Le voyage au centre de la matière grise
Le 28 novembre 2015
Le dernier long-métrage de Nurith Aviv oscille subtilement entre raison et émotion, explorant à la fois les méandres du cerveau et le vécu de la réalisatrice elle-même. Un véritable régal !


- Réalisateur : Nurith Aviv
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Israélien
- Durée : 1h06mn
- Date de sortie : 2 décembre 2015

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Le dernier long-métrage de Nurith Aviv oscille subtilement entre raison et émotion, explorant à la fois les méandres du cerveau et le vécu de la réalisatrice elle-même. Un véritable régal !
L’argument : Dans son film Poétique du Cerveau, Nurith Aviv tisse des liens entre récits biographiques et récits sur le biologique. A partir de photographies issues de ses archives personnelles, des souvenirs et des réflexions que ces images éveillent en elle, la cinéaste va à la rencontre de chercheurs en neurosciences pour évoquer avec eux des sujets tels que la mémoire, les neurones miroirs, le bilinguisme, la lecture, l’odeur, ou encore les traces de l’expérience...
Notre avis : Une photographie des parents de la cinéaste ouvre le long-métrage. Dès la première minute, on plonge dans la vie de Nurith Aviv. Et quel bonheur ! Elle se confie et livre son histoire personnelle, celle de sa mère, de sa grand-mère. L’aspect autobiographique captive de par sa simplicité.
(C) Margo Cinéma
À travers des souvenirs des moments d’une vie qui démarre à Paris, d’un petit appartement en Israël, les anecdotes nostalgiques captivent. Dans son exercice autobiographique, il ne faut rien oublier, et pour mieux comprendre son parcours, la réalisatrice joint un discours scientifique pertinent, l’aidant à appréhender la mécanique complexe du cerveau. Elle est aidée de témoignages de scientifiques et de neurologues (Vittorio Gallese, Yanin Dudai, Laurent Cohen…), le tout dans un bain linguistique qui sied bien à sa démarche personnelle. Les chercheurs interrogés jettent un éclairage sans fausse simplicité sur les neurones miroir, le cortex, l’hippocampe.
Du point de vue de la narration, la trame est bien ficelée, articulée sur des des sujets tels que l’odeur, le bilinguisme, l’expérience. Si l’approche peut paraître pédagogique et résulte d’une volonté d’accomplissement personnel de la part de l’auteure, les interventions pointues des chercheurs sont opportunes pour acquérir les outils de discernement et de connaissance du thème traité. Les remarques linguistiques sont passionnantes, venues notamment de Sharon Peperkamp, Directrice de Recherche du Laboratoire des Sciences Cognitives et Psycholinguistiques de Paris, qui nous apprend beaucoup de choses sur les facultés d’adaptation développées par les bébés bilingues, comme elle.
A la différence d’autres titres de sa filmographie solide, dont Allenby, passage, Langue sacrée, langue parlée ou Annonces, Nurith Aviv, ici, ne se contente pas de poser sa caméra pour filmer. Elle ne reste pas à l’écart, jusqu’à devenir pour la première fois le sujet du documentaire. Ses références personnelles permettent de mieux comprendre l’univers de la neurologie, et inversement. De ce fait, la documentariste parvient à faire basculer le documentaire informatif dans une dimension littéralement poétique totalement séduisante. Les amateurs de son cinéma linguistique pointu apprécieront.