Peace and love, mon frère
Le 2 novembre 2015
Une œuvre cinématographique et sociale audacieuse, qui dépasse largement toutes les polémiques dont se rassasient les médias à longueur de journée.
- Réalisateur : Kheiron Tabib
- Acteurs : Gérard Darmon, Zabou Breitman, Michel Vuillermoz, Eriq Ebouaney, Leïla Bekhti, Carole Franck, Alexandre Astier, Camélia Jordana, Jonathan Cohen, Kyan Khojandi
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Durée : 1h42mn
- Date de sortie : 4 novembre 2015
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L’argument : D’un petit village du sud de l’Iran aux cités parisiennes, Kheiron nous raconte le destin hors du commun de ses parents Hibat et Fereshteh, éternels optimistes, dans une comédie aux airs de conte universel qui évoque l’amour familial, le don de soi et surtout l’idéal d’un vivre-ensemble.
Notre avis : Révélé par le Jamel Comedy Club et par la mini-série Bref de Canal +, Kheiron Tabib est d’abord connu pour ses talents d’humoriste et de rappeur. Avec Nous trois ou rien, le jeune artiste français d’origine iranienne, étend encore sa palette artistique, pour notre plus grand plaisir. Car, si ce premier long-métrage est une telle réussite, c’est grâce à la richesse, l’originalité et l’efficacité de son scénario.
Tout commence dans une prison iranienne, où Hibat (interprété par Kheiron lui-même) est incarcéré depuis sept ans pour avoir osé contester l’action du Shah. Ainsi, dès les premières minutes, le film fait nécessairement écho aux nombreux conflits et aux tensions qui secouent la péninsule arabe depuis trop longtemps. Malgré les cellules vétustes, les gardiens violents et tyranniques et les grillages de barbelés qui entourent le centre de détention, Kheiron parvient à nous faire oublier l’enfer carcéral grâce à des situations cocasses, des personnages hauts en couleur (comme par exemple un maniaque fétichiste, obsédé par les chaussures, qui ne peut s’empêcher de voler les babouches de ses codétenus et du personnel pénitentiaire) et des dialogues extra-croustillants, dignes de Michel Audiard. S’inspirant de l’histoire de ses parents, l’humoriste se moque ouvertement du régime de Mohammad Reza Pahlavi – dont le personnage apparaît sous les traits d’un vieil enfant gâté et capricieux – et filme avec beaucoup d’entrain les prémices de la Révolution populaire, qui aboutira à la nouvelle Constitution de 1979.
- © Gaumont
Au milieu des manifestations, dans une société de propagande et de terreur militaire, Hibat rencontre la jeune et belle Fereshteh (Leïla Bekhti), dont il tombe éperdument amoureux. Après de longues heures de négociations avec les parents de cette dernière – un père attaché aux traditions et une mère plus progressiste, campés par Gérard Darmon et Zabou Breitman – les tourtereaux finissent par se marier et par donner naissance à un enfant prénommé… Kheiron. Soucieux de l’avenir de leur fils, Hibat et Fereshteh parviennent, au moyen de combines aussi improbables qu’hilarantes, à fuir l’Iran et à rejoindre la France. La seconde partie du film prend alors des allures de chronique sociale, tendre, juste, drôle et émouvante.
Le couple de protagonistes, qui a pris ses quartiers en plein cœur de la banlieue parisienne, s’attache à aider ses concitoyens à s’insérer dans la société et le monde du travail. Hibat devient éducateur social, tandis que Fereshteh travaille auprès de femmes cherchant à s’émanciper du machisme et de la misogynie des hommes. Transcendant la démagogie lourdingue de certains films, tels Agathe Cléry, d’Etienne Chatiliez, Kheiron fait voir, en douceur et en humour, l’utopie de l’intégration et du vivre ensemble, tout en gardant le sens des réalités, passant habilement de la drôlerie à la gravité, sans jamais tomber dans la surenchère vulgaire ou larmoyante.
- © Gaumont
Les partis pris de mise en scène ne sont pas en reste. Fort de son expérience dans le stand-up, Kheiron compose finement ses plans, en travaillant, de manière très rigoureuse, l’espace filmique où évoluent ses personnages. Même les décors les plus chargés (notamment la grande salle où Hibat et Fereshteh célèbrent leurs noces) paraissent épurés à l’écran, et sont très agréables à regarder. Le jeu des comédiens, quant à lui, est précis, tout en restant ouvert et généreux.
Grande réussite comique et dramatique, Nous trois ou rien est bien parti pour devenir l’un des plus grands succès populaires (au sens noble du terme) de cette fin d’année, et achever de consacrer son réalisateur comme l’un des artistes les plus complets de sa génération.
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