Le foyer du monstre
Le 28 octobre 2014
Un inédit vidéo particulièrement avenant venu de Corée du Sud débarque ce 29 octobre chez l’éditeur Wild Side Video. L’œuvre du discret Jang Joon-Hwan est à loger du côté des grands thrillers noirs du cinéma asiatique.
- Réalisateur : Jang Joon-Hwan
- Acteurs : Kim Yun-seok, Yeo Jin-gu, Jang Hyeong-seong
- Genre : Action, Thriller
- Nationalité : Sud-coréen
- Editeur vidéo : Wild Side Video
- Durée : 2h06mn
- Titre original : Hwayi : Gwimuleul samkin ahyi
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– Date de sortie en DVD : 29 octobre 2014
– année de production : 2013
Un inédit vidéo particulièrement avenant venu de Corée du Sud débarque ce 29 octobre chez l’éditeur Wild Side Video. L’œuvre du discret Jang Joon-Hwan est à loger du côté des grands thrillers noirs du cinéma asiatique.
L’argument : Hwayi mène une vie paisible avec ses cinq pères, de redoutables tueurs... Enfant, ses pères lui ont appris le maniement des armes et l’art de tuer un homme de sang froid... Mais lors de sa première mission, les choses tournent mal et Hwayi découvre que ses pères ne sont peut-être pas ceux qu’ils prétendent... Qui est-il réellement ? En proie au doute, Hwayi va peu à peu devenir tel que ses parents l’ont façonné : un tueur impitoyable à leur image...
Notre avis : Monster Boy : Hwayi sonne le retour du cinéaste sud-coréen Joon-Hwan Jang à la tête d’un long métrage après une absence de dix longues années remontant à un certain Save the Green Planet en 2003. Dans ce nouveau film que plus personne n’attendait, Jang Joon-Hwan se permet de télescoper les genres avec une dextérité incroyable. Beaucoup de choses y passent, on peut citer pêle-mêle le thriller, l’action frénétique, le film de gangster, celui de vengeance et même un soupçon de mélodrame pour façonner le tout.
Les bases de l’intrigue se portent sur le personnage du jeune Hwayi, kidnappé enfant par une bande de cinq ravisseurs qui constituent le gang du serpent. Les truands décident de l’élever et de l’éduquer comme l’un des leurs. Hwayi va acquérir avec les années tous les multiples talents d’un tueur à gages bien entraîné. Mais le jour où il découvre enfin son passé, le désir de vengeance envers ses pères adoptifs n’en devient que plus grand. Ce qui fascine chez le personnage c’est sa complexité et son côté introverti qui l’oppose à ses cinq pères. Comme n’importe quel adolescent de son âge, il est lui aussi curieux du monde qui l’entoure mais contrairement aux autres garçons, une part d’ombre est enfuie au fond de lui. Cela se traduit par un profond traumatisme intérieur qui se reflète sous la métaphore d’une entité monstrueuse. Une douloureuse lutte intérieur que Hwayi va devoir braver pour évoluer.
En allant puiser dans des thèmes comme ceux de la famille ou de la quête d’identité, le spectacle captive et pousse continuellement à la réflexion. Les autres forces de Monster Boy résident tout autant dans la puissance de sa mise en scène que dans la grande densité de son scénario. Que ce soit dans des scènes à la portée émotionnelle forte, des courses poursuites en voiture palpitantes ou lors de séquences de gunfights léchées qui percutent violemment (les échanges de coups de feu stylisés sont devenus la marque de fabrique du cinéma de genre coréen), la caméra de Jang Joon-Hwan s’arme d’une beauté tout aussi lyrique que tranchante. La démesure de la violence brille avec éclat dans les méandres d’une tragédie cruelle pénétrée par une très grande noirceur (notons que visuellement le noir prédomine et que le reste des couleurs est quasiment absent du quotidien de cette petite famille de truand). En ce qui concerne l’interprétation, les acteurs remplissent leur contrat avec une certaine rigueur. Le casting tient vraiment bien la route, les mentions iront au jeune Yeo Jin-Gu interprète de Hwayi et à Kim Yun-Seok, meneur du gang du serpent déjà excellent dans The Murderer de Hong-jin Na.
On peut certes blâmer quelques ruptures de ton mal intentionnées (un des pères trop rigolard, le flic fantasque), le point de vue machiste pour dépeindre la femme dans la société coréenne et la parabole du monstre que certains jugeront à l’évidence sous exploitée, mais un film de cette trempe, jonglant aussi adroitement avec les genres s’affirme comme du véritable pain béni venu d’Orient (l’œuvre est à loger sans trop avoir à rougir entre les grandes réussites du thriller asiatique telles que Old Boy de Park Chan-wook, A Bittersweet Life et J’ai rencontré le diable de Kim Jee-woon). On espère ne plus devoir encore attendre une décennie avant de revoir un cinéaste qui ose de la trempe de Jang Joon-Hwan monter au créneau. Monster Boy : Hwayi confirme que la Corée du Sud est toujours une terre cinématographique fertile, malheureusement trop souvent confinée à tord aux sorties direct to video.
LE TEST DVD :
Les suppléments :
L’éditeur nous propose un making-of de 16 minutes où les acteurs reviennent sur leur expérience sur le film et leur travail aux côtés du réalisateur Jang Joon-Hwan. Un autre complément de 25 minutes intitulé "Hwayi et ses pères" montre les interprètes parler à tour de rôle de leurs personnages et nous donner quelques détails sur leur aspect psychologique. Un peu succinct mais pas inintéressant.
L’image :
La beauté terne du film est bien retranscrite dans ce portage DVD au léger grain. On pointera du doigt le manque de précision de l’image lors de quelques scènes, notamment les plus sombres, un défaut que doit très certainement combler la résolution 1080 24p de l’édition Blu-ray également disponible.
Le son :
Il faudra pousser un peu le volume pour bien assimiler les dialogues de la piste VF 5.1 Dolby Digital. La VO coréenne en DTS 5.1 plus ample et un peu plus fournie en éléments sonores est à privilégier pour une meilleure qualité d’écoute (ça a le mérite de détonner pas mal lors des fusillades) mais également pour le naturel bien plus confortable de la langue d’origine.
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