Le 22 juin 2015
Le classique fondateur du tandem Tobe Hooper/Steven Spielberg se fait lifter en 3D : la copie est conforme.
- Réalisateur : Gil Kenan
- Acteurs : Sam Rockwell, Rosemarie DeWitt, Jared Harris
- Genre : Épouvante-horreur
- Nationalité : Américain
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 24 juin 2015
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Le classique fondateur du tandem Tobe Hooper/Steven Spielberg se fait lifter en 3D : la copie est conforme.
L’argument : Une famille tranquille emménage dans une maison qui devient le théâtre d’étranges phénomènes. Une nuit, la cadette est enlevée. La famille doit alors affronter un poltergeist qui ne leur laisse aucun répit.
Notre avis : Poltergeist est un classique de l’épouvante eighties, l’un des plus gros succès du genre, avec une 8e place annuelle au box-office américain, en 1982. Produit et co-réalisé par Steven Spielberg, et officiellement réalisé par Tobe Hooper (Massacre à la tronçonneuse), ce classique a inspiré bon nombre d’ersatz, dont la dernière est ni plus ni moins un remake 3D officiel, proposé par Paramount.
Du décor aux répliques, en passant par les personnages des classes moyennes propres à l’environnement dans lequel Spielberg a grandi, le film est un calque du Poltergeist original.
L’approche est identique, confronter le spectateur a une peur irrationnelle née d’un cadre a priori anodin. La maison que la famille Bowen vient d’acheter est on ne peut plus banale : un lieu sans charme particulier, dans un quartier résidentiel aseptisé, quasiment sous les lignes à haute-tension.
(C) 20th Century Fox/MGM
Le parti pris d’un décor non spectaculaire est conservé, de façon surprenante pour le spectateur contemporain, pour qui la maison hantée est associée à des architectures gothiques plus complexes, qui provoquent l’effroi dès le premier coup d’oeil. La demeure de Poltergeist 2015 est pourtant un personnage à part entière, dans sa simplicité géométrique. Point de trappe cachée s’ouvrant sur un sous-sol ténébreux, ni de grenier poussiéreux, exit les planchers qui grincent, l’épouvante naît ici d’une simplicité sans charisme, où l’on n’imagine pas qu’un esprit malin puisse venir s’y blottir.
C’est donc à la réalisation de Gil Kenan de porter la lourde responsabilité de faire de ce cube habité un lieu maléfique. Le réalisateur de Monster House, oui, déjà une maison hantée, mais dans le domaine de l’animation, n’en est pas à son premier défi technique. On se souvient aussi de la dystopie La cité de l’ombre, et de ses décors alambiqués censés reproduire un univers souterrain, au plus profond de la croûte terrestre, loin de la surface dévastée de notre planète. Le cinéaste a un certain savoir-faire dans le domaine.
Toutefois, Gil Kenan ne cherche pas à imprégner le remake de sa personnalité, clonant le film d’origine, dont il garde un peu trop l’ADN. Aussi, il s’appuie sur les vieux ressorts du genre : portes qui claquent, clown terrifiant animé de vie, poupées louches, tempête et végétation déchaînées, lumières possédées… Cette accumulation de figures et de mécanismes caractéristiques du cinéma d’épouvante peut-elle encore faire peur en 2015, alors que le cinéma de genre cumule les productions "hantées", d’Insidious à Paranormal activity, qui joue lui-aussi sur le réalisme d’un habitat normal, et surtout Conjuring, devenu l’un des plus gros succès du genre, deux ans plus tôt.
Production policée, pas même interdite aux moins de 12 ans (on se souvient de la lourde classification aux moins de 18 ans de l’original, pour une scène de défiguration), le nouveau Poltergeist cherche à rendre hommage à des auteurs qui sont hors de sa portée. Film train fantôme où les branches d’un arbre se transforment en mains crochues qui arrachent les garçons de leurs lits, où les morts-vivants sortent les bras des tréfonds de la terre pour s’agripper aux chevilles, où les monstres se dissimulent bien sous les lits et dans les placards des enfants, le remake 3D procure donc des sensations dignes d’un manège.
(C) 20th Century Fox/MGM
Les effets spéciaux constituent la vraie amélioration notable de cette adaptation contemporaine. Déjà en avance sur leur temps en 1982 grâce à la maîtrise technique de la société ILM de George Lucas (le budget FX représentait une grosse partie du budget du premier film), ils nous portent au-delà des sensations que l’on peut ressentir, nous immergeant dans l’autre dimension, celle que le film de 1982 ne faisait que suggérer. Quand un des membres de la famille passe le portail pour aller secourir la fillette égarée de l’autre côté, contrairement à Tobe Hooper, Gil Kenan nous montre cet autre monde, de l’intérieur.
Autre adaptation notable, les nouvelles technologies. Spielberg faisait de la télévision, alors l’un des piliers de tout bon foyer américain au début des années 80, l’un des vecteurs de communication privilégiés entre l’au-delà et le monde des vivants (et surtout des enfants) ; d’autres écrans font ici leur apparition, confirmant ainsi la critique sous-jacente sur l’importance excessive des technologies qui happent, ici, au sens propre et figuré, les plus jeunes.
Malheureusement, ce film de faux-semblant se réfugie volontiers dans ce double-fond et, à l’image de Poltergeist 3 de Gary Sherman (1988), ne s’avère être qu’un film miroir de plus, beaucoup trop proche de son sujet d’origine.
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