Le 2 juin 2017
Alors que le film de Don Coscarelli refait surface et peau neuve en DVD/Blu-ray dans une superbe version restaurée, il était temps de lui rendre grâce. Retour sur un classique de l’épouvante de la fin des années 70.
- Réalisateur : Don Coscarelli
- Acteurs : Reggie Bannister, Angus Scrimm, A. Michael Baldwin, Bill Thornbury
- Genre : Épouvante-horreur
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Sidonis Calysta, E.S.C. Editions
- Durée : 1h29mn
- Box-office : 536.940 entrées
- Date de sortie : 4 juillet 1979
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– Date de sortie en DVD et Blu-ray : 06 juin 2017
Résumé : Orphelin depuis peu, Mike découvre que des faits étranges se déroulent dans le cimetière de Morningside. Il remarque un croque-mort à l’allure sinistre porter des cercueils comme s’il s’agissait de simples boîtes de carton, puis de petites créatures encapuchonnées aux activités pas moins suspectes... Effrayé maus curieux, aidé de son ami Reggie, Mike cherche à savoir ce qui se passe réellement. Il n’est pas au bout de ses surprises.
Notre avis : Avec 40 ans de carrière derrière lui englobant onze long-métrages ainsi qu’une participation aux Masters of Horror (La surivante, choisi pour l’ouverture de la première saison), on peut considérer que Don Coscarelli est un réalisateur qui tourne peu. C’est en 1976 qu’il saute dans le grand bain de l’industrie avec Jim, the World’s Greatest et Kenny & Company, deux œuvres mineures à tendance dramatique dont il signe à la fois le scénario et la mise en image. En 1979, il accélère ses ambitions avec l’étrange et singulier Phantasm, une incursion dans l’épouvante qui deviendra la véritable pierre angulaire de sa trajectoire cinématographique : le film fut auréolé du "Prix Spécial du Jury" à Avoriaz en 1979, l’année où un certain Roger Corman officiait comme président et, budgété à 500.000$ obtient un succès considérable au cinéma. Ses recettes s’élèvent en 1979 à 11M$ aux USA. En France, il déplace plus de 536.000 spectateurs, presque autant qu’un certain Evil Dead en 1983 (550.000).
Grâce à une thématique unique en son genre qui exploite en profondeur un univers en constant équilibre entre cauchemar et réalité, Coscarelli délivre un passeport pour une aventure insolite qui conduit le spectateur à arpenter les couloirs de gigantesques mausolées. À l’intérieur, on y rencontre un effroyable croque-mort accompagné d’une horde de nains maléfiques sortis tout droit d’une dimension parallèle et avec en prime des sphères volantes obsédées par les cerveaux. Des extravagances dans le bestiaire du cinéma fantastique, ponctuées d’idées à la Freddy, avant l’heure, comme ce doigt coupé suintant de son sang jaunâtre avant de se métamorphoser en une énorme mouche agressive !
Ce drôle de mélange psychédélique est insolite, inédit : on n’avait encore jamais vu ça ! Dans les mains de la plupart des cinéastes, cette association improbable aurait pu facilement conduire à un gloubi-boulga infâme, sauf qu’ici, Coscarelli gère l’ensemble dans la cohérence d’un univers microcosmique qui happe littéralement l’imaginaire. L’impact visuel est percutant, à une époque créative pourtant faste pour le genre : Suspiria de Dario Argento, Zombie de George A. Romero, La nuit des masques de John Carpenter, Chromosome 3 de David Cronenberg et Alien le 8e passager de Ridley Scott émergent tous à la fin des années 70.
En conjuguant habillement suspense et horreur, Coscarelli va choyer son ambiance en imposant à intervalle régulier le cadre d’une immense et sinistre demeure pour faire basculer le quotidien des protagonistes (deux frères terrassés par le deuil de leurs parents accompagnés par leur ami vendeur de glace) lancés dans un cauchemar aussi insoluble qu’imprévisible. Les choses étranges dont est témoin le jeune Mike (A. Michael Baldwin) peuvent aussi être considérées comme une incarnation des angoisses éprouvées par le jeune cinéaste à l’époque, à la suite du décès de ses parents. Sans trop spoiler, sachez que la toute fin du métrage donnera la clé de cette orientation. Des thèmes se révèlent et seront exploités régulièrement par le futur réalisateur de Dar l’invincible (1982). L’auteur semble obsédé par les interférences entre la réalité et les dimensions parralèles (John dies at the end, Bubba Ho-Tep).
Véritable croquemitaine iconique du genre, à l’instar de Freddy, Jason ou Michael Myers, le croque-mort (qui deviendra par la suite le fameux « Tall Man ») est imposant de par sa stature et sa présence froide. Il est interprété par l’impressionnant Angus Scrimm, décédé en 2016, après avoir occupé ce rôle dans quatre film de la saga, dont un tourné en 2015, Scavenger. Le personnage plutôt taiseux mise tout sur sa gestuelle et son regard menaçant, dans ces dédales macabres où il cristallise les peurs. Il est le personnage fort du film qui éclipse à lui seul tout le reste du casting.
Avec la volonté de mettre en place son propre univers tout en s’affranchissant du carcan des productions de genre rectilignes, Phantasm s’érige comme un monument du genre macabre, magnifié par un thème musical parmi les plus troublants du 7e art, (signé par Fred Myrow et Malcolm Seagrave). Ce trip anticonformiste exerce encore aujourd’hui un vrai pouvoir de fascination, et ce, en dépit des quelques scories techniques qui l’accompagne (plusieurs faux raccords au milieux de plans pourtant finement ciselés). Culte on vous dit !
LE TEST DVD :
Les suppléments :
On démarre par une interview inédite de Guy Astic et de Julien Maury (20mn) qui permet de transmettre à l’audience l’affection qu’ils portent au film signé Don Coscarelli. Guy Astic se taille la part du lion avec un temps de paroles beaucoup plus conséquent. Son intervention enflammée est celle d’un vrai passionné. On prend un immense plaisir à boire ses paroles. La suite est composée d’une interview d’époque (1979) sur un plateau télé de Don Coscarelli accompagné de l’acteur Angus Scrimm (27mn). Sous la forme d’une promotion pour la sortie du film aux Etats-Unis, le jeu des questions/réponses demeure assez pertinent pour se laisser suivre jusqu’au bout. S’en suit une intervention de Angus Scrimm à la convention Fangoria de 1989 (10mn). Si vous arrivez à faire abstraction de la résolution d’image assez exécrable vous pourrez découvrir la personnalité plutôt attachante de l’acteur lorsqu’il se retrouve face aux fans et décide de parler du « Tall Man ». Un One-man-show à lui tout seul. On finira par la traditionnelle bande-annonce et une galerie de photo. C’est donc plutôt bien garni question bonus. Les nombreux amateurs du film apprécieront.
L’image :
Seule la version DVD nous a été fournie pour le test et c’est donc sur cette copie SD que nous nous baserons. La restauration y est déjà très propre. On constate que les couleurs ont pris un vrai coup de jeune que les noirs deviennent lisibles et que la définition s’avère tout à fait remarquable. Si vous ne possédez pas encore de lecteur blu-ray, n’ayez crainte, le DVD vous permettra lui aussi de redécouvrir le film dans des conditions parfaitement décentes.
Le son :
Le mono 2.0 de la VF se montre poussif et on vous conseille plutôt de vous orienter vers la piste VO anglaise 5.1 sous titrée, plus ample et donc bien mieux armée pour les enceintes.
Galerie Photos
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