Une rose pour la liberté
Le 8 septembre 2015
Film courageux qui entreprend de mêler drame politique et rencontre sentimentale, Red Rose semble avoir épuisé toute son énergie dans la révolution, laissant la dynamique sentimentale à bout de souffle.
- Réalisateur : Sepideh Farsi
- Acteurs : Shabnam Tolouei, Mina Kavani, Vassilis Koukalani
- Genre : Drame, Romance
- Nationalité : Français, Iranien, Grec
- Durée : 1h27mn
- Date de sortie : 9 septembre 2015
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Film courageux qui entreprend de mêler drame politique et rencontre sentimentale, Red Rose semble avoir épuisé toute son énergie dans la révolution, laissant la dynamique sentimentale à bout de souffle.
L’argument : Téhéran, juin 2009, au lendemain de l’élection présidentielle usurpée. Le tumulte d’une ville qui tangue sous la « Vague verte » de contestation. Un appartement comme lieu de refuge. Un homme et une femme de deux générations différentes. Un téléphone portable et un ordinateur pour relayer les nouvelles de la révolte. Une histoire d’amour qui bouleversera le cours de deux existences. © Urban Distribution
Notre avis : Huis-clos ayant pour cadre un appartement de Téhéran au moment des émeutes causées par la contestation des résultats aux élections iraniennes de juin 2009, Red Rose revendique clairement sa position politique, du côté des contestataires regroupés sous le mouvement de la « Vague verte », durement réprimé par le régime. Comme son héroïne, le long-métrage lance un appel à la liberté et revendique le droit de faire entendre sa voix au sujet des événements politiques en cours. Dans un usage habile des images d’archive pour figurer les affrontements extérieurs et leur influence inévitable sur le monde intérieur des personnages, le film s’ouvre sur la violence de la répression des manifestations éclatant dans la capitale. Cette violence, abstraite par la pixellisation des images, prises sur le vif avec des téléphones portables, est pourtant bien présente dans la bande-son. Le sentiment d’oppression est là, accentué par le flou visuel dans lequel se trouve au début le spectateur.
© Urban Distribution
L’urgence de trouver un refuge et la peur de se faire attraper par les forces policières du régime pousse le personnage de Sara, interprétée par Mina Kavani, dans l’appartement d’Ali, interprété par Vasssilis Koukalani. Une rencontre à travers laquelle la réalisatrice, Sepideh Farsi, choisit de traiter la confrontation entre deux générations. Ali a en effet perdu les idéaux politiques de sa jeunesse et regarde d’un œil désillusionné les élans de la Vague verte, qu’il pense vains. La passivité du personnage lui colle à la peau comme le fantôme du mouvement de révolte avorté auquel il avait cru. Quoi qu’il envisage de faire, Ali est en retard sur l’action. Face à lui, le personnage de Sara, jeune femme intrépide et combattive, offre une dynamique contraire remarquable. Incandescente, Sara est une femme qui nous échappe jusqu’au bout. Donnant au personnage une douce insolence, l’interprétation de Mina Kavani nous emporte par l’équilibre qu’elle parvient à accomplir entre espoir juvénile de renouveau et certitude d’avoir un rôle à jouer dans la perpétuation de la revendication politique – notamment grâce aux technologies numériques – tout en gardant les pieds sur terre.
© Urban Distribution
Là où la réalisatrice a su avec habileté mêler la rencontre de deux générations de révoltés, dessinant avec justesse le ressenti de chacun des personnages par rapport à ces événements, elle échoue cependant à nous convaincre de l’histoire d’amour naissante. Par rapport à Sara, si affirmée, le personnage d’Ali, dont le spectateur adopte le point de vue, reste trop en retrait et ne parvient pas à constituer un contrepoint suffisant. Enfin, la mise en scène déçoit parfois par son caractère trop explicite et évident, appesantissant le film. Ainsi, si l’on comprend l’intention de la scène finale, l’on regrette toutefois son côté didactique trop appuyé. Déjà marquante par la simple transformation physique du personnage, la longueur de la scène paraît d’une redondance gratuite dont l’on se dispenserait.
Red Rose est donc une prise de position politique, un engagement pour la liberté qui dépasse le cadre de la Vague verte iranienne, mais dans lequel la romance trouve, à regret, maladroitement sa place.
© Urban Distribution
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