Le 21 février 2019
Party Girl est d’une poésie réaliste que l’on ne trouve pas fréquemment dans le cinéma français. Sans misérabilisme ni naturalisme démonstratif, le récit est un semi-documentaire autobiographique sur des relations familiales.
- Réalisateurs : Marie Amachoukeli - Samuel Theis - Claire Burger
- Acteurs : Angélique Litzenburger, Joseph Bour, Mario Theis, Samuel Theis, Séverine Litzenburger , Cynthia Litzenburger
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Editeur vidéo : Pyramide Video
- Durée : 1h36mn
- Box-office : 192.373 entrées France / 75.440 entrées P.P.
- Date de sortie : 27 août 2014
- Festival : Festival de Cannes 2014
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Résumé : Angélique a soixante ans. Elle aime encore la fête, elle aime encore les hommes. La nuit, pour gagner sa vie, elle les fait boire dans un cabaret à la frontière allemande. Avec le temps, les clients se font plus rares. Mais Michel, son habitué, est toujours amoureux d’elle. Un jour, il lui propose de l’épouser.
Critique : Produit par Elzévir Films et distribué par Pyramide Films, Party Girl a été réalisé par trois anciens étudiants de la Femis, dont Samuel Theis, par ailleurs acteur, et qui est un des protagonistes du film. On l’avait déjà croisé dans quelques longs métrages dont La princesse de Montpensier. Il se révèle ici cinéaste doué mais aussi comédien subtil et charismatique. Le projet de Party Girl était sur le papier aussi excitant que casse-gueule, puisque les réalisateurs ont choisi de brosser le portrait de la mère du cinéaste, Angélique Litzenburger, qui joue ici son propre rôle. À l’instar d’Entre les murs, le scénario est construit autour d’une fiction mettant en scène des non-professionnels interprétant leur vécu ou se mettant dans des situations proches de leur existence. La soixantaine, les traits marqués, aussi douce que rebelle, Angélique travaille depuis des décennies dans un cabaret d’une petite ville alsacienne, près de la frontière franco-allemande.
- © 2014 Pyramide Films. Tous droits réservés.
Elle donne un coup de main pour le service ou l’accueil des clients, qu’il lui arrive encore d’aguicher. Mais ces derniers lui préfèrent ses collègues, plus jeunes et plus jolies, ce qu’Angélique a fini par admettre depuis des années. Aussi, quand Michel, mineur retraité et habitué du lieu, lui manifeste des gestes de tendresse, et lui propose de l’épouser, Angélique se voit confronter à un dilemme : se ranger et vivre un amour sincère mais rompre avec une vie de fête qu’elle affectionne, ou rester avec sa tribu du monde de la nuit et renoncer à une vie de couple qu’elle attendait inconsciemment. Le film suit ainsi les hésitations d’Angélique, et les retrouvailles avec ses quatre enfants, nés de pères différents, et qui vont la conseiller, la rassurer, ou l’affronter. L’exercice des trois réalisateurs était d’autant plus périlleux que Samuel Theis se met en scène avec son frère et ses deux demi-sœurs, et qu’avec leur mère ils rejouent un pan de leur passé.
- © 2014 Pyramide Films. Tous droits réservés.
Ce qui aurait pu être un tire-larmes proche de la télé-réalité s’avère vite une comédie dramatique subtile et originale. On trouvera certes des influences, du Pialat de Loulou au Mike Leigh de Secrets et mensonges, mais les auteurs ont ici une style bien à eux et Party Girl est d’une poésie réaliste que l’on ne trouve pas fréquemment dans le cinéma français. Sans misérabilisme ni naturalisme démonstratif, Theis et ses deux coréalisatrices peignent les instants de solidarité familiale ou de précarité professionnelle et affective avec une grâce toute magique, des errances d’Angélique lorsqu’elle se dispute avec son soupirant et ses copines, à une séquence de mariage qui restera comme l’une des plus belles de l’histoire du cinéma. Angélique Litzenburger, dont c’est le premier rôle d’actrice, crève littéralement l’écran, oscillant entre la délicate timidité de Giulietta Masina dans La Strada et l’instabilité émotionnelle de Gena Rowlands dans Une femme sous influence. Du grand art, récompensé par une Caméra d’or amplement méritée...
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