Le 26 octobre 2016
Un film politique reflet de son époque, un peu trop simpliste, mais porté par un Jack Lemmon impérial.
- Réalisateur : Costa-Gavras
- Acteurs : Jack Lemmon, Sissy Spacek, John Shea
- Genre : Drame, Politique, Thriller politique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Splendor Films
- Durée : 2h02mn
- Reprise: 26 octobre 2016
- Box-office : 1 823 040 entrées France, 14 000 000 $ USA
- Date de sortie : 26 mai 1982
- Festival : Festival de Cannes 1982
L'a vu
Veut le voir
– Palme d’Or et prix d’interprétation masculine Cannes 1982
Résumé : Charles, un journaliste américain, et sa compagne Beth, se sont installés dans la capitale du Chili, Santiago. Mais suite au coup d’État qui éclate le 11 septembre 1973, Charles disparaît brusquement. Son père, un important homme d’affaires new-yorkais, vient en aide à Beth pour tenter de le retrouver.
Critique : S’il n’y avait qu’une raison de voir Missing, ce serait la prestation tout en finesse de Jack Lemmon, inouï dans le rôle d’un père qui cherche son fils disparu, apprend à connaître sa bru et voit ses certitudes vaciller : d’abord confiant dans les institutions, fier d’être un Américain, persuadé que le droit triomphe partout, il découvre des raisons d’État insoupçonnées et les mensonges qui les accompagnent. C’est un festival de gestes avortés, de regards mouillés, de tics légers, bref une grande interprétation, qui lui valut un prix à Cannes, prix largement mérité. Sissy Spacek est un peu en retrait mais parvient à exister face à ce monstre sacré, ce qui est en soi un exploit.
Il n’y a évidemment pas qu’une raison de voir le film : dénoncer les accointances des États-Unis avec les dictateurs, ici Pinochet, jamais nommé (mais rappelons qu’il était encore au pouvoir au moment du tournage) n’est jamais innocent et, en un sens, assez courageux ; les bonnes intentions sont donc bien là, éclatantes et, comme souvent, Costa-Gavras a privilégié l’efficacité plutôt que la nuance. Du point de vue strictement cinématographique, on ne peut que le regretter : les dialogues explicatifs, les oppositions caricaturales entre Ed et Beth, les méchants facilement identifiables, tout cela dessert le message. De même la mièvrerie qui pointe dans telle séquence (Le petit prince !) ou la musique de Vangelis ne sont pas d’une grande finesse. On le déplore d’autant plus que, quand le cinéaste fait davantage confiance à l’image, il se révèle habile : le corps flottant ou les cadavres sur un toit de verre sont des scènes choc particulièrement percutantes, sans qu’il soit besoin d’insister ou de commenter.
D’une manière générale, Missing est un mélange curieux et inégal d’audaces plus ou moins réussies et de conventions pesantes. Au rang des audaces, on citera la structure qui adopte parfois le flash-back sans transitions, ou le cheval blanc échappé, réminiscence possible d’Eisenstein. Trop souvent néanmoins, Costa-Gavras filme platement des dialogues et des réunions qui alourdissent et ralentissent le rythme. Mais sa simplicité le sert parfois quand il suit Lemmon (la grande scène du stade) ou quand il décrit la paranoïa qui s’empare des personnages ; à ce titre les errances de Beth ou la permanence des coups de feu sont d’une belle efficacité. La sensation de danger est parfaitement rendue et donne une tension bienvenue au long-métrage.
Si l’on salue sans restriction la générosité du réalisateur et son engagement, si certaines séquences sont singulièrement émouvantes, notamment vers la fin, on ne peut s’empêcher d’être insatisfait par le côté verbeux et la réalisation souvent molle ; reste qu’au titre de témoignage, Missing est une œuvre nécessaire, au scénario assez fort pour pallier des faiblesses indiscutables.
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.