Oscar - Edouard Molinaro - critique

Critique : Texte écrit par Claude Magnier, Oscar est d’abord un triomphe théâtral, une pièce fétiche pour Louis de Funès, qui la jouera quatre fois sur scène entre 1959 et 1972, prenant la suite de Pierre Mondy. Le long métrage de Molinaro sera également un très grand succès, puisqu’il rassemblera 6,1 millions de spectateurs à sa sortie en 1967. On ne peut pas dire que cette mécanique bien huilée autour de rebondissements propres aux vaudevilles soit déplaisante à regarder, d’autant que l’acteur vedette est tout à fait à son aise dans le rôle d’un de ces bourgeois irascibles et malhonnêtes qu’il aura tant joués dans sa carrière. Ici, il est Bertrand Barnier, un promoteur immobilier totalement versatile qui subira une série d’avanies, à partir du moment où Christian Marin, un de ses employés, lui demande une augmentation et lui annonce qu’il sollicite la main de sa fille.
La mise en scène plutôt plate n’est que du théâtre filmé, qui semble compenser la claustration géographique en agitant un petit théâtre de marionnettes, avec une inégale qualité des prestations : si le convaincant Mario David et l’impeccable Claude Rich s’avèrent des partenaires de jeu particulièrement adaptés à Louis de Funès, si Paul Préboist joue avec aisance les benêts de service, si Gensac, fidèle parmi les fidèles, endosse avec professionnalisme un quantième rôle d’épouse distinguée, on se lassera des cris stridents d’Agathe Natanson, qui interprète la fille de Barnier. Dès lors que son père la contrarie, la jeune femme se met à geindre comme un nourrisson : cette mauvaise idée alourdit l’humour de ce film qui confond parfois vitesse et précipitation. Pour le reste, les rebondissements incessants maintiennent l’intérêt du spectateur et la star comique nous gratifie d’une crise d’hystérie particulièrement mémorable, peut-être la plus grande de sa carrière, fondée sur une pantomime géniale.