Petit coin de parapluie
Le 28 octobre 2024
L’un des films les plus célèbres de Miyazaki, délesté de la noirceur inhérente au cinéaste pour une ode enfantine à la Nature, gorgée de joie et de couleurs.
- Réalisateur : Hayao Miyazaki
- Genre : Fantastique, Animation, Film pour enfants, Manga, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : The Walt Disney Company France
- Durée : 1h27mn
- Reprise: 13 juin 2018
- Titre original : Tonari no Totoro
- Âge : À partir de 6 ans
- Date de sortie : 8 décembre 1999
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– Année de production : 1988
Résumé : Un professeur d’université, M. Kusakabe, et ses deux filles, Satsuki, onze ans, et Mei, quatre ans, s’installent dans leur nouvelle maison à la campagne. Celle-ci est proche de l’hôpital où la mère des deux filles est hospitalisée. Explorant les alentours, Mei rencontre Totoro, sorte de créature gigantesque et esprit de la forêt. Cet étonnant personnage est accompagné de deux de ses semblables, bien qu’ils soient de moindres tailles : le plus petit est blanc (Chibi-Totoro) et le moyen est bleu (Chū-Totoro). Dès lors, Mei n’a de cesse de rechercher Totoro et de passer du temps en sa compagnie. Elle découvrira notamment les divers et impressionnants pouvoirs de son nouveau compagnon, ainsi que son entourage pour le moins singulier (comme le chat bus ou les noiraudes)...
Critique : Deuxième long-métrage réalisé par Hayao Miyazaki dans le cadre de sa (toute fraiche) boîte de production Ghibli, Mon voisin Totoro fut aussi le premier à rencontrer un tel succès populaire à sa sortie, en 1988, marquant un tournant dans l’évolution du studio d’animation ; à tel point que Totoro, son gros nounours éponyme, sert aujourd’hui encore d’emblème officiel à l’usine à rêves japonaise. Une véritable référence culturelle, pour un conte drôle, tendre et d’une limpidité admirable qui a fait date. Contrairement aux imaginaires sombres d’un Nausicaä ou d’une Princesse Mononoké, Mon voisin Totoro emprunte à la face solaire et optimiste du cinéaste, sa face plus enfantine aussi, qu’on retrouvera ensuite dans Kiki la petite sorcière ou le récent Ponyo sur la falaise.
- Copyright Le Studio Ghibli
Sa fable écologique oublie le monde médiéval ou post-apocalyptique pour s’inscrire dans un univers plus contemporain, celui des campagnes japonaises des années 50 (que Miyazaki connaît bien, pour y avoir passé son enfance), prétexte à une longue introduction qui décrit, en mode mineur, le quotidien tout simple des Kusakabe (Meï, Satsuki et leur papa) dans leur nouvelle maison. Enracinée dans un tel cadre naturaliste, en harmonie avec son environnement, l’aventure gagne en authenticité ; et lorsque le merveilleux surgit pour créer un contraste, il le fait en douceur, sans inquiétude ni rejet, comme une évidence (la petite Meï qui apprivoise immédiatement le grand Totoro), favorisée par le point de vue constant des deux enfants. Moins pessimiste que d’autres Miyazaki, Mon voisin Totoro n’en aborde pas moins les thèmes et combats chers au cinéaste, à commencer par la sauvegarde et la toute-puissance de la Nature. Jamais soumise à la moindre menace, rendue à sa souveraineté tranquille, celle-ci apparaît comme un cocon protecteur où l’enfance peut s’épanouir - une vision d’autant plus idyllique qu’elle s’inscrit dans le passé et les souvenirs du cinéaste. Le dessin soigné et gracieux, le trait tout en simplicité mais néanmoins inventif de l’animateur japonais, contribuent à magnifier une végétation splendide et une faune plus ou moins fantastique, afin de rendre appréciable le "message" qui sous-tend l’ensemble. Et pour rendre d’autant plus authentique cette immersion dans la Nature et ce pur éveil à l’émerveillement, Miyazaki privilégie une approche sensitive pleine de tact, faisant appel à la fois à nos yeux, à notre ouïe (subtil travail sur le son) et à d’autres sensations perdues (toucher, goût).
- Copyright Le Studio Ghibli
Puisant tout autant dans les croyances ancestrales locales (la chat-bus bakeneko, variante de la réincarnation) que dans des références culturelles plus occidentales (la descente de Meï dans le terrier de Totoro rappelle Alice au pays des merveilles), Miyazaki atteint à l’universel et propose quelques idées visuelles propres à marquer durablement l’imaginaire enfantin ; en résultent quelques pépites, telle cette scène fantastique et quasi-muette à un arrêt de bus, ou encore ce rêve éveillé où les trois Totoro font pousser une forêt entière en une danse mystique et nocturne, en un hilarant ballet de parapluies - incontestable sommet poétique du film. Si les adultes pourront lui préférer les œuvres plus ambitieuses et plus noires de son auteur (type Le château ambulant), si la tendresse rieuse de Totoro n’a pas la puissance du souffle épique et désespéré d’un Nausicaä, ceux qui ont conservé leur âme de gosse reconnaitront ici une œuvre d’une grande qualité, atteignant à l’excellence avec la modestie des sages. Quant aux petits n’enfants, difficile d’imaginer spectacle plus pur et plus (discrètement) sophistiqué à leur mettre sous les yeux.
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