Le 28 août 2012
Même si un candidat député de huit ans aurait toutes ses chances contre Will Ferrell, cet homme porte aujourd’hui aussi bien la cravate que le patin à glace hier. Dépouillement à suivre.
- Réalisateur : Jay Roach
- Acteurs : Will Ferrell, Zach Galifianakis, Jason Sudeikis
- Genre : Comédie
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h37mn
- Titre original : The Campaign
- Date de sortie : 29 août 2012
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Même si un candidat député de huit ans aurait toutes ses chances contre Will Ferrell, cet homme porte aujourd’hui aussi bien la cravate que le patin à glace hier. Dépouillement à suivre.
L’argument : Lorsque le député chevronné Cam Brady commet une gaffe monumentale en public à l’approche des élections, un tandem de PDG milliardaires entend bien en profiter pour placer leur candidat et étendre leur influence sur leur fief, en Caroline du Nord. Leur homme n’est autre que le candide Marty Huggins qui dirige l’office du tourisme du coin. Si, au départ, Marty ne semble pas le candidat idéal, il ne tarde pas à se révéler un redoutable concurrent pour le charismatique Cam grâce à l’aide de ses bienfaiteurs, d’un directeur de campagne sans vergogne et des relations de ses parents dans la politique. Alors que le jour du scrutin approche, les deux hommes s’engagent dans un combat impitoyable : désormais, tous les coups sont permis entre Cam et Marty qui n’hésitent plus à s’insulter et à en venir aux mains dans un affrontement à mort. Car dans cet univers où la déontologie n’existe plus depuis bien longtemps, la politique prouve qu’on peut encore faire reculer les limites des pires bassesses…
Notre avis : Avant tout, bravo si vous avez survécu à ce résumé officiel. Vous trouverez des bouteilles d’oxygène en fin de papier. Ensuite, nous vous souhaitons la bienvenue sur les autoroutes du hole of fame américain, pavées de phone sex, de bébés molestés, et de valeurs sûres que la morale réprouve plus que le box-office. Faisons l’appel : Jay Roach (Austin Powers) à la réal, Chris Henchy (Very Bad Cops) et Shawn Harwell (Eastbound & Down) au scénario, Adam McKay et tonton Ferrell (auteurs, ensemble, des gigantesques Anchorman, Ricky Bobby, Semi-Pro ,etc.) derrière l’idée originale, et enfin l’étrange cousin Zach Galifianakis, nouvelle référence du comique en surpoids, qui excelle définitivement - après Date Limite et celui-ci - dans le domaine du porté de chien. Bien sur, on regrette que certains couples n’aient pas été inversés (Very Bad Cops, c’était déjà du McKay/Ferrell sans le souffle requis), mais il faut admettre que cette collection de cancres dégénérés est en soi un appel au vote massif, dont les résultats à domicile ont souvent des allures d’élection russe, et ce même si nos chers concitoyens préfèrent Dany Boon. Attention, cela dit, malgré Will Ferrell, nous n’avons pas le bulletin facile.
On le sait depuis le SNL, le dit Ferrell maitrise parfaitement son George W. Bush, et plus rien ne pouvait l’empêcher d’exporter sa conception toute personnelle du clip de campagne sur grand écran. Cam Brady, congressiste génito-centré au brushing d’escroc, maître local de la langue de bois bandé, en est la synthèse absolue, et c’est évidemment sur lui que Moi,député a quasiment misé son tapis, arguant que la politique ne cache souvent rien de plus qu’une braguette mal fermée et un portefeuille boulimique. Pas étonnant, donc, d’y trouver une référence explicite au scandale Anthony Weiner (ce sénateur adepte du tweet pénien), des slogans recyclables, des coups bas (plus bas que ça), des affiches pleines de familles rassurantes à la Kennedy, et des meetings absurdes où la guitare-clavier remplace le programme.
L’espace restant, lui, est soigneusement réparti entre Galifianakis, toujours aussi brillamment embarrassant en autiste white-trash (pourtant bien né), et le sacro-saint diptyque enfants/animaux, dans la bouche desquels on met des horreurs (reprise géniale de la scène du bénédicité de Ricky Bobby) et des coups plus ou moins volontaires. De ce point de vue là, Moi,député, bouillante date d’1H30 avec nos plus bas instincts, remplit parfaitement son cahier des charges. Là n’est pas le problème.
Mais, quitte à miser sur les ressorts du scénario Ferrellien standard, à savoir l’invariable quatuor apogée/escalade comique/descente aux enfers/épiphanie morale, et partir du principe pas nécessairement imbécile que la débilité s’épanouit uniquement dans un cadre binaire (en gros, intérêts financiers et manipulations diverses vs politique vertueuse), il aurait mieux fallu creuser encore un peu plus sous nos acquis mentaux - et plonger sans assistance dans le nonsense total - au risque de perdre ses appuis sur un réel de toute façon suggéré à la truelle. Certains se contenteront d’une satire adolescente fonctionnelle mais rapidement hors d’haleine, d’autres, dont nous faisons partie, regretteront le sous-régime ponctuel de ses deux mascottes, maintenus en camisole par un script soucieux de coller à l’actualité nationale comme un petit bonbon vicelard. Cela dit, connaissant le goût de cette grande loutre folle de Ferrell pour les digressions hors-dialogues, on donnerait un organe et peut-être même notre jet-ski (cf Kenny Powers) pour voir les scènes coupées d’une comédie qui, en brodant pourtant admirablement sur le pire de la culture Youtube, ne trouvera peut-être jamais sa place dans les 85000 tops 10 qui vont avec. C’est la loi du tableau d’honneur 2.0.
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