Rester Vertical : Guiraudie en compète à Cannes, récompense d’un génie marginal

Propulsé au devant de la scène grâce au succès du magnifique L’Inconnu du lac, Alain Guiraudie entre pour la première fois en compétition officielle du Festival de Cannes, avec Rester vertical.

L’argument : Léo, cinéaste en panne d’inspiration et en mal de paternité, est à la recherche du loup sur un grand causse de Lozère lorsqu’il rencontre une bergère, Marie. Quelques mois plus tard, ils ont un enfant. En proie au baby blues, et sans aucune confiance en Léo qui s’en va et puis revient sans prévenir, elle les abandonne tous les deux. Léo se retrouve alors avec un bébé sur les bras. C’est compliqué mais au fond, il aime bien ça. Et pendant ce temps, il ne travaille pas beaucoup, il sombre peu à peu dans la misère. Bientôt, la déchéance sociale le ramène vers les causses de Lozère et vers le loup...

Notes : Si Alain Guiraudie ne s’était jusqu’à présent jamais hissé jusqu’en compétition officielle du Festival de Cannes, le cinéaste avait déjà défrayé la chronique de la Croisette. En 2001, après un Prix Jean Vigo pour son moyen métrage sur la classe ouvrière Ce vieux rêve qui bouge, il se voit sélectionné pour le même film à la Quinzaine des réalisateurs. Ce qui donne l’occasion à Jean-Luc Godard d’affirmer qu’il s’agit alors du "meilleur film du Festival de Cannes". Alain Guiraudie présentera par la suite à la Quinzaine des réalisateurs Pas de repos pour les braves (2003) et Le Roi de l’évasion (2009), puis, dans la section Un certain regard en 2013, L’Inconnu du lac, qui lui vaudra un prix de la mise en scène. Dès lors, les critiques s’amourachent du cinéaste, avant qu’une polémique grotesque finissent de populariser L’Inconnu du lac.

Rien d’étonnant au fond de voir Alain Guiraudie sélectionné cette fois en compétition officielle, même si l’on ne cache pas la satisfaction de voir un réalisateur quasi marginal tel que lui accéder à pareille section. Preuve que la sélection officielle, qui récompense ici une filmographie inusitée entre conte et picaresque, revêt parfois aussi un peu d’audace.

À noter que le cinéaste aveyronnais a une nouvelle fois collaboré avec les producteurs Sylvie Pialat et Benoît Quainon, des Films du Worso. Le tournage de Rester vertical a eu lieu en Lozère, au niveau du marais Poitevin et de Brest. L’acteur Damien Bonnard interprète Léo, le rôle-titre. Gageons qu’Alain Guiraudie aura pour ce baptême du feu cannois conservé toute son authenticité.