One Deep Breath - la critique du film

Critique : Antony Hickling, réalisateur anglais, était déjà l’auteur de Little Gay Boy, emblématique d’un cinéma underground gay héritier de Derek Jarman, Fassbinder et Pasolini. One Deep Breath est encore plus radical. Poème visuel et incantatoire, le film suit le cheminement mental d’un homme meurtri par le suicide de son amant. Passé et présent, fantasmes et réalité, cérébralité et sensualité se mêlent au fil d’un montage préférant la suggestion à l’explication. Le cinéma français avait déjà exploré cette veine de l’introspection affective, de Hiroshima mon amour à En haut des marches. Antony Hickling greffe la démarche à un symbolisme qui n’est pas sans évoquer le cinéma de Cocteau, ne serait-ce que par la présence de la Mort et de la Vie respectivement incarnés par Bino Sauitzvy et Magali Gaudou.
C’est ce qui fait l’intérêt et le charme de cet essai cinématographique. Dans le rôle de Maël, Manuel Blanc, ex-jeune acteur césarisé d’André Téchiné (J’embrasse pas, 1991), effectue un come-back courageux. Les traits marqués, le corps un peu lourd, il compose un beau personnage de névrosé quadragénaire, troublé à jamais par son expérience avec l’obscur objet du désir joué par Thomas Laroppe. Les deux acteurs sont bien entourés par André Schneider (également coscénariste du film), et la lumineuse Stéphanie Michelini, qui avait été révélée par Wilde Side (2004) de Sébastien Lifshitz. Même si l’œuvre souffre de maladresses et aurait mieux bénéficié d’un format court-métrage, One Deep Breath réussit à ne pas être écrasé par ses références et s’avère suffisamment insolite et sincère pour attirer notre attention. Il mérite donc le détour. Après avoir été présenté dans plusieurs festivals LGBT internationaux comme Lisbonne, Copenhague ou Johannesburg, le film a été projeté le 28 novembre 2014 au MK2 Bibliothèque de Paris, dans le cadre du Festival Chéries-chéris, avant de connaître une sortie DVD le 21 octobre 2015.