Puzzle - la critique

Le monde du puzzle dévoilé, sans grand style et sans grande émotion.

L’argument : Maria del Carmen, femme au foyer, consacre sa vie à sa famille : son mari qu’elle aime toujours tendrement et ses enfants désormais adultes. Le jour de son anniversaire, elle reçoit un puzzle. Sa vie si bien organisée bascule lorsqu’elle se rend compte qu’elle a un don très spécial : elle peut assembler un puzzle à une vitesse incroyable...
Lorsqu’elle retourne à la boutique pour en acheter un nouveau, une annonce l’intrigue : un homme cherche un partenaire pour participer à un tournoi de puzzle. Elle rencontre alors Roberto, riche et séduisant célibataire avec qui elle va passer ses après-midi à s’entraîner pour le championnat. Ces moments privilégiés qu’elle cache à ses proches lui procurent de nouvelles sensations. Enfin, elle prend le risque de vivre pour elle-même...

Notre avis : Construire des puzzles est une activité compétitive méconnue qui donne même lieu à des championnats du monde. Des candidats, seuls ou en duo, s’affrontent pour monter un même modèle, le plus rapidement possible.

© Sophie Dulac Distribution

L’héroïne du premier long-métrage de Natalia Smirnoff, se découvrant un talent inné et une passion pour cet art de composition, se retrouve rapidement au stade final de la compétition. Partagée entre cette formidable découverte et sa vie de famille, elle a du mal à s’affirmer dans un domaine comme dans l’autre et à nous passionner dans ses dilemmes. Il faut dire que filmant pareillement sa vie quotidienne et ses moments de génie, la cinéaste oublie de rassembler les pièces, d’exposer en quoi cet engouement est constructif pour un personnage dont l’existence semble se redéfinir complètement autour des pièces qu’il assemble.
La cinéaste filme son héroïne sans grande passion, en particulier dans ses instants créatifs, alors qu’une partie du long-métrage repose sur ce don exceptionnel pour les puzzles dont la technique nous échappe complètement. La caméra est placée en retrait, loin des mains et du regard du personnage interprété par Maria Onetto, loin du plaisir du jeu et de l’intelligence dont cette femme fait preuve pendant ces moments de reconstruction.

© Sophie Dulac Distribution

C’est dommage, l’actrice, le regard grave, est très impliquée dans son rôle, consciente des bouleversements que vit son personnage et des conséquences sur sa vie. Ses duos avec Gabriel Goity et Arturo Goetz avec qui elle avait déjà joué dans La Nina Santa, sont tout à fait convaincants : les relations entre les différents protagonistes se révèlent plus complexes qu’en apparence. Mais si Natalia Smirnoff a choisi des acteurs puissants, ceux-ci ne peuvent cependant pas pallier aux manques stylistiques et aux inévitables lourdeurs métaphoriques. Le parallèle entre la construction des puzzles et la recherche d’un équilibre est surligné par des symboles trop explicites pour convaincre, à l’image de l’assiette brisée que la protagoniste s’attache à recoller comme si sa vie en dépendait. Bref, tout cela ne nous captive pas beaucoup.

© Sophie Dulac Distribution