Le 14 février 2024
Ce thriller efficace de Verneuil fut un énorme succès. Il inaugura la deuxième carrière -principalement commerciale- de Jean-Paul Belmondo, dans des rôles qui devinrent de plus en plus stéréotypés.
- Réalisateur : Henri Verneuil
- Acteurs : Jean Martin, Lea Massari, Jean-Paul Belmondo, Roland Dubillard, Jean-François Balmer, Charles Denner, Adalberto-Maria Merli, Albert Delpy, Jacques Rispal, Henri-Jacques Huet, Philippe Brigaud, Rosy Varte, Giovanni Cianfriglia , Gilberte Géniat, Georges Riquier
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Thriller
- Nationalité : Français, Italien
- Distributeur : AMLF Distribution
- Durée : 2h05mn
- Date télé : 17 septembre 2024 23:21
- Chaîne : C8
- Date de sortie : 9 avril 1975
Critique : Henri Verneuil, artisan du cinéma de papa, celui-là même que rejetaient violemment les réalisateurs de la Nouvelle Vague, offrit un rôle sur mesure à Jean-Paul Belmondo, qui sortait d’un relatif échec commercial avec son rôle de Stavisky, dans le film éponyme d’Alain Resnais. Virage à cent quatre-vingt degrés, donc : le héros d’A bout de souffle opère sa mutation vers le personnage de Bébel, quadragénaire body-buildé, incarnation du mâle dominant, inamovible héros positif lancé à l’assaut de quelques ennemis réduits à l’état de fantoches, expert en cascades. Dans Peur sur la ville, il n’est pas encore la caricature de ce stéréotype, mais on devine nettement la catastrophe artistique qui s’amorce, dès lors que le scénario ne suivra plus.
Ici, tout fonctionne globalement, parce qu’il existe une vraie histoire qui entremêle habilement les éléments d’un puzzle, avec un soupçon de mythologie (le méchant s’appelle Minos), des scènes d’action devenues des classiques (la poursuite sur le toit du métro, l’assaut d’un immeuble en mode hélitreuillé), des acteurs qui font le job (on retient en particulier l’excellent Charles Denner, sa voix nasillarde, son flegme à toute épreuve), une musique stridente du légendaire Ennio Morricone.
Bref, c’est du cinéma qualité France, d’un académisme complètement suranné, mais qui a cette capacité intacte de divertir le spectateur, en le prenant à la gorge dès la première scène, in medias res, comme on dit : une femme célibataire, jouée par Lea Massari, est victime d’un mystérieux harceleur téléphonique, finit par basculer par la fenêtre, après une crise cardiaque.
Ensuite, le réalisateur maîtrise suffisamment le suspens pour distiller les apparitions du serial killer, tandis que les crimes se multiplient. Le spectateur dispose d’une avance narrative sur les enquêteurs, puisqu’il connaît rapidement l’identité du tueur, de sorte que l’histoire devient véritablement un jeu, Minos s’ingéniant lui-même à provoquer les policiers, jusqu’à l’erreur fatale, classique, causée par un sentiment de toute puissance. Le dénouement n’est qu’un règlement de comptes, spectaculaire certes, mais beaucoup moins intéressant et franchement dévolu à célébrer la force de son héros. Ce dernier s’en ira comme un prince, en rappelant qu’on l’a traité de "gros bras, petite tronche". En vérité, il s’agit d’une intuition prophétique sur les futurs personnages joués par Bébel.
La chronique vous a plu ? Achetez l'œuvre chez nos partenaires !
Le choix du rédacteur
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
Frydman Charles 7 janvier 2023
Peur sur la ville - Henri Verneuil - critique
Le film "peur sur la ville" fait allusion à la divine comédie de Dante.
J’ai lu plusieurs commentaires de la divine comédie , l’enfer, qui considèrent Minos comme une sorte d’allégorie de la conscience humaine.https://temporel.fr/La-Divine-comedie-de-Dante-une on y lit " Il est la voix de la conscience, et pour cela, se tient aux portes de l’enfer. Voyant au-delà des apparences, incitant chacun à renouer avec son être profond, il représente le combat entre la loi et sa transgression. " Un monstre" à l’aspect humain en quelque sorte. Dans le film "peur sur la ville" (1976) avec Jean-Paul Belmondo , Pierre Valdeck , un tueur en série, se fait appeler Minos en référence à la divine comédie de Dante. C’est un monstre avec un côté humain. Il travaille à l’hôpital et sauve des vies . Il laisse dans la voiture du commissaire Letellier (Belmondo) un exemplaire de la divine comédie de Dante aux classiques Garnier. Moissac son adjoint en lit un passage " Minos, c’est la terrible voix de la conscience qui juge les intentions et qui prononce les condamnations ". Ce passage ne se trouve pas dans la divine comédie et sa préface aux éditions Garnier 1999, mais ça devait être la même préface en 1976 puisqu’elle est datée de 1938. Puis Pierre Valdeck se rend chez Germaine Doizon (Rosy Varte) en se faisant passer pour le commissaire. Il lui tient un discours disant que celui qui se fait passer pour Minos (lui même) est une sorte de justicier. Il cache son oeil de verre avec des lunettes de soleil . Pierre Valdeck (Minos) "comment imaginez vous Minos" ? Germaine "comme une grosse chenille gluante" , un ver (pas verre) si j’ose dire. Pierre Valdeck "il est plutôt beau" .Germaine n’a pas compris que "Minos" est devant elle, et il la tue