Northwest - la critique du prix du jury et de la critique de Beaune 2013

Présenté aujourd’hui à l’Etrange Festival, ce film coup de poing de la sélection du dernier festival du film policier de Beaune est un choc visuel qui fera sûrement date dans l’histoire du cinéma indépendant danois.

L’argument : Nordvest est l’un des quartiers multiethniques les plus pauvres de Copenhague. Caspar a 18 ans. Il veut se hisser au sommet, quel que puisse être le prix à payer. De cambriolages en autres délits, il gravit peu à peu les échelons, jouant petit pour le compte de Jamal puis beaucoup plus gros pour celui de Björn. Tout semble rouler jusqu’au jour où Jamal et sa bande décident de se venger.

Notre avis : Issu de la nouvelle génération de réalisateurs danois, Michael Noer commence à faire ses armes sur Vesterbro (2007), un documentaire sur la jeunesse de son pays. On le retrouve trois ans plus tard associé à Tobias Lindholm (Hijacking) pour signer ensemble leur premier long métrage, le carcéral R (2010). Avec Northwest, Michael Noer nous convie à plonger tête la première dans le quotidien de l’un des quartiers les plus difficiles de Copenhague.

Si la comparaison avec la trilogie Pusher de Nicolas Winding Refn est évidente de par son origine, son sujet et cette caméra qui suit chaque protagoniste comme un acolyte, le résultat demeure tout aussi renversant. Le cinéaste va s’attacher à nous dépeindre avec âpreté une jeunesse danoise en manque de repères. Caspar, 18 ans, vit de petits cambriolages pour le compte de Jamal un délinquant local. Un jour, il fait la connaissance de Bjorn, qui lui propose des deals beaucoup plus intéressants. L’envie de gagner plus d’argent va le pousser à s’associer avec ce dernier. On va alors très vite comprendre que dans le monde sans pitié de la petite criminalité du ghetto, chaque acte engendre ses conséquences. Pris sous l’aile de Björn (dealer et proxénète impulsif) en compagnie de son jeune frère Andy, Caspar devra faire face au désir de vengeance de Jamal et sa bande.
L’oeuvre de Michael Noer est armée d’une réalisation qui brille par son haut degré de réalisme (tout y est filmé caméra à l’épaule pour une approche d’un réalisme quasi documentaire). Cette crédibilité à fleur de peau permet de renforcer l’impact des évènements et par conséquent l’immersion du spectateur. En plus de pouvoir compter sur deux jeunes acteurs principaux saisissants, en totale immersion dans leurs rôles (les frères Dyekjaer Giese), l’histoire bénéficie d’un déroulement qui s’avère réellement prenant.

Ici, certaines scènes de complicité et de fraternité entre voyous viennent désamorcer un climat oppressant avec une pointe d’humour bienvenue (Björn interprété par l’excellent Roland Møller est aussi attachant que dangereux), histoire de faire ressortir une part d’humanité dans un univers réputé impitoyable. Bien que très présente dans le film, la violence n’est pas toujours montrée explicitement et de manière frontale, ce qui accentue encore davantage le sentiment de malaise lors de certaines séquences.
En définitive, Michael Noer nous sert une descente aux enfers authentique et brute sur un plateau d’argent, le genre d’oeuvre qui vous colle encore longtemps à la peau après son visionnage. On ressort chamboulé et entièrement conquis par ce choc visuel qui fera sûrement date dans l’histoire du cinéma indépendant danois (comme la trilogie Pusher en son temps ?).