes de sa génération.
La bande-annonce est également disponible sur le DVD, ainsi que le catalogue d’Océan films.
L’image :
Le grain de l’image est bien retranscrit et participe à l’aspect réaliste du propos de Rio Ligne 174. Un beau travail.
Le son :
La latéralité est approfondie, un jeu sur la profondeur a été effectué. Le son en stéréo ou 5.1, en V.O ou V.F, est dans l’ensemble tout à fait correct et appréciable pour le champ intimiste du récit.
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