Le 4 mars 2024
Pride est profondément touchant de par ses ruptures de ton et son aptitude à donner une incarnation cinématographique à un événement historique peu médiatisé en son temps.
- Réalisateur : Matthew Warchus
- Acteurs : Paddy Considine, Dominic West, Imelda Staunton, Bill Nighy, Joseph Gilgun, George Mackay, Andrew Scott, Ben Schnetzer
- Genre : Comédie, LGBTQIA+
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : Pathé Distribution
- Durée : 1h57mn
- Date télé : 3 novembre 2022 20:55
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 17 septembre 2014
- Festival : Festival de Cannes 2014
Résumé : Été 1984 : Margaret Thatcher est au pouvoir et les syndicats de mineurs sont en grève générale. Pendant la Gay Pride de Londres, un groupe d’activistes LGBT décide de récolter des fonds pour les familles des mineurs en grève. Le problème est que les syndicats semblent très embarrassés de ce soutien inattendu. Loin d’être découragé, le mouvement LGBT décide de s’adresser directement aux mineurs sans passer par les syndicats. Les activistes repèrent un village minier perdu au milieu du Pays de Galles et entreprennent une tournée en bus afin de remettre directement l’argent récolté aux mineurs...
Critique : Le film s’inscrit dans le courant d’un cinéma anglais mêlant comédie et dénonciation sociale. Plus qu’aux brûlots de Stephen Frears, Ken Loach et Mike Leigh, la Sainte Trinité de cette mouvance, on songe à des œuvres plus modestes mais efficaces et qui connurent un retentissant succès, à l’instar de The Full Monty (P. Cattaneo, 1997), Les virtuoses (M. Herman, 1996), ou Billy Elliot (S. Daldry, 2000). Un cinéma populaire jouant sur le registre du rire, de l’émotion, et du premier degré, avec une aisance dans l’art de doser les différents ingrédients. Les spectateurs les plus pressés et blasés se contenteront de la bande-annonce, spoiler à elle-seule, mais qui donnera une image caricaturale de cette œuvre attachante et salutaire. Pride ne révolutionnera certes pas l’esthétique du cinéma, pas même celle du film engagé, tant son style télévisuel classique avec champ-contrechamp et ses clichés toutes les cinq lignes de scénario et de dialogues pourront faire sourire et ou agacer. Au-delà de cette banalité de la forme, Pride est profondément touchant de par ses ruptures de ton et son aptitude à donner une incarnation cinématographique à un événement historique peu médiatisé en son temps.
- Copyright Senator Entertainment
La solidarité entre les ouvriers grévistes et les militants gays est ici surprenante à plus d’un titre, même si l’ennemi commun, la redoutable Dame de fer, semble les amener au départ à une alliance de circonstance contre une incarnation rigide du pouvoir. Matthew Warchus, le réalisateur, qui avait dix-huit ans au moment de la fameuse grève des mineurs de 1984, semble apporter ici le souvenir d’événements qui l’ont révolté et marqué dans sa jeunesse, et qu’il a eu le temps de s’approprier pour en faire une œuvre de cinéma à laquelle il tenait depuis longtemps. Évitant les écueils du récit « tiré d’une histoire vraie », véritable tarte à la crème du cinéma contemporain, il n’hésite pas à jouer avec brio du comique de situation et des invraisemblances réjouissantes concernant des personnages pittoresques, de l’amitié sincère entre une vieille dame bienveillante et deux « lesbiennes végétaliennes » aux maladresses de vieux garçons endurcis qui découvrent la danse seulement au contact d’un pilier des boîtes gays londoniennes.
- Copyright Senator Entertainment
Les méchants sont croqués avec saveur, des parents petits-bourgeois refusant l’homosexualité de leur fils (George Mackay, révélé par For Those in Peril), à la veuve aigrie trahissant la communauté et flanquée de deux fils homophobes. Pride est en fin de compte un film fort sympathique, tout autant qu’un hymne à la tolérance et un document plus qu’honorable sur la fusion entre conflits du travail et sociétal, et qui n’oublie pas d’évoquer la pression et l’angoisse suscitées par la découverte du virus du sida au milieu des années 80, sans tomber dans les pièges de la démagogie et du film larmoyant. Et même si Hunger (2008) de Steve McQueen évoquait davantage avec force les méfaits de l’ère Thatcher, Pride est bien plus réjouissant que le biopic académique avec Meryl Streep. Il a en tout cas amplement mérité de clôturer la Quinzaine des Réalisateurs 2014 et Matthew Warchus n’a pas volé la Queer Palm.
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Marla 20 septembre 2014
Pride - Matthew Warchus - critique
Pride est bien sympathique, et il y a plein d’autres comédies solidaires à l’anglaise qui valent le coup : http://marlasmovies.blogspot.fr/2014/09/pride-la-cause-gay-en-sol-mineur.html