Promised land - la critique

Sur un sujet aussi captivant que le gaz de schiste comme alternative énergétique, Gus Van Sant nous livre l’une de ses œuvres les plus insipides. Quant au parcours quasi sans faute de Matt Damon, on attend toujours ce nouveau départ qui lui fait tant défaut pour l’instant...

L’argument : Steve Butler, représentant d’un grand groupe énergétique, se rend avec Sue Thomason dans une petite ville de campagne. Les deux collègues sont convaincus qu’à cause de la crise économique qui sévit, les habitants ne pourront pas refuser leur lucrative proposition de forer leurs terres pour exploiter les ressources énergétiques qu’elles renferment. Ce qui s’annonçait comme un jeu d’enfant va pourtant se compliquer lorsqu’un enseignant respecté critique le projet, soutenu par un activiste écologiste qui affronte Steve aussi bien sur le plan professionnel que personnel...

Notre avis : Derrière ce titre ô combien évocateur (de "Terre promise") se cache en réalité la ressource souterraine dont pourrait tirer profit une grosse multinationale américaine grâce à l’extraction du gaz de schiste. Le sujet est au cœur de l’actualité puisqu’il concerne l’enjeu mondial de demain dans la course contre la montre aux énergies alternatives dites "propres". Même la classe politique française s’est emparée du débat puisqu’il se retrouvera au centre des préoccupations écologiques dans les années cruciales à venir, et cela entre autres face au nucléaire... Quant au récent docu-brûlot Gasland, le propos semble limpide comme de l’eau de roche puisqu’il n’y va pas par quatre chemins en dénonçant la technique de fracturation qui viendrait contaminer la nappe phréatique. Alors, finalement, le gaz de schiste : polluant ou pas ? En tout cas, la question divise également l’opinion publique (avec un gaz au nom pareil, il n’y a rien d’étonnant à ce que les avis divergent !). C’est ce constat qui sert de point de départ à cette nouvelle collaboration, déjà la quatrième, entre Matt Damon et Gus Van Sant. Soyons clairs, on reconnaît difficilement ce coup-ci la patte du génial réalisateur à qui l’on doit Elephant et Paranoid Park. En effet, cette nouvelle réalisation trouve plutôt sa place aux côtés des rares productions de sa filmographie destinées à un plus large public, d’emblée reconnaissables par leur facilité scénaristique, à l’instar d’ À la rencontre de Forrester et de Will Hunting. Promised land présente de nombreuses similitudes avec ce dernier, à commencer par le fait qu’ils sont nés en partie de l’imagination de Matt Damon ; dès lors qu’il a coécrit à nouveau le script original avec l’aide d’un autre acteur, également à l’affiche du film concerné : ce fut bien évidemment d’abord au tour de Ben Affleck, suivi ensuite par son frère Casey pour Gerry ; quant à celui-ci, il s’agit du comédien John Krasinski, lequel tenait l’un des deux rôles principaux dans Away we go. À la base, Matt Damon devait aussi en assurer la mise en scène. Faute de temps, son ami Gus vint à la rescousse... Hormis l’une ou l’autre magnifique envolée, surplombant le paysage rural de Pennsylvanie, le film ne décolle jamais vraiment, préférant ne pas quitter le plancher des vaches ! Finalement, tout l’intérêt de Promised land réside dans le dilemme moral qui habite dans un premier temps le personnage de Steve Butler (joué par Matt Damon), représentant archi-rentable auprès d’une société de forage qui pèse la coquette somme de 9 milliards de dollars. Ayant grandi parmi les animaux de la ferme, il est justement envoyé dans une importante communauté agricole pour convaincre la population locale de la nécessité de coopérer avec le géant du gaz. Malheureusement, cela se gâte assez vite par la suite ! La faute à un scénario trop prévisible qui préfère faire la part belle à une banale histoire d’amourette dont on se serait volontiers passé...