Le 9 novembre 2021
- Réalisateur : Satoshi Kon
- Titre original : 千年女優 [Sennen joyû]
- Distributeur : Septième Factory
- Genre : Animation, Drame fantastique
- Nationalité : Japonais
- Date de sortie : 18 novembre 2019
- Durée : 1h27mn
- Titre original : 千年女優 [Sennen joyû]
Dans ce long-métrage d’animation sorti au Japon en 2001 et resté longtemps inédit dans les salles françaises, Satoshi Kon rend, en entremêlant la vie et l’œuvre d’une actrice fictive, un superbe hommage au cinéma.
– Année de production : 2001
Critique : Disparu en 2010 à quarante-six ans, Satoshi Kon n’aura réalisé, après une courte carrière de mangaka, que quatre longs-métrages, un court et une série : expérimentant en permanence en matière de narration, il était un virtuose des puzzles scénaristiques et le démontre dans son deuxième long-métrage où il continue à développer l’idée, centrale dans son œuvre, d’une porosité entre la réalité et ses représentations.
- Copyright : Septième Factory
Millennium Actress raconte le tournage d’un interview par un journaliste d’une vedette de la grande époque des studios japonais, Chiyoko Fujiwara, surnommée la Madone au sommet de sa gloire dans les années 50, et retirée dans la solitude et le silence. Une véritable icône du cinéma, puisqu’il s’agit d’une créature de fiction qui évoque certes Greta Garbo, mais que Satoshi Kon a davantage conçu comme une synthèse d’actrices légendaires comme Yoshiko “Shirley” Yamaguchi, Setsuko Hara ou Hideko Takamine.
Et si, comme dans Perfect Blue, le cinéaste met en scène la rencontre entre une star et son plus grand fan, alors que dans son premier long-métrage celle-ci virait au cauchemar, elle est cette fois l’occasion d’une plongée dans ce pays des merveilles qu’est le cinéma.
- Copyright : Septième Factory
Satoshi Kon fait ainsi de cette actrice une romantique passionnée qui, sa vie durant, aura cherché, de la Mandchourie jusqu’aux confins du cosmos, à retrouver un artiste peintre et dissident politique en fuite, qui l’aura marqué à jamais en lui confiant à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, alors qu’elle n’était qu’une adolescente, une mystérieuse clé.
Mais ils ont passé si peu de temps ensemble qu’elle a fini par ne même plus pouvoir se le représenter et, de même qu’elle a emprunté mille visages au fil des mélodrames, des jidaigekis et même des films de genre qui ont émaillé sa carrière, elle a voué son existence à un homme qui n’en a plus.
- Copyright : Septième Factory
Le spectateur aura surtout noté que, dès la scène d’ouverture du film, se confondent réminiscences du passé et scènes des longs-métrages dans lesquels a joué l’actrice : ils s’entremêleront ensuite dans le récit que fait de sa vie la comédienne au journaliste et son cameraman. Ces derniers voyageront ainsi d’un plan à l’autre dans ses souvenirs revisités, comme au cœur d’un labyrinthe où sont abolies les frontières de l’espace et du temps.
Comme l’indique son titre, Millennium Actress est en effet, une fresque dans laquelle Satoshi Kon revisite, en liant l’histoire particulière d’une femme au destin collectif d’une nation, un siècle d’histoire et de cinéma japonais : grâce à la magie de l’animation qui permet de créer une continuité parfaite entre passé et présent, vérité et fiction, la comédienne traverse les années et les films, bondissant d’un personnage à l’autre, dans des scènes évoquant Akira Kurosawa ou Kenji Mizoguchi, Godzilla ou encore Zatoichi.
- Copyright : Septième Factory
Tandis que 2001 de Stanley Kubrick, auquel rend hommage la scène d’introduction, était d’une odyssée de l’espace, Millenium Actress en est également une, mais du temps. Cependant, contrairement à ce que laisserait penser le motif de la roue dont les déclinaisons jalonnent le long-métrage, cette folle traversée doit avoir une fin. Car, de même qu’en 2001, année de sortie du film au Japon, s’achevait le vingtième siècle en même temps que le deuxième millénaire, c’est au crépuscule de sa vie que l’actrice du titre raconte son histoire, alors même que les bulldozers rasent les studios de cinéma Ginjei, qui ont fait sa gloire.
Le tourbillon visuel qu’est Millenium Actress offre ainsi l’occasion à Satoshi Kon de livrer une réflexion profonde et poignante sur le jeu des apparences qu’entretient la « machine à rêves », et plus précisément sur l’illusion tout à la fois sublime et tragique que peut exercer son emprise tant sur les spectateurs de cinéma que sur ces acteurs. Car, si les personnages principaux du long-métrage ne vivent que par ou pour leur passion du cinéma, celle-ci a désespérément pris le pas leurs vies réelles. Un peu, en définitive, comme nous tous.
– Festival FanTasia, Montréal 2001 : Meilleur film d’animation.
– Prix Mainichi Noburō Ōfuji 2003.
Galerie Photos
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