Post tenebras lux de Carlos Reygadas - Prix de la Mise en scène

Les amateurs de curiosités contemplatives se souviennent des longs métrages étranges de Carlos Reygadas. Révélé à la Quinzaine des Réalisateurs en 2002 avec Japon, mention spéciale à la Caméra d’or, le cinéaste mexicain avait su imposer son univers âpre et sensoriel. Batalla en el cielo poussait l’expérience encore plus loin, dans des vertiges psychologiques, de chair, de sang et de poussière qui lui avaient permis de se retrouver en sélection officielle. Il avait même obtenu, à Cannes en 2007, un Prix du Jury avec son très statique Lumière silencieuse dont les 2h15 avaient mis à mal la santé mentale des journalistes en fin de festival ! De lumières, il en est de nouveau question cette année dans Post Tenebras Lux ("après les ténèbres, la lumière"), une coproduction franco-mexicaine en lisse pour la Palme d’or qui se veut autobiographique !

Avis à chaud : Formellement, le film de Carlos Reygadas force le respect et est dans la continuité de ses précédents récits agraires et charnels. Une superbe photo est au service de plans-séquences scrutant une nature aride, une famille agitée et un bestiaire local, sans oublier des êtres fantomatiques peuplant l’univers mental de personnages névrosés. Post Tenebras Lux a ainsi une place cohérente dans la programmation cannoise, entre les délires auteuristes de Leos Carax et la lenteur contemplative d’un Sergei Loznitsa. Comme si les secondes parties de soirée devaient se répondre dans l’épure et le minimalisme. C’est qu’en dépit du style rigoureux, jamais le scénario ne nous touche véritablement. Reygadas a contracté la maladie d’un certain cinéma contemporain : il est soporifique. Ce qui ne l’empêche pas de pouvoir espérer un prix de la scène ou du Jury pour ses audaces visuelles.