Payne in the ass ?
Le 1er avril 2014
Alexander Payne divise jusqu’à notre rédaction. Retour sur Nebraska, nominé aux Oscars 2014, et promis à une date de sortie ultra tardive en France, 11 mois après sa sélection cannoise.
- Réalisateur : Alexander Payne
- Acteurs : Bruce Dern, Stacy Keach , Will forte, June Squibb, Angela McEwan
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Durée : 2h01mn
- Date de sortie : 2 avril 2014
- Festival : Festival de Cannes 2013
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Alexander Payne divise jusqu’à notre rédaction. Retour sur Nebraska, nominé aux Oscars 2014, et promis à une date de sortie ultra tardive en France, 11 mois après sa sélection cannoise. Un signe révélateur du manque d’intérêt de la France pour ce cinéaste au discours essentiellement américain...
L’argument : Un vieil homme, persuadé qu’il a gagné le gros lot à un improbable tirage au sort par correspondance, cherche à rejoindre le Nebraska pour y recevoir son gain… Sa famille, inquiète de ce qu’elle perçoit comme le début d’une démence sénile, envisage de le placer en maison de retraite, mais un de ses deux fils se décide finalement à emmener son père en voiture chercher ce chèque auquel personne ne croit. Pendant le voyage, le vieillard se blesse et l’équipée fait une étape forcée dans une petite ville en déclin du Nebraska. C’est là que le père est né. Épaulé par son fils, le vieil homme retrace les souvenirs de son enfance. Rassurez-vous, c’est une comédie !
Notre avis : Jeudi 23 mai 2013. Il est 15h30. Les lumières s’éteignent dans l’immense Théâtre Lumière, du célèbre Palais des Festivals de Cannes. Nous sommes assis là, dans la pénombre, attendant une des trois projections prévues ce-jour pour Nebraska, le nouveau film d’Alexander Payne qui a atterri ici en compétition officielle. Il faut reconnaître que certains ont de gros a priori sur l’impact que pourrait bien avoir le film, et sur la place de Payne au milieu de la sélection officielle cannoise. Toutefois, la curiosité de la presse et des cinéphiles est piquée. Depuis le prometteur Sideways, les films d’Alexander Payne semblent vivement attendus. Et pourtant, on semble encore vouloir chercher la petite bête, qui nous donnerait un prétexte de ne pas aimer son aigre mélange de douceur et de crudité. Et si The Descendants (son dernier travail de réalisateur en date) divisait il y a deux ans les avis de notre rédaction, on attend pour autant ici le retour en force du cinéaste.
© Merie Wallace-2013 Paramount Pictures
Le film commence donc. Le beau noir et blanc au grain vieillot, projeté sur l’immense écran du théâtre Lumière, commence à opérer de son charme. Voilà donc Woody Grant, papy acariâtre, partir chercher un prétendu gros lot qu’il aurait décroché au Nebraska, accompagné de son fils, David. Dans le cinéma d’Alexander Payne, les personnages sont un peu comme nous : pas forcément beaux, pas forcément minces, pas forcément sympathiques, pas forcément bons. Mais au final, ils deviennent pour le spectateur des êtres à qui s’identifier, naturels, et donc attachants. Si Will Forte (le fils, David) et June Squibb (la mère, Kate) offrent une jolie et douce prestation, Bruce Dern, lui, épate avec une interprétation tempérée et sans fausse note de son personnage. Résultat primé : Bruce Dern reçoit le soir du 26 mai le prix de la meilleure interprétation masculine. Pas volé.
© Merie Wallace-2013 Paramount Pictures
A mesure que le film avance, Alexander Payne esquive un des écueils qui auraient pu le faire totalement échouer : les excès de pathos et les larmes de crocodiles. Au lieu de ça, il s’accorde sur une certaine sincérité, glisse quelques tendres notes d’humour, et joue ainsi la carte de la nostalgie avec une belle photographie, toute de noir et de blanc vêtue, nous faisant forcément penser à un album-photo de souvenirs. Certains appelleront ça aussi « carte postale ». Nebraska est en fait avant tout une quête du temps passé, où la route est l’image d’un long chemin vers la mémoire, et où les différentes générations se superposent. Toujours est-il que Payne, sans prétention, réussi à dresser un drame touchant, à la fois doux, juste, et mélancolique.
© Merie Wallace-2013 Paramount Pictures
Il est pourtant évident que Nebraska n’est ni le film de la décennie, ni probablement le meilleur film de l’année. Et les détracteurs de Payne restent ahuris face aux six nominations que décroche le film cette année aux Oscars. Bien que sympathique et bien réalisé, Nebraska n’a que de minces chances, ne nous voilons pas la face, face aux favoris de la compétition : les films de Cuaron, Scorsese ou O’Russell notamment. La concurrence est dense, oui, mais il n’empêche que Nebraska ne démérite pas. Qui a osé dire que Cannes n’exhibait que des films pompeux ou graves ? L’occasion de vous divertir avec un cinéma sain, et de qualité, n’est pas donnée tous les jours. Ne boudons pas notre plaisir.
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