Le 29 mai 2013
Transcendant un sujet devenu le filon d’un certain cinéma documentaire au label « développement durable » miné par la redondance et le politiquement correct, Akin réussit un pari tant citoyen qu’artistique.
- Réalisateur : Fatih Akin
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Turc
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Editeur vidéo : Pyramide Video
- Durée : 1h38mn
- Titre original : Der Müll im Garten Eden
- Date de sortie : 29 mai 2013
- Festival : Festival de Cannes 2012
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Résumé : Les habitants du village de Camburnu au nord-est de la Turquie se battent contre la décision du gouvernement de faire de leur communauté un dépotoir, après la construction d’une décharge dans un mépris total de l’environnement.
Critique : C’est en tournant la scène finale de son film De l’autre côté que Fatih Akin a entendu parler de cette catastrophe écologique mettant en péril le village natal de ses grands-parents. À la manière d’un Michael Moore revisitant son Flint familial après les ravages des fermetures d’usines dans Roger et moi, Fatih Akin, considéré comme un enfant du pays, se montre directement impliqué dans une action collective avec laquelle il est mécaniquement solidaire, par ses attaches affectives et ses souvenirs d’enfance. Pendant plusieurs années, il a donc filmé le combat des villageois contre des institutions bureaucratiques, tout en montrant au plus près les conséquences des méfaits de l’obstination politique et administrative : infection de l’air, contamination de la nappe phréatique, désastre pour les oiseaux et chiens errants... Transcendant un sujet devenu le filon d’un certain cinéma documentaire au label « développement durable » miné par la redondance et le politiquement correct, Akin réussit un pari tant citoyen qu’artistique.
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Loin du narcissisme d’un Bernard-Henri Lévy se prenant pour le sauveur de l’humanité dans Le Serment de Tobrouk, l’auteur de Head-on se met plutôt en retrait et préfère donner la parole à des habitants d’une rare dignité, dont un photographe amateur devenu le chroniqueur du village et une cultivatrice de thé combative, morte pendant le tournage. Il met aussi en avant une nouvelle génération tout autant solidaire mais ne voyant en l’état actuel des choses aucun avenir dans la région. Sans avoir la force et le recul de Tous au Larzac (Christian Rouaud, 2011), qui constituait davantage un document historique, Polluting paradise joue plutôt la carte du pamphlet, agrémenté de références musicales qui étaient plus explicites dans Crossing the Bridge : The Sound of Istanbul, son précédent documentaire. Parenthèse mineure mais courageuse dans sa filmographie, cette œuvre salutaire mérite une large distribution pour faire triompher sa cause.
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