La captive au pull gris
Le 24 septembre 2016
Banal petit film de série B, Morgane se réduit à un jeu vidéo de quatre-vingt-dix minutes. Sauf qu’il n’y a personne pour jouer, pas même le réalisateur.
- Réalisateur : Luke Scott
- Acteurs : Jennifer Jason Leigh, Paul Giamatti, Michelle Yeoh, Toby Jones, Kate Mara, Rose Leslie, Boyd Holbrook, Anya Taylor Joy
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Twentieth Century Fox France
- Durée : 1h32mn
- Date télé : 4 avril 2024 22:50
- Chaîne : RTL9
- Titre original : Morgan
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 28 septembre 2016
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Résumé : Consultante en gestion du risque, Lee est envoyée dans un lieu isolé et tenu secret pour enquêter sur un événement terrifiant qui s’y est déroulé. On lui présente alors Morgane, à l’origine de l’accident, une jeune fille apparemment innocente qui porte en elle la promesse du progrès scientifique. À moins qu’elle ne se révèle être au contraire une menace incontrôlable…
Critique : Sans doute sommes-nous dans un futur proche. Une grande bâtisse à la lisière des bois abrite en ses sous-sols l’une des plus importantes expériences scientifique de tous les temps, peut-être la clé de la survie de l’humanité. L’anti(héroïne) du film, Morgane, a les traits d’une adolescente renfermée, qui se trouve être en réalité… une petite fille de cinq ans. Son corps change à vue d’œil, ses capacités physiques et cérébrales se développent à vitesse grand V.
C’est le genre de pitch poussif qui caractérise si bien les blockbusters américains. Sauf que ça ne marche pas à tous les coups.
- Copyright 2016 Twentieth Century Fox
Avec son image hyper-numérisée, faite de couleurs froides et sombres, ses acteurs au teint pâle (Anya Taylor-Joy a la peau grise et les petits yeux d’un zombie sur le point de piquer une grande colère) et son intrigue sommaire, le premier long-métrage de Luke Scott (le fils de Ridley), est plus proche d’une cinématique de jeu vidéo que d’une véritable œuvre cinématographique.
Ce qui n’est pas un défaut en soi. Le cinéma réfléchit depuis longtemps sur le jeu vidéo (Matrix des Wachowski, eXistenZ de Cronenberg…) et le jeu vidéo cherche à se définir lui-même comme un art en concurrence directe avec le cinéma. Les cinéastes ayant traité de cette dualité ont souvent dénoncé l’aliénation dont les jeux vidéo seraient coupables. Le film le plus emblématique portant sur ce sujet, est sans aucun doute le génial Elephant de Gus Van Sant. Et manifestement, Morgane cherche à se définir, dans sa forme plus que dans son fond, par rapport à ce film. Mais il n’a ni la pertinence du propos, ni l’intelligence du scénario, ni la maîtrise de la mise en scène.
- Copyright 2016 Twentieth Century Fox
Dans le film de Luke Scott, il ne s’agit pas d’utiliser la référence du jeu vidéo pour avertir le spectateur sur ses effets néfastes. Il s’agit bien plutôt d’en faire un instrument de pur divertissement, qui satisfasse les adolescents puérils avides de poings dans la figure, de coups de feu et d’hémoglobine. Les personnages sont sans épaisseur, glaciaux et antipathiques. Usant et abusant des codes conventionnels des mauvais films de science-fiction (gros plan sur les visages, montage frénétique…), le réalisateur s’enferme dans le filmage complaisant des armes, des bagarres à mains nues et des cadavres ensanglantés.
Comme dans Hunger Games, les personnages sont enfermés dans un cadre donné (la maison et la forêt qui la borde), ils ont des armes ; et le but du jeu, c’est de tuer tout le monde. Rien de plus. Lorsqu’arrive le dénouement final, visible à des kilomètres, on reste quelque peu sur sa faim.
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