Le 2 décembre 2012


- Réalisateur : Laurent Boutonnat
- Acteur : Mylène Farmer
- Genre : Vidéo-clip
Le dernier clip de Farmer s’accapare le travail d’Olivier de Sagazan avec une efficacité effroyable. Le grand public va enfin découvrir un sacré artiste.
Le dernier clip de Farmer s’accapare le travail d’Olivier de Sagazan avec une efficacité effroyable. Le grand public va enfin découvrir un sacré artiste.
Que vaut l’album Monkey Me ? : notre réponse ICI
A l’aube de la sortie de Monkey me, huitième album très attendu de Mylène Farmer, la chanteuse en perte de vitesse dans les ventes de singles malgré la sortie d’A l’ombre et de sa myriade de supports à l’ancienne (2 maxi CD, 1 maxi 45 tours...), essaie de redonner de l’aplomb à sa carrière. Elle est au journal de 20h de Claire Chazal, annonce qu’elle préfère les "mariages gay aux mariages tristes" (on la comprend !), bon point pour son public source, et présente son nouveau clip, A l’ombre. La chanson, on la connaît, une mélodie entêtante, d’une efficacité propre à la chanteuse, et une musique ultra ringarde qui a réduit en cendres tous les efforts lyriques du titre. Maintenant, passons au clip. Une réussite indéniable signée Laurent Boutonnat, le gourou de la chanteuse qui réalisait dans les années 80 des mini films autour de ses tubes. Ici point de cinéma comme dans les années 80, même si certains plans de loups dans des studios poussiéreux évoquent Beyond my control ou Sans logique. Des incrustations maladroites et lissées de lumière de la star qui chantonne font tache dans une ambiance à la limite du glauque d’un cinéma d’épouvante, propre à l’univers d’Olivier de Sagazan.
- © Olivier de Sagazan
C’est bel et bien le travail de l’artiste français iconoclaste qui est ici à l’oeuvre. Boutonnat et Farmer qui ne se sont jamais coupés de la réalité artistique contemporaine (rappelez-vous, ils ont même fait appel au subversif catalan Agusti Villaronga le temps d’une vidéo !), exhibe dans un travail esthétique qui lui sied bien, le travail d’argile sur visage de ce peintre/sculpteur au génie furieux. Des faciès décomposés, défigurés, remodelés, dans des gestes d’hystérie et de violence, qui redonnent des lettres de noblesse à l’art contemporain, côtoyant l’esprit de Bacon ou de Munch. Farmer oublie ses obsessions sexuelles pour revenir aux "points de suture" du corps et de l’âme. Une excellente idée, qui fera parler d’elle, faute de convaincre un grand public qui ne pourra pas toujours rallier une cause artistique aussi radicale.
On notera qu’Olivier de Sagazan fait l’objet d’une séquence ahurissante dans le nouveau documentaire écolo-psychédélique de Ron Fricke, Samsara, une double actualité qui va précipiter sa reconnaissance générale. On n’attendait que cela !