Bons baisers d’Ibiza
Le 24 juin 2015
Ce film emblématique de la contre-culture hippie a défié l’épreuve du temps et exerce toujours un pouvoir de fascination.
- Réalisateur : Barbet Schroeder
- Acteurs : Mimsy Farmer, Klaus Grünberg, Heinz Engelmann, Michel Chanderli, Louise Wink
- Genre : Drame, Film culte
- Nationalité : Français, Allemand, Luxembourgeois
- Distributeur : Les Films du Losange
- Editeur vidéo : M6 Vidéo
- Durée : 1h57mn
- Reprise: 19 août 2015
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 3 octobre 1969
- Festival : Festival de Cannes 2015
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Résumé : Stefan, un jeune Allemand qui a terminé ses études, part pour Paris. Au cours d’une soirée où il se rend avec son ami Charlie, il rencontre Estelle, une jeune Américaine dont il tombe amoureux et qu’il décide de suivre à Ibiza...
Critique : Ancien rédacteur aux Cahiers du cinéma, Barbet Schroeder avait été l’assistant de Godard sur le tournage des Carabiniers et le producteur de Rohmer pour La collectionneuse. More est le premier long métrage d’une carrière internationale au cours de laquelle il a alterné fictions (Le mystère von Bülow) et documentaires (L’avocat de la terreur). En pleine période post-soixante-huitarde de contestation de la jeunesse, More connut un certain retentissement et constitue, avec Easy Rider) et Woodstock, le film témoignage emblématique d’une contre-culture hippie. Tourné en Allemagne, à Paris et à Ibiza, parlé en quatre langues dont l’anglais, l’œuvre se présente comme une coproduction internationale d’auteur, sans vedettes, Mimsy Farmer n’ayant jusque-là joué que dans des petits films indépendants américains.
- Copyright Les Films du Losange
Si le récit commence comme un road movie avec le départ de Stefan pour la France, il quitte vite les conventions de ce genre pour se concentrer sur deux lieux révélateurs de l’évolution des personnages. L’idylle entre un Allemand et une Américaine à Paris puis à Ibiza, qui aurait pu être traitée en mode love story romanesque traditionnelle, prend vite les traits d’un semi-documentaire sur la descente aux enfers d’un couple. Des drogues douces au LSD, de l’amour libre à la solitude, du sentiment de liberté à celui de dépendance, Estelle et Stefan vont rentrer dans un processus d’autodestruction irréversible. Barbet Schroeder (et son coscénariste Paul Gégauff) évitent ici trois écueils. En premier lieu, More a le mérite de ne pas se réfugier derrière un ancrage sociologique pesant : à titre d’exemple, les personnages secondaires, qui auraient pu constituer des archétypes (le jeune escroc, le « docteur » Wolf, l’amie paumée), disparaissent peu à peu de l’écran, ou n’y ont qu’une fonction annexe, l’intrigue se centrant sur Estelle et Stefan, dont le passé n’est pas évoqué. Ensuite, les auteurs ne portent pas de jugement moral sur leurs personnages et se gardent de tout pathos.
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Enfin, malgré des passages très explicites sur la drogue et la sexualité, More évite tout sensationnalisme. Le film s’avère d’une beauté étrange, utilisant avec inspiration des décors naturels d’Ibiza, sans tomber dans le piège des prises de vue touristiques. La musique des Pink Floyd, qui sortiront en parallèle un album, et la photo de Néstor Almendros ne sont pas pour rien dans le pouvoir de fascination d’une œuvre culte qui ne s’est que très peu démodée avec le temps. More a été restauré chez Digimage Classics, dans une filière 2K. Le laboratoire a travaillé d’après les négatifs originaux image et son. L’étalonnage a été supervisé par Barbet Schroeder. En 2014, ce dernier est revenu à Ibiza pour tourner Amnesia, avec Marthe Keller. Les deux films ont été présentés à l’occasion d’une soirée spéciale du Festival de Cannes 2015.
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