Ombre est lumière
Le 10 décembre 2013
Une fresque politique dont le réalisme acide ronge les attaches de nos oeillères. Nécessaire.
- Réalisateur : Nicolas Karolszyk
- Acteurs : Christian Mupondo, Léticia Belliccinni, Abou Ndende
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Durée : 1h15mn
- Date de sortie : 11 décembre 2013
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Une fresque politique dont le réalisme acide ronge les attaches de nos oeillères. Nécessaire.
L’argument : Quelque part en Afrique, Zola se laisse convaincre par un énigmatique et charismatique chef d’entreprise que l’Europe est la seule sortie de secours à ses galères. La peur au ventre, Zola décide donc d’entreprendre un périlleux voyage pour la France.
Notre avis : Depuis plus d’un demi-siècle, le monde célèbre chaque année la journée mondiale des droits de l’Homme. Pour décrire cette date anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle, Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations Unies, employait les mots suivants « C’est un processus qui vise à ce que chacun soit équipé pour vivre sa vie dans la sécurité et la dignité […] Continuons ensemble à faire le nécessaire pour que les générations futures aient une culture des droits de l’homme, et à promouvoir la liberté, la sécurité et la paix dans tous les pays. » La sortie de Nous irons voir ailleurs le 11 décembre prochain est un cuisant rappel de la situation présente. Au-delà de la tradition historique de la France, terre d’accueil, la réalité du sol se traduit avec austérité et insensibilité.
Aujourd’hui, trois cent mille personnes sont en situation irrégulière sur le territoire français. Seules trente-six mille ont obtenu un droit au séjour. Ceux qui restent survivent dans la peur constante d’être arrêtés et renvoyés dans leur pays d’origine par une machinerie judiciaire qui nie leur droit d’existence. A travers Zola, Nicolas Karolszyk accuse. Il accuse un système inhumain. Il accuse un monde aveugle. Il accuse un fatalisme lâche et hypocrite. Il accuse une monstrueuse indifférence. La notre. Entre cinéma-vérité et cinéma guérilla, Nous irons vivre ailleurs s’engage aux côtés de son héros et expose le trajet barbare qui est celui de milliers d’immigrants : un voyage coûteux, sans aucune garantie de départ ou d’arrivée, et une interminable traversée en bateau qui ne prend fin qu’une fois brisée par le tranchant cynisme d’institutions sauvages.
Non content d’explorer un sujet brûlant que les politiques s’efforcent de juguler grâce à l’habituel processus d’abêtissement du public, Nous irons vivre ailleurs exhibe fièrement une mise en scène adroitement maîtrisée. Le montage elliptique, les couleurs cendrées, le cadrage emmuré rehaussent encore cette impression de virulence pamphlétaire qui présente une vérité sordide sans misérabilisme d’aucune sorte. Plus encore, le budget restreint du film confère à sa forme une clarté abrupte proche du style du documentaire.
Des baraquements misérables d’une Afrique désolée aux bidonvilles hostiles d’une France égoïste, Zola incarne à lui seul l’homme derrière les chiffres institutionnels. Sa révolte est celle d’un être désespéré que l’on dépossède de ses rêves, de ses espoirs, de ses sentiments, et surtout de son humanité. Malgré la noirceur de la situation décrite, Nous irons vivre ailleurs se conclut sur une touche d’espoir : un Paris tolérant où les âmes se retrouvent dans la misère et en oublient leurs préjugés racistes et réducteurs.
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