Sous l’océan, personne ne vous entend crier
Le 27 janvier 2015
Plongée étourdissante dans les fonds marins norvégiens et dans les engrenages politiques de la chasse au pétrole, le nouvel opus de l’auteur original d’Insomnia ne réalise pas toutes ses ambitions mais parvient néanmoins à poser une tension mémorable.
- Réalisateur : Erik Skjoldbjaerg
- Acteurs : Aksel Hennie, Wes Bentley, Stephen Lang, Stephanie Sigman
- Genre : Thriller
- Nationalité : Français, Allemand, Suédois, Norvégien, Finlandais
- Durée : 1h46mn
- Titre original : Pionér
- Date de sortie : 28 janvier 2015
L'a vu
Veut le voir
Plongée étourdissante dans les fonds marins norvégiens et dans les engrenages politiques de la chasse au pétrole, le nouvel opus de l’auteur original d’Insomnia ne réalise pas toutes ses ambitions mais parvient néanmoins à poser une tension mémorable.
L’argument : 1980, Norvège. Un gigantesque gisement de pétrole est découvert dans les profondeurs des fonds marins. L’État norvégien collabore avec les États-Unis pour débuter l’extraction du pétrole. Petter et son frère font partie des plongeurs envoyés dans les eaux abyssales pour cette mission. Lors de l’une de leurs descentes, un étrange accident arrive à l’un d’eux. Commence alors une incroyable quête de vérité.
Notre avis : Pioneer est le fruit d’un habitué des thrillers étouffants en la personne d’Erik Skjoldbjaerg à qui l’on doit déjà entre autres Hold-up et Insomnia. Ce dernier fut l’objet d’un remake réussi signé Christopher Nolan et Pioneer devrait bientôt partager ce destin sous l’égide de George Clooney. Pas difficile d’imaginer ce qui a pu attirer ces cinéastes dans l’œuvre de Skjoldbjaerg tant sa filmographie s’inscrit pleinement dans la grande lignée des thrillers paranoïaques américains des années 70. Cette plongée en apnée littérale dans le monde des extracteurs de pétrole fait bon usage de son cadre original et rarement exploité au cinéma et bénéficie d’un point de départ historique fort et riche d’enjeux majeurs pour la Norvège mais exploite le tout dans une intrigue au suspense malheureusement un peu cliché et prévisible. Car Pioneer est un film à deux temps. Avant que l’enquête ne prenne le dessus dans la seconde moitié, le spectateur est immergé en premier lieu dans des scènes fascinantes de plongée en profondeurs où les malaises se mélangent aux hallucinations. L’angoisse du protagoniste Petter, volontairement coincé dans des situations extrêmes, est capturée intelligemment par un dispositif cinématographique original et une excellente performance d’acteur. Cette combinaison permet de créer très rapidement une montagne de tension qui montre vite ses limites.
Dans le rôle principal, l’acteur norvégien culte Aksel Hennie (vu dans Headhunters et Hercule) impose son visage troublé. Si l’ensemble du casting est plus que solide, les personnages américains sont réduits à des caricatures. On regrettera ainsi que les grands méchants du film ne sont pas bien difficiles à repérer, il ne leur manque qu’un petite barbichette pour les rendre encore plus évidents. Car quand les masques commencent à tomber, Pioneer ne tarde pas à suivre et la seconde moitié du long-métrage perd de sa singularité et sombre dans une problématique de thriller et d’enquête qui n’est pas sans qualités mais souffre néanmoins d’un alignement de clichés que le réalisateur n’arrive pas vraiment à greffer à son film de manière organique.
Malgré ces quelques maladresses scénaristiques, il faut néanmoins saluer le travail d’Erik Skjoldbjaerg et de son équipe qui accomplissent avec Pioneer un travail visuel et sonore profondément éprouvant pour le spectateur. Du générique, qui présente des images d’archives sur les sonorités électroniques du duo français Air, jusqu’à l’emploi d’un 2.35 parfois élégant et serein, parfois volontairement chaotique dans ses effets de cinéma vérité, le résultat est impressionnant. Les scènes de plongées tirent magnifiquement leur épingle du jeu. Le contraste entre la calme beauté des fonds marins et les fragiles personnages oppressés par leurs peurs qui y tentent l’impossible fait tout le sel du film. Finalement, on sort de Pioneer avec le regret que le long-métrage utilise ces scènes avec trop de parcimonie et que la balance pèse davantage du côté d’une enquête déjà vue mille fois ailleurs. Une légère déception donc, mais qui propose néanmoins des moments de grâce uniques et mémorables.
- © KMBO
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.