Ambiance, ambiance
Le 8 octobre 2013
Après Incendies, Denis Villeneuve marque son arrivée dans le circuit hollywoodien avec Prisoners, un thriller psychologique sombre et angoissant. Une entrée remarquable donc...
- Réalisateur : Denis Villeneuve
- Acteurs : Maria Bello, Jake Gyllenhaal, Hugh Jackman, Terrence Howard, Viola Davis, Melissa Leo, Paul Dano, Dylan Minnette
- Genre : Thriller
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Société nouvelle de distribution (SND)
- Durée : 2h33mn
- Date télé : 25 septembre 2024 22:44
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 9 octobre 2013
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Résumé : Dans la banlieue de Boston, deux fillettes de 6 ans, Anna et Joy, ont disparu. Le détective Loki privilégie la thèse du kidnapping suite au témoignage de Keller, le père d’Anna. Le suspect numéro 1 est rapidement arrêté mais est relâché quelques jours plus tard faute de preuve, entraînant la fureur de Keller. Aveuglé par sa douleur, le père dévasté se lance alors dans une course contre la montre pour retrouver les enfants disparus. De son côté, Loki essaie de trouver des indices pour arrêter le coupable avant que Keller ne commette l’irréparable… Les jours passent et les chances de retrouver les fillettes s’amenuisent…
Critique : On pourrait croire le thriller aujourd’hui sous-exploité au cinéma. Les films signifiants dans le genre sont rares, probablement en raison d’une appropriation incessante de leurs ficelles à la télévision (Ncis, Les Experts : Miami, Manhattan, Tombouctou, Dexter, Bones...), causant ainsi la quasi-disparition du bon thriller au cinéma, alors qu’il fleurissait dans les années 90 (Seven, Le silence des agneaux, Basic Instinct...). On peut dire sans trop se mouiller que l’équipe de Prisoners est parvenue à générer un nouveau jalon qui fera sans nul doute date dans le genre, laissant une empreinte forte sur les spectateurs.
- © Tobis Film
Il faut à peine quinze minutes de film pour nous retrouver happés et paralysés par l’anxiété et la tension que génèrent les premières images de Prisoners. Ce drame saisissant inscrit sa narration sur une enquête autour de la disparition de deux enfants, confrontant les troubles des parents des jeunes kidnappées (notamment Hugh Jackman en père, remarquable) à ceux d’un inspecteur aux pensées tortueuses qui ressasse ses propres traumas de gamin abusé.
Si le point de départ peut paraître banal, la réussite, elle, est patente. Esthétiquement, le film est superbe et baigne dans une ambiance prégnante. On trouve naturellement les superbes compositions presque mono-chromique de Roger Deakins (Skyfall, L’assasinat de Jesse James par le lâche Robert Ford) et un traitement de l’image très sobre, lorgnant du côté de l’hyper-réalisme à l’image de l’opus précédent de Denis Villeneuve, primé aux Oscars : Incendies. On notera surtout, la qualité d’écriture du scénario qui par chance ne réduit pas les enjeux à ceux d’un film à tiroir scripté, mais préfère plutôt développer les personnages en utilisant la trame scénaristique comme outil. Sur deux heures trente de métrage, parfois peut-être un peu trop long, une multi-chorégraphie de points de vue est exposée, alternant les regards internes des familles (Hugh Jackman, Viola Davis ou encore Terrence Howard) avec celui, extérieur, tout aussi dépressif, du détective incarné par Jake Gyllenhaal. Prisoners redouble d’intelligence en incluant même un troisième angle, celui des suspects qui déclenchent inexorablement des réactions en chaîne chez les autres personnages, alors qu’avance l’investigation.
- © Tobis Film
On pourra néanmoins regretter que ce troisième point de vue semble un peu plus lâche, voire bâclé. En effet, si toute la tension dramatique se focalise essentiellement sur les familles, la figure du criminel, prisonnière d’un parti pris du réalisateur, reste clairement sous-employée. Denis Villeneuve fait un choix très discutable, versant dans le cliché quand il n’attribue au meurtrier qu’un simple prétexte pour justifier ses actes. C’est peut être le seul point qui sépare la réussite de Prisoners de celle de Zodiac, référence première ici : le thriller de Fincher un peu dégradé à sa sortie, mériterait au passage d’être rediscuté. On perçoit ici clairement les influences de ce titre méconnu, tant par l’esthétique sobre et classieuse que par la capacité à maintenir les spectateurs en haleine en dépit d’une durée excessive.
Si Prisoners n’est pas le film policier de la décennie, il reste un superbe drame familial sublimé par une trame scénaristique infernale, ainsi que des acteurs épatants dans des rôles où on ne les attendait pas. Le polar au budget moyen, a cartonné aux USA (50M$ en moins de 18 jours), il devrait en faire autant en France. En tout cas, il en possède le potentiel commercial et émotionnel.
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