L’air de la calomnie
Le 6 novembre 2021
En pleine chasse aux sorcières, Mankiewicz se paie la tête de McCarthy avec esprit, soutenu par un duo de comédiens craquants.


- Réalisateur : Joseph L. Mankiewicz
- Acteurs : Cary Grant, Jeanne Crain, Walter Slezak, Sidney Blackmer, Finlay Currie, Hume Cronyn, Basil Ruysdael
- Genre : Comédie dramatique, Romance, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Swashbuckler Films
- Durée : 1h50mn
- Date télé : 19 novembre 2023 21:00
- Chaîne : OCS Géants
- Reprise: 10 novembre 2021
- Titre original : People Will Talk
- Date de sortie : 3 octobre 1952

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Résumé : Tout réussit au charmant docteur Noah Praetorius : ses étudiants l’adorent, sa femme - qu’il a sauvée du suicide - l’adore également. Et bien sûr cela crée des jalousies. Accusé de charlatanisme par un de ses confrères enseignant universitaire, parviendra-t-il à prouver sa bonne foi ?
Critique : Après avoir dirigé Jeanne Crain dans Chaînes conjugales (1949), Mankiewicz la distribue à nouveau, deux ans plus tard, dans un film adapté lui aussi d’une pièce du dramaturge Curt Goetz. Face à elle, un Cary Grant souverain, qu’il joue au train électrique ou dirige un orchestre. Ce dernier a souvent dit que le docteur Praetorius avait été son rôle préféré. Son plaisir de jouer et son adéquation avec son personnage sont en effet patents à l’écran, et le couple qu’il forme avec Jeanne Crain est parfaitement glamour et touchant dans le bonheur comme dans l’adversité.
Même si le thème est sombre (une histoire d’intrigue et de jalousie professionnelle), le ton sait rester léger tandis que s’épaissit le mystère autour du passé de Praetorius. N’est-il pas trop parfait pour être honnête ? Où est la faille ? Qui est l’étrange Shunderson, personnage mutique qui le suit partout comme un chien fidèle ?
Il ne faut pas se fier aux apparence. Telle est la morale de cette histoire, tournée en pleine chasse aux sorcières : la réponse pleine de malice de Mankiewicz à McCarthy et ses sbires. On regrettera le dénouement, assez peu crédible (une histoire de pendu pas mort à dormir debout) et plutôt bâclé (le calomniateur est bien vite confondu) mais la beauté de Jeanne Crain et l’allant de Cary Grant emportent le morceau, surtout dans les scènes de pure comédie, un cran au-dessus des autres.
Comme d’habitude avec Mankiewicz, le scénario est très dialogué (verbeux diront certains détracteurs) et il ne faut pas s’attendre à des plans brillant par leur originalité, ce n’est pas sa tasse de thé. Il filme de manière très classique, voire pépère, car ce qui l’intéresse, ce sont les rapports humains, c’est-à-dire le jeu des comédiens qu’il dirige de main de maître. Mais il est vrai qu’avec une telle paire, il n’a probablement pas eu trop de souci à se faire...
– Autre titre français : Docteur Miracle