Le 1er février 2016
Nouveau road-movie familial, qui ne brille pas par son originalité en dépit de la sympathie des comédiens...
- Réalisateurs : Quentin Reynaude - Arthur Delaire
- Acteurs : Isabelle Carré, Alex Lutz, Stéphane de Groodt
- Genre : Comédie
- Durée : 1h23
- Titre original : Paris-Willouby
- Date de sortie : 20 janvier 2016
L'a vu
Veut le voir
Premier long-métrage du duo formé par Quentin Reynaude et Arthur Delaire, Paris-Willouby est pétri de bonnes intentions, mais cumule les poncifs du road-movie familial. En résulte une œuvre d’une fadeur extrême, brassant une multitude de sujets pour n’en traiter, in fine, aucun.
L’argument : Les Guilby-Lacourt forment une famille recomposée. Il y a le père, Maurice (Stéphane de Groodt), professeur de philosophie craignant d’être muté et en conflit permanent avec son ex-épouse ; la mère, Claire (Isabelle Carré), troublée par le manque d’intimité de son couple ; la fille de Maurice, Lucie (Joséphine Japy), adolescente en pleine rébellion ; le fils de Claire, Alex (Solal Forte), jeune végétarien militant, et l’enfant que les deux ont eu ensemble, Prune (Aminthe Audiard). Le frère de Claire, Marc (Alex Lutz), écrivain fauché en manque d’inspiration, habite également avec eux. Tiraillés par des situations antagoniques cycliques, les membres de la famille n’auront d’autre choix que celui de coexister le temps d’un week-end, sur le trajet séparant Paris de Willouby, petite commune où sera enterré le père de Claire et de Marc. L’annonce du décès ayant jeté du sel sur une plaie familiale laissée ouverte, les Guilby-Lacourt devront apprendre à communiquer et à se prouver qu’ils s’aiment pour surmonter ce deuil ensemble.
Notre avis : Une certaine vanité, éminemment liée au simplisme du propos, émane de la moindre seconde de Paris-Willouby. D’aucuns pourraient reprocher au film son absence totale d’audace, ce dernier ré-exploitant sans vergogne une trame dramatique usée jusqu’à la corde – ceux-là auront raison. Mais au-delà d’enjeux scénaristiques convenus, au-delà même de personnages (cruellement caricaturaux) aux atermoiements dérisoires, Paris-Willouby ouvre, pendant 1h23, une fenêtre sur un monde cotonneux, vaguement réconfortant, dont la profonde sympathie – si elle ne peut émouvoir – peut attendrir.
Énième relecture de la thématique de la réconciliation dans le deuil (déjà retrouvée il y a quelques semaines dans 21 nuits avec Pattie, dont Isabelle Carré interprétait le rôle principal…), le premier film du duo Reynaude/Delaire pâtit d’une fatale comparaison avec ses prédécesseurs ; restent des comédiens plaisants, incarnant une palanquée de protagonistes approximativement écrits, tout en restant assez bien dirigés pour rendre l’ensemble tout juste appréciable. Les cinéastes, jouissant de leur passif d’acteurs, parviennent à employer la capacité comique du trio De Groodt/Lutz/Carré : si les rôles de ces derniers se limitent à des patchworks de leurs précédents projets et que dès lors, aucune prise de risque n’est à saluer, quelques dialogues trompent la platitude ambiante. Du reste, en dépit d’une mise en scène peu inspirée, d’une pincée de traits d’humour vaseux (le parisien outré par la rugosité du provincial) et d’une sombre histoire de vaches disparues, Paris-Willouby connaît quelques instants de grâce, à l’image d’un plan-séquence parfaitement incorporé au récit et témoignant d’une virtuosité bienvenue… Ce n’est que peu de chose, mais à l’aulne d’un paysage cinématographique français ne laissant qu’une infime place à l’originalité, cela reste notable.
Le premier long-métrage de Quentin Reynaude et d’Arthur Delaire porte les stigmates d’un système fondamentalement opportuniste et s’efforce de divertir mollement le spectateur sans jamais tenter de le sortir de sa zone de confort. Quelques-uns fustigeront la vulgarité de la forme qu’il exploite, d’autres déploreront la dégénérescence qualitative du cinéma hexagonal… Peu cesseront de tirer sur l’ambulance pour mieux comprendre l’intérêt que suscite de ce genre de productions chez une large proportion de spectateurs. Hélas.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.