Le 10 février 2015
Un film courageux, qui s’attaque à un sujet délicat, la prostitution enfantine, sans toujours trouver l’angle juste.
- Réalisateurs : Ilaria Borrelli - Guido Freddi
- Acteurs : Philippe Caroit, Ilaria Borrelli, Seta Monyroth
- Genre : Drame
- Nationalité : Italien
- Durée : 1h39mn
- Date de sortie : 4 mars 2015
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– Prix du meilleur film aux Woman’s international film festival de Los Angeles et de Miami.
Un film courageux, qui s’attaque à un sujet délicat, la prostitution enfantine, sans toujours trouver l’angle juste.
L’argument : Mia, photographe parisienne à succès, décide de partir au Cambodge pour rejoindre son mari. Ce qu’elle va découvrir sur place va changer à jamais sa conception de la vie. Sa rencontre avec trois jeunes filles va l’amener à traverser le pays pour les aider à retrouver leur famille… Un voyage vers la rédemption, un chemin vers l’espoir et la liberté.
Notre avis : disons d’abord notre gêne : certes, le film aborde un sujet grave, la prostitution enfantine, et il le fait avec des intentions louables. Le juger selon des critères esthétiques paraît donc dérisoire, voire insultant par rapport aux enjeux. Néanmoins, même d’un point de vue moral, Retour à la vie pose problème : le malaise qu’on ressent à écouter une petite fille raconter les sévices qu’elle a subie en tant qu’esclave sexuelle rend ces passages difficiles à supporter. C’est sans doute nécessaire à une prise de conscience, mais on ne peut s’empêcher de se demander comment on peut faire jouer « ça » à une petite actrice. Peut-être qu’au fond la fiction n’est pas le meilleur moyen de dénoncer un tel scandale, et les grandes déclarations finales (« On ne peut plus fermer les yeux ») détonnent par rapport à l’individualisation de la narration. Toujours du point de vue moral, le fait que l’actrice-réalisatrice se mette constamment en avant avec ses doutes, ses dilemmes, ses réflexions, ses préoccupations, dans une quête intérieure « exemplaire » ajoute à notre gêne.
Mais Retour à la vie est d’abord un film de fiction, même si l’affiche précise cette tarte à la crème contemporaine : « inspiré de faits réels ». En tant que tel, il nous paraît singulièrement inégal, comme un mélange hétéroclite de belles idées cinématographiques et de clichés redoutables. Ces derniers proviennent essentiellement du scénario : dialogues faiblards ou redondants, incohérences, fin larmoyante et improbable. Le jeu des acteurs - et pas seulement les enfants- n’est pas non plus un atout. Enfin, quelques coquetteries malvenues contribuent à notre irritation.
© Destiny Distribution
Heureusement, les réalisateurs laissent parfois de côté leur tendance au prêche et nous offrent de beaux moments, qui ont en commun la simplicité, voire le dépouillement : la barque flottant lentement, les pieds d’une petite fille dans l’eau, les paysages magnifiques en plans larges soigneusement composés, la longue marche dans la jungle avec apparition et disparition de Srey, les prières adressées à l’arbre qui rythment le film, autant d’images qui témoignent mieux que les dialogues de la quête intérieure de l’héroïne. Celle-ci apprend non seulement à (re)devenir humaine (les premières séquences nous la montrent agacée, indifférente aux autres), mais également à regarder, à sentir. La quête passe alors par l’abandon du futile, pour se concentrer sur l’essentiel, ce combat contre les autorités, contre les injustices, mais aussi contre soi et son étroitesse. Il y a là une dimension quasi panthéiste qui nous touche d’autant plus que seule l’image la met en valeur.
Du strict point de vue cinématographique, on peut également souligner des trouvailles : le jeu sur les couleurs du début, le visage masqué du « général » par exemple. De même deux séquences, totalement différentes, sont magnifiquement filmées : la crémation de la première petite fille et le rejet de la deuxième par sa mère. On le comprend, c’est dans la cruauté ou dans la contemplation que le film excelle ; les bons sentiments, les querelles artificielles, la voix off explicative, tout ce qui se veut traduction de la générosité des auteurs (qu’il ne s’agit évidemment pas de mettre en doute) nous laisse en revanche dubitatif.
Répétons-le, juger un tel film n’est pas chose aisée : s’il est inattaquable du point de vue des intentions, s’il est nécessaire dans sa dénonciation, Retour à la vie, en tant qu’objet cinématographique, pèche par ce mélange de faiblesses malheureuses et d’inventions ponctuelles.
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