Wenders se met à la 3D pour rendre hommage à Pina
Le 23 juin 2013
"Dansez, dansez, sinon nous sommes perdus !" À l’aide d’une utilisation remarquable de la 3D, Wim Wenders prend à la lettre cette phrase de Pina Bausch et nous éblouit dans cet hommage à la chorégraphe en forme d’hymne à la vie.
- Réalisateur : Wim Wenders
- Acteur : Pina Bausch
- Genre : Documentaire, Musical, 3D
- Nationalité : Français, Allemand
- Durée : 1h43mn
- Reprise: 25 octobre 2023
- Date de sortie : 6 avril 2011
– Reprise en version restaurée : 25 octobre 2023
Résumé : PINA est un film pour Pina Bausch de Wim Wenders. C’est un film dansé en 3D, porté par l’Ensemble du Tanztheater Wuppertal et l’art singulier de sa chorégraphe disparue à l’été 2009.
Critique : De documentaire sur Pina Bausch, le dernier long-métrage de Wim Wenders est devenu un film « pour Pina Bausch ». Alors que le cinéaste de Paris, Texas préparait depuis six mois déjà le tournage de ce documentaire avec la chorégraphe, celle-ci s’est brusquement éteinte en août 2009. Le projet aurait pu s’arrêter là mais, soutenu par toute la troupe, Wim Wenders a décidé d’orienter son film différemment pour en faire un hommage à Pina Bausch.
Si l’hommage à la chorégraphe se fait également par l’intermédiaire de courtes citations entendues en voix off, c’est avant tout son travail qui est célébré ici à travers ses pièces. Sur des œuvres musicales célèbres comme Le Sacre du printemps de Stravinski, on en découvre ainsi de longues séquences filmées en public et dans les conditions du direct. Mais s’il adopte de temps à autre le point de vue d’un spectateur venu assister à un spectacle de danse (on peut apercevoir en amorce les premiers rangs d’une salle de spectacle), c’est lorsque Wim Wenders s’invite sur scène qu’on dépasse ce qui n’aurait été que du « théâtre filmé ». Sans jamais trahir le travail de Pina Bausch, le réalisateur a ainsi la bonne idée d’ajouter sa mise en scène à celle déjà élaborée par la chorégraphe, en se focalisant sur un danseur, en suivant son mouvement ou en profitant aussi du décor. Pour cela, Wenders a eu recours à la 3D stéréoscopique. Le film n’existe d’ailleurs que grâce à cette technologie puisqu’elle a apporté, selon le réalisateur, le langage esthétique nécessaire pour capter les mouvements et le jeu des danseurs (c’est en voyant le concert de U2 en 3D qu’il en a découvert le potentiel).
Inattendu mais finalement convaincant, le relief fait remarquablement ressortir les mouvements des danseurs, leur manière de se déplacer dans l’espace sans que l’effet ne soit trop visible. Au contraire, il vient souligner l’art de Pina. L’ensemble parvient de plus à rester d’une fluidité admirable à l’inverse de la majorité des réalisations exploitant la 3D. Tout n’est pas parfait et la technologie se retourne parfois contre le film, celle-ci ayant tendance à lisser les corps pour en faire des êtres plus synthétiques qu’organiques. C’est surtout vrai lors des séquences en extérieur, ce qui n’empêche pourtant pas ces séquences, libérées du cadre théâtral, d’être sans doute les plus belles du film de par ce qu’elles renvoient (chaque danseur de la troupe effectue une performance dans des lieux publics, des espaces naturels ou industriels dans la ville de la chorégraphe). Parce qu’au-delà de la 3D et de ce qu’elle ouvre comme possibilité pour l’avenir, Pina reste avant tout une très belle invitation à l’œuvre de cette très grande artiste.
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Frédéric de Vençay 25 juin 2011
Pina - Wim Wenders - critique
Saluons Wim Wender comme le premier cinéaste, après James Cameron, à faire une utilisation réfléchie et enrichissante de la 3D. Pensé pour la technologie stéréoscopique, "Pina" offre ainsi des numéros de danse saisissants, parvenant à capturer l’intensité et l’énergie bestiale qui se dégagent de certains numéros de la chorégraphe. L’hommage, quant à lui, s’avère un peu trop longuet et appuyé pour emporter l’adhésion. Plus modeste, le documentaire "Les rêves dansants" (sorti fin 2010) émouvait davantage avec moins d’artifices.