My father, my lord - la critique

Cette plongée dans le quotidien d’une famille juive ultra-orthodoxe de Jérusalem bouleversera nos consciences, sans que le regard d’un enfant n’adoucisse ce pamphlet contre tous les intégrismes.

L’argument : Installé avec son épouse et son fils dans une communauté ultra-orthodoxe à Jérusalem, Rabbi Abraham voue sa vie à l’étude de la Torah et de la loi juive. Son fils Menahem est à l’âge où l’on voit le monde autour de soi comme un endroit merveilleux. Il n’oppose aucune résistance, mais suit sans conviction son père qui le guide sur le chemin étroit et rigide qu’empruntent les hommes de foi. Mais la volonté d’Abraham de guider son fils n’est qu’un grain de poussière dans l’univers. Pendant leurs vacances d’été au bord de la mer Morte, sa foi est mise à l’épreuve.

Notre avis : Menahem, jeune israélien de moins de dix ans, promène ses grands yeux émerveillés sur le monde qui l’entoure. Curieux de tout, il aimerait comprendre la vie, et interroge souvent son père, Abraham, pour en savoir toujours plus. Malheureusement, il se heurte aux croyances de ce dernier, rabbin dans un quartier ultra-orthodoxe de Jérusalem, qui a dédié sa vie à l’étude de la Torah et de la loi juive. En contre poids, il y a le regard de la mère. Cette dernière l’aime, voire l’idolâtre, et ne le quitte que pour les moments où il va à l’école hébraïque. Extrêmement religieuse, elle fait partie des Juives qui portent perruque quand elles sortent et couvrent leurs cheveux même chez elle. Cependant, la tendresse et l’amour qu’elle a pour son fils passeront toujours avant ses convictions.
Le rapport entre le père et le fils nourrit le métrage de David Volach et construit notre vision de la religion et de ses abus. Menahem admire son père et aimerait être ce fils modèle tant rêvé, mais sa curiosité, normale chez un enfant, est plus forte et n’arrive pas à être bridée. Abraham a tellement d’ambition religieuse pour son fils qu’il n’arrive pas à le considérer comme un enfant, et ne lui laisse pas le loisir de vivre en toute insouciance. Sans voyeurisme, avec humanité, le réalisateur dépeint le monde dans lequel il a grandi. Sans concession, il en critique les excès tout en ayant un regard intelligent et bienveillant sur la religion juive. Véritable brûlot contre les intégristes, le film n’en est pas moins une fable sur les croyances et l’enfance.
On ne peut que saluer la prestation juste et émouvante de ce jeune acteur, Ilan Griff, dont les grands yeux resteront longtemps gravés dans nos mémoires. Véritable coup de poing dans nos consciences, ce métrage intelligent ne peut que nous toucher et nous interroger sur nos croyances, nos convictions les plus profondes, et la place que la religion peut prendre dans nos vies. Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître. David Volach est un cinéaste à suivre.